dimanche 17 août 2014

Interview - Fabrice Colin


 Un grand merci à Fabrice Colin pour cette interview !!
- Vous écrivez autant pour les adultes que pour un lectorat plus jeunesse, est-ce important pour vous ?

Disons que je trouve un certain équilibre dans cette alternance. La littérature jeunesse, pour schématiser, me permet de donner libre cours à mon appétence pour les narrations linéaires et les mondes imaginaires ; en littérature adulte, je peux me pencher différemment sur la question de l'écriture et me consacrer à des obsessions plus personnelles.

- Votre œuvre est très prolifique, si vous ne deviez retenir qu'un seul de vos romans ou un seul de vos personnages, lequel choisiriez-vous ?

J'ai une tendresse particulière pour La Malédiction d'Old Haven et Mary Wickford, son héroïne. Sans doute parce que je suis resté assez longtemps avec elle.

- Vous êtes écrivain, éditeur, avez-vous une profession qui est plus omniprésente, importante que l'autre ou les deux sont-elles complémentaires ?
L'écriture : j'ai commencé par ça. Je ne sais pas si c'est important pour moi parce que je ne sais pas quel est le sens du mot "important" dans votre question. Important au point de faire quoi ? Si j'étais un auteur de valeur, ça devrait être très important. Cependant, je n'ai pas envie de sacrifier ma vie et ma santé à cette déesse ; ça n'en vaut pas la peine, parce que j'ai peut-être un certain talent - celui que voudra bien me prêter le lecteur -, mais certainement pas du génie. Dans ces conditions, certaines choses restent plus importantes à mes yeux que l'écriture : les relations humaines, principalement. Ce qui ne veut pas dire que je ne fais pas le maximum à chaque roman, que je ne travaille pas le dimanche ou pendant les vacances. Je fais le maximum parce que c'est tout ce que je peux faire.
Le métier d'éditeur est très agréable, surtout quand on achète des livres étrangers : il consiste à lire et à faire confiance à ses intuitions, à réfléchir à des questions telles que : qu'est-ce qu'un bon livre, comment sait-on si un livre va se vendre, etc. Ces questions sont d'autant plus intéressantes qu'on ne leur trouve jamais de réponses.

- Justement puisque vous êtes à la fois les deux, avez-vous un conseil pour un écrivain en herbe ? Mais aussi pour quelqu'un qui souhaiterait être édité, y a t-il des astuces ?
Je n'ai aucun conseil particulier. Il faut être humble, voilà. Il ne faut pas écrire pour des raisons extérieures à l'histoire,il faut n'écrire un livre que si on pense qu'il doit être écrit. Se demander, aussi, si des gens ont besoin de le lire - mais ce dernier point reste sujet à débat.
Pour le reste, se souvenir que l'éditeur est celui qui va faire de votre *texte* un *roman* : c'est-à-dire un objet répondant à certaines normes qualitatives.

- Quel est votre prochain projet d'écriture ?
Je viens de terminer un roman de littérature générale qui sortira début 2015 chez un éditeur nouveau pour moi, et que je respecte tout particulièrement.
J'écris un roman de littérature jeunesse en ce moment.

- Avez-vous une habitude particulière pour écrire ?

Non. Pardon, je sais, mes réponses doivent être très décevantes. Mais je n'ai pas de rituel, pas de secrets. Je bois un peu de thé. Je regarde le cochon d'inde de ma fille. Les animaux enseignent la valeur du présent éternel, et vous ramènent à votre condition d'être essentiellement animé par la peur et la vanité. J'écris, c'est tout. Je réécris.

- Quel est votre genre littéraire préféré ? Vos livres favoris ?

Je suis un grand fan de littérature américaine. Mes auteurs préférés sont Vladimir Nabokov, David Mitchell, Bret Easton Ellis (un demi-Américain, un Anglais, un Américain) - et j'ai une grande affection pour le personnage Haruki Murakami. Posez-moi la même question demain et je vous ferai certainement une autre réponse.

- Espérez-vous une adaptation cinématographique de l'un de vos romans ou d'un en particulier ?

On l'espère toujours, mais disons que ce n'est pas tant un rêve qu'on pourrait le croire. Un écrivain ne devrait pas se préoccuper d'autre chose qu'écrire. Malheureusement, nous sommes perturbés par quantité de signaux annexes, allant de l'image et de la représentation de soi à d'inévitables contingences commerciales. Le cinéma en fait partie. Je serais ravi et charmé que quelqu'un s'intéresse à mes livres - il y a un projet en cours, actuellement, mais rien ne dit qu'il aboutira.

- Un petit message pour vos lecteurs ?

Oui, je peux leur conseiller les livres de Paul Harding et de James Salter parmi ceux de la rentrée littéraire. Le roman de Siri Hustvedt est aussi un grand moment, très cérébral.
Et merci à vous pour vos questions et votre gentillesse.

http://www.super8-editions.fr/

4 commentaires:

  1. merci pour cette interview. J'ai pu lire Bal de givre à New York que j'ai adoré surtout les dernières pages .... Et j'ai également adoré le tome 1 de 49 jours, le tome 2 attends dans ma PAL. je ne connais pas du tout la malédiction de Old Haven, je vais aller me pencher dessus.

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  2. J'adore cet auteur (en plus il est mignon -> je dis ça je ne dis rien ! ^^) surtout Winterheim !

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  3. Les livres de cet auteur me tentent bien ^_^
    Bal de givre à New York en particulier.

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