vendredi 1 août 2014

Grybouille on the Road - Afrique du Sud





C’est le Monde des Afrikaners, de la guerre menée par les Zoulous contre l’empire Britannique, des guerres des Boers, des conflits avec les pays limitrophes pour les richesses minières et les territoires, de l’Apartheid et de  l’embargo international, des affrontements interethniques, des townships, de la coupe du monde de rugby remportée par l’équipe nationale en 1995, Johnny Clegg (alias Le Zoulou blanc), des « wuwuzelas » de la coupe du monde de football en 2010, de M. Nelson Mandela militant et Président charismatique mais pas que…

Mais pourquoi l’Afrique du Sud, me direz-vous ?

Le hasard n’existe pas !
Nous rendons hommage à travers cette première « chronique découverte » à une grande dame du monde de la littérature Africaine qui nous a quittés !

Nadine Gordimer, née le 20 novembre 1923 à Springs en Afrique du Sud, vient de nous quitter le 14 juillet 2014. Cette femme de lettres Sud-Africaine était romancière, nouvelliste, critique et éditrice.
En 1991, elle reçoit le prix Nobel de littérature qui récompense un écrivain dont « l’œuvre épique a rendu à l'humanité d'éminents services ». Politiquement, elle a pris part à la lutte contre l’apartheid.
Ses écrits se caractérisent par une volonté de faire passer l'intrigue au second plan afin de privilégier l'étude psychologique et sociale. Elle peint son pays natal en y juxtaposant la critique de ses dysfonctionnements, ses drames et son cheminement douloureux vers la démocratie et l'égalité entre la société Noire et Blanche.
Après la fin de l'apartheid, elle renouvelle son inspiration en s'adaptant à la nouvelle situation de l'Afrique du Sud et cesse d'évoquer le passé. Une grande Dame, je vous dis !



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Maintenant  les  gribouillis,
J’ai la faiblesse de penser que l’on se construit sur ses « bases » : Famille, études, rencontres.  Ensuite maladroitement quelques fois, nous parlons de nos recherches : Opportunité, travail personnel, découvertes. Et enfin, nous ne pouvons que retranscrire ce que nous avons eu le bonheur de comprendre, mais nous le devons toujours avec honnêteté par respect pour les autres.  

Je vous emmène donc sur  les  traces de deux écrivains bien différents, tout du moins dans la manière de nous faire découvrir ce qu’est leur pays, l’Afrique du Sud. Mettez-vous en mode découverte… C’est parti !

J.M. Coetzee
Le premier, par ordre d’apparition, né le 9 février 1940 au Cap, est un romancier mais aussi un professeur de littérature. A prendre en compte pour comprendre ce personnage bien que né en Afrique du Sud, il est naturalisé Australien et d’expression anglaise. Lauréat de nombreux prix littéraires dont le prix Nobel de littérature en 2003, encore… Mais alors l’Afrique du Sud est un vivier pour ce type de prix !Il s’agit de M. J.M Coetzee avec un grand « M » majuscule pour le Monsieur, s’il vous plait. Son œuvre et les thèmes abordés sont marqués par l’ambigüité, la violence et la servitude. Dans ces livres, il juxtapose les réalités politiques et sociales avec des allégories afin d’explorer plus avant les phobies et les névroses de l’être. 
Vous l’aurez compris J.M Coetzee trouve son inspiration dans la réalité politique et sociale de son pays natal. En effet, le romancier s'attache à illustrer l'humanité fébrile de vies et de destins singuliers pris en étau dans un système politique dont ils sont à la fois les victimes et les complices.
Sur l’apartheid, il dit : « la société d’apartheid était une société de maîtres et d’esclaves, où les maîtres eux-mêmes n’étaient pas libres » et « Je ne suis pas le représentant d’une communauté ou quoi que ce soit d’autre. Je suis juste quelqu’un qui, comme tout prisonnier enchaîné, a des intuitions de liberté et qui construit des représentations de gens laissant tomber ces chaînes et tournant leurs visages vers la lumière ».

Quelques Œuvres traduites en français :
·         1974 : Terres de crépuscule
·         1976 : Au cœur de ce pays (adapté au cinéma sous le titre « Dust de Marion Hansël » en 1985)
  • 1980 : En attendant les barbares
  • 1983 : Michael K, sa vie, son temps – Prix Booker et Prix Femina étranger
  • 1986 : Foe
  • 1990 : L’âge de fer
  • 1994 : Le Maître de Petersburg
  • 1997 : Scènes de la vie d'un jeune garçon
  • 1999 : Disgrace* – Prix Booker
  • 2002: Vers l'âge d'homme
  • 2004 : Elizabeth Costello
  • 2006 : L'Homme ralenti
  • 2007 : Journal d'une année noire
  • 2008 : Paysage sud-africain
  • 2010 : L'Été de la vie
  • 2011 : Votre paix sera la mort de ma nation
  • 2012 : De la lecture à l'écriture
  • 2013 : Une enfance de Jésus
Je vous propose, si vous le voulez bien, de me tendre une oreille bienveillante. Je souhaiterais vous parler plus particulièrement du roman « Disgrace* » car, peut être à tort, je pense que ce petit chef d’œuvre,  malgré son prix Booker, a un peu souffert du thème abordé.

