jeudi 18 septembre 2014

Morteparole - Jean Védrines

Nous remercions sincèrement les éditions Fayard pour la lecture de ce livre excellent dont les mots sont la plus grande force et le plus beau prodige

http://www.fayard.fr/


Jean Védrines :

Né en 1955, à Montluçon, dans le Bourbonnais Jean Védrines a publié quatre romans salués pour leur créativité langagière. Chez Fayard, il fut l’interlocuteur de Michel Chaillou dans un livre d’entretiens consacré à la littérature : L’écoute intérieure (2007).



Résumé :   Morteparole_ Fayard 2014

Paul croyait aux mots qui disent la beauté du monde, ceux de l’école et des poètes, déclamés sur l’estrade par des maîtresses lumineuses, descendantes des antiques vestales. Giovan, fils d’immigrés italiens abonné aux mauvaises notes, ne croyait pour sa part qu’aux mots de la révolution. Pourtant Paul et Giovan étaient amis. Parce que dans l’enfance les espoirs en un monde meilleur et les visions des poètes peuvent sembler une seule et même chose, pourvu que les mots vibrent, vivent. Mais qu’en est-il quelques décennies plus tard ? Certains ne voient jamais se réaliser leurs rêves, d’autres les trahissent. Paul, qui a vieilli dans le métier de professeur, subit la parole morte et technique qu’impose désormais l’institution scolaire. Et Giovan l’anarchiste ?
De livre en livre, Jean Védrines forge une langue libre, une poétique de la révolte, refusant que la littérature soit réduite à un instrument de pouvoir, de commerce ou de domination. Morteparole est son sixième roman (Fayard).

Gribouillis de Grybouille :

Canal + début septembre, le Grand journal intervention d’Augustin Trapenard, voici l’origine du comment, du pourquoi, du qu’est-ce, de la lecture que je vous propose aujourd’hui.
En lisant ce roman j’ai redécouvert notre belle et riche langue, le Français. C’est immensément beau, je me redresse, je suis fière.
Ce livre est un « herbier » représentant la puissance des mots, le pouvoir de l’imaginaire et des expressions de notre belle langue. Un « herbier » pour parler de culture quoi de plus naturel, et hop ça c’est fait !
Je vous vois venir, vous allez me dire : « hou, là ! Attention l’emphase, les prises de tête, le sirop sirupeux et dégoulinant jusqu’à l’écœurement de la récitation de « beaux » mots du dictionnaire mis bout à bout, très peu pour nous ! »
Erreur grave que vous feriez là, amis lecteurs. Ici point d’écœurement, la légèreté a conduit la plume de Jean Védrines. Ce récit est une cascade de qualificatifs, de clichés, de visions, c’est beau on dirait du… Monnet dans son jardin au bord de l’eau.
L’histoire en elle-même est bâtie sur l’amitié indestructible entre deux jeunes garçons, leurs découvertes, leurs passions, leurs aspirations, leurs déceptions, leurs parcours…

Giovan est issu d’une famille italienne immigrée en France pour des raisons politique. Sensibilisé très tôt  par son milieu familiale et par un frère ainé très engagé, il est révolutionnaire dans l’âme ce qui le conduira dans les années 70 à retourner en Italie pour travailler dans le usines Fiat et participer aux mouvements ouvriers. « En punir un, pour en éduquer cent », une autre manière de voir l’éducation, vous ne trouvez pas ?
Giovan dit, en se comparant à l’élève Paul, son ami : « Pas moi, empêtré encore dans les italieneries de mes parents, leur baragouin approximatif d’immigré de fraiche date, ce qui expliquait sans doute qu’en classe j’aie deviné bien moins  de merveilles que lui ! » Il se rattrapera plus tard, à chacun son rythme.
Paul, un père très manuel et une mère maitresse d’école, une alchimie qui reste délicate.
Pour Paul son père représente « l’austérité de l’ouvrier », le turbin, la machine, les outils, « le sang du vieux frileux et crevard ». En opposition avec sa mère qui dessine et souffle les mots, fait bondir les phrases qui font apparaitre les images.

Vous l’aurez compris, les bases jetées à l’enfance, nous allons voir leur aboutissement à l’âge adulte lorsque nous retrouverons nos deux protagonistes à l’occasion d’une cérémonie dans un amphithéâtre,  « une fosse à gradins ». Un moment privilégié pour faire le point, remonté dans le temps…Régler ses comptes !

Entre temps vous aurez lu un très beau roman.

« Tous les gueux et les puissants, apprenant dans leur chair, leur carcasse, l’ordre du monde, du travail, nus dès lors pour eux-mêmes, et durs, inflexibles bientôt aux prochains, aux subordonnés ».

Au cours de  ma  lecture, j’ai pris les choses une à une et je me suis laissé porter. J’ai réellement été heureux pendant les 347 pages de ce roman.

Ah, oui, je peux me tromper mais j’ai cru déceler un peu de « langage des oiseaux ». Donc amis lecteurs, il faudra bien ouvrir vos yeux et faire quelques recherches. Un exemple ? « La première de cent victoires »  en parlant du combat contre la mort, justement au sujet du rapport de la mort à la vie nous pourrions dire que c’est « la  première de sans victoire », non ?

Allez ça aussi c’est fait,
@bientôt amis (es) lecteurs (trices).


8 commentaires:

  1. Aaaah une chronique de Grybouille, toujours un excellent moment de lecture et un avis sincère ! Je pense que ce livre pourrait m'intéresser !

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  2. Superbe chronique qui donne envie... :)

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  3. Une chronique très bien écrite, je ne connaissais pas du tout ce livre et je suis intriguée ! :)

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  4. Cette chronique donne envie de se noyer dans les mots de ce livre :)

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  5. Je ne connaissais pas ce livre mais j'ai découvert ce blog et Grybouille (un chroniqueur à part si j'ai bien compris ?) grâce à cette critique postée sur babelio : très bien écrite et cela donne vraiment envie ! bravo !

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    1. Et c'est "Yes", le Grybouille n'existerait pas sans l'aventure du "Léa Touch Book". J'ai rencontré Léa, il y a quelques années et nous partageons cette passion de la lecture donc je me suis laissé aspirer dans l'aventure avec grand plaisir. Bien sûr nos goûts sont complémentaires et nos cadences de lecture différentes, vous l'aurez remarqué. Merci à tous pour vos encouragements et @bientôt. Signé: Votre Grybouille.

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  6. Je l'ai ajouté à ma wish, j'adore les livres qui portent sur l'amour des mots avec une histoire, merci de la découverte !

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  7. Wha! Magnifique chronique... je me laisserai bien tenter :)

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