vendredi 28 août 2015

Interview - Alexandre Seurat

Merci à l'auteur pour avoir accepté cette interview et merci aux éditions du Rouergue pour nous faire découvrir un excellent écrivain ! 


Léa Touch Book : Comment vous est venue l'idée de ce roman ? Pourquoi cette thématique ?

·    Alexandre Seurat : J’ai ressenti le besoin d’écrire ce roman en découvrant les comptes rendus d’audience de l’affaire Marina dans la presse, en juin 2012. Ce n’était pas la thématique de la maltraitance qui m’intéressait au départ : c’était l’histoire de ces témoins impuissants à stopper le drame. Je voulais donner une résonance à leur parole, qui m’avait tantôt ému, tantôt indigné.

LTB : Pour quel protagoniste de votre livre avez-vous le plus d'empathie (en dehors de Diana) ? A quel personnage avez-vous préféré donner la parole ?

·      A.S. : Il y a deux acteurs qui ont une place privilégiée : le frère de Diana, d’abord. Il ne parle pas beaucoup, mais sa parole clôt le livre, parce que, de tous, il est confronté au pire. Sa situation intenable – lui qui a vu de près la folie de ses parents envers sa sœur, mais qui n’a rien pu faire pour l’aider à cause de son âge et de l’emprise parentale – le rend à mes yeux extrêmement touchant : c’est la principale victime, après Diana. La première institutrice de Diana, dont la parole ouvre