Et je ne parle même pas de son adaptation au cinéma par Steve Jacobs, 10.000.000 de dollars pour 37.000 entrées en France en 2010… Un gros frein, il n’est sorti qu’en V.O sur nos écrans.

Mais je vous laisse juge du thème de société abordé : « David Lurie est professeur de poésie romantique à l'Université du Cap en Afrique du Sud. Divorcé, il assouvit sans retenue son attirance pour les femmes.
Mais la relation qu'il entretient avec l'une de ses étudiantes provoque le scandale, si bien que David se voit forcé de démissionner de son poste.
Il trouve alors refuge chez sa fille, Lucy, qui cultive des fleurs dans une ferme isolée à l'intérieur des terres, une région que les Blancs ont quittée après la fin de l'apartheid.
Pour continuer à vivre dans ce paysage somptueux David et Lucy doivent se plier à toutes sortes de compromis ; là où les Blancs étaient les maîtres autrefois, leur présence est maintenant à peine tolérée.
Le jour où David et Lucy subissent une agression, David est le témoin impuissant du viol de sa fille. Choqué, il se rend compte de la violence faite aux femmes dans la société et prend conscience du comportement abusif qu'il a lui-même toujours eu vis-à-vis d'elles...
 »  

Bon d’accord la coupe du monde de football se profilait à l’horizon 2010 donc peut être que ce n’était pas le moment de gâcher le paysage, de plus la maltraitance des femmes… Même en France sujet traité en catimini, en plus en Afrique du Sud… Bon, je m’emporte mais quand même, il faut bien ouvrir la porte pour entrevoir les choses telles qu’elles sont, mêmes si elles nous dérangent sinon continuons à nous voiler la face en lisant le monde merveilleux de Mickey !
Merveilleux Mickey ? Mais ne nous dispersons pas, cela fera parti d’une autre intervention de Grybouille…

Revenons à « Disgrace* », nous devrions créer un permis de port de stylo pour ce type d’auteur. Aussi sur qu’un coup de couteau, j’ai été transpercé jusqu’au cœur, mon âme a vibré, j’ai terminé la dernière ligne en larmes. Et oui, je n’ai aucune honte à vous le dire, confronté à cette dentelle, à ce grand art, je me suis laissé aller et pourtant votre Grybouille en a vu d’autres et du vrai dans sa vie, du pas beau.

Lire ce genre d’auteur s’est ouvrir son cœur au risque de ne pas revenir indemne du voyage, mais c’est tellement bon d’être humain.

Les personnages sont justes, leurs descriptions, leurs attitudes face aux situations rencontrées. Ici rien de grandiloquent, pas de mystification et surtout pas de faute de goût en recherchant le sensationnel, l’auteur est entier face à l’histoire qu’il nous raconte.

Le rythme de l’écriture permet de se couler dans les lignes, nous sommes pris en mains par J.M Coetzee, on nous dit tout et on nous ne cache rien.

A dévorer ce livre et si vous le souhaitez, en séance de complémentaire, pas de rattrapage, visionnez le film de Steve Jacobs avec dans le rôle principal John Malkovich.  Une tuerie comme on dit de nos jours !
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 Deon Meyer
Le Deuxième romancier, Deon Meyer, né à Paarl le 4 juillet 1958, il fait ses études à l’université de Potchfestroom. C’est un scénariste, également réalisateur, rédacteur publicitaire, stratège en positionnement Internet et bien évidemment un auteur de romans policiers originaire d’Afrique du Sud. Particularité, il écrit en afrikaans.
Premier livre en 1994 à 36 ans,  ses livres reflètent la diversité culturelle de l’Afrique du Sud contemporaine. Il met en avant les tensions et les efforts pour vaincre le sous développement.



Ses romans traduits en français :
Récompenses : Grand prix de littérature policière en 2003 et Prix mystère de la critique en 2004 pour « les Soldats de l’Aube ».

A mon humble avis, pour trouver des romans policiers ayant des visions et une intensité comparables sur ce type d’écriture, aux Etats-Unis d’Amérique vous avez : M. Joseph Wambaugh, M. John Sandford, M. Harlan Coben à ses débuts, M. Michael Connely ; En Angleterre : M. Roger John Ellory et en France M. Jean-Christophe Granger. Mention spéciale chez nos français à M. Caryl Férey pour son superbe « Zulu », mis en image en 2013 par Jérôme Salle.

Pourquoi tous ces M. me direz-vous ? Parce que là aussi ceux sont des Maitres dans leur domaine !
Dans les romans de Deon Meyer vous suivrez Benny Griessel et Mat Joubert, deux policiers du Cap qui vous serviront de lien. Pour qui ne connait pas l’Afrique du Sud « moderne » vous découvrirez, au rythme des intrigues, un tableau des divisions spatiales, sociales et ethniques dans cette ville du cap qui y est nommée « Unicity ».

Vous voyagerez dans des mondes d’antihéros, les personnages traînent leur mal vivre, leurs joies et leurs peines tout au long de l’action. 

Enfin me direz-vous des personnages proches de nous, tout est un, malgré les différences il faut avancer, se construire, se reconstruire, souffrir, rire, se sustenter, gérer le quotidien, y croire, vivre !
En vidéo panorama, la Ville, l’auteur est profondément encré dans ses racines. Il vit ses romans et nous nous régalons à le suivre. L’écriture y est plaisante et la retranscription des dialogues réaliste. Ici pas de cascades, du réalisme de bon aloi, détendez-vous, nous sommes entre connaisseurs.

Sans avoir l’air d’y toucher, au fil de la lecture nous nous enrichissons de « savoirs » sur la culture, les relations interethniques et la politique d’intégration menée depuis la fin de l’apartheid par l’état.
Des polars qui distraient, qui instruisent, sur une nation arc-en-ciel en pleine construction. Une société qui est malheureusement encore le reflet de certaines discriminations même positives. Une violence dans les cités qui est omniprésente. La bonne volonté de certains ne semble pas suffire ?
« L’Homme est-il mauvais par nature ? »

Rousseau pensait que « l’Homme était bon par nature, et que c’est la société qui le corrompt ».

Voltaire de sa part, a affirmé que « C’est la société, la culture, l’éducation qui humanise l’Homme ».

Kant, quand à lui, a dit que : «  l’homme né neutre, et que ce sont les menaces et les opportunités de la vie qui déterminent son comportement ».
Deon Meyer, dans ses romans, semble nous dire : « Nous allons y arriver mais cela ne va pas être facile ».
Pour l’instant, je n’ai jamais été déçu par un de ses livres. Merci à lui, pour ces très bons moments en sa compagnie,  dans son univers. Nous lisons pour cela, pour être transporté en dehors de nos banalités quotidiennes, non ?
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La nouvelle génération :
Niq Mhlongo (né à Soweto en 1973) est un des écrivains les plus importants de la nouvelle génération kwaito, les jeunes qui vivent l'époque postapartheid et qui essaient d'inventer une écriture qui rime avec l'afro-pop et le rap, et qui ne parle plus de l'apartheid et du racisme, mais du chômage, le sida, la pauvreté et la criminalité, tous problèmes qui préoccupent les jeunes d'aujourd'hui. Leur lutte est pour le renforcement de la démocratie et pour un futur construit sur le respect et la justesse. C'est la première fois que Mhlongo est invité en Europe. Son roman « Dog eat dog » (2004) vient d'être traduit en espagnol.

Damon Galgut est né à Pretoria en 1963. Écrivain précoce, il signe son premier livre à l'âge de dix-sept ans. Depuis il a publié plusieurs romans, dont « La Faille » (Verticales, 1998). « Un docteur irréprochable » a été salué par la critique comme un roman exceptionnel et lui a valu d'être comparé à J.M. Coetzee et à Graham Greene. Il a été sélectionné pour le Booker Prize 2003 et le prix IMPAC 2015.

En attendant, le « again » du «on the road » …

Merci pour vos encouragements

7 commentaires:

  1. Très bonne idée ton article ! Je ne connaissais pas du tout ces auteurs... Pour tout dire, je ne suis même pas certaine d'avoir déjà lu un livre d'un auteur sud-africain. Du coup, j'ai noté plusieurs titres en espérant pouvoir les découvrir un jour !

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  2. une très bonne initiative et de belles découvertes!!!

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  3. Un super article. Je ne connais aucun auteurs sud africains et pourtant leurs livres ont l'air intéressant.

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  4. jolie chronique !! C'est très sympa et ça change !!

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  5. J'aime beaucoup ce type d'article, je découvre des titres et auteurs intéressants.

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  6. vraiment innovante cette chronique , ça donne vraiment envie de partir en lecture en Afrique du Sud merci à Grybouille et au blog of course

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  7. Encore un article prenant et une plume qui rend merveilleusement hommage à ces auteurs. Dans le lot je ne connais de nom que Deon Meyer car il participe régulièrement au Festival Quais du polar à Lyon. Mais j'ai le tort de ne l'avoir jamais lu. Erreur à corriger semble-t-il.
    Quant à JM Coetzee tu donnes terriblement envie d'aller à la rencontre de cet auteur et de Disgrace :)
    Merci pour toutes ces découvertes Grybouille et continue de nous enchanter par tes avis, surtout!

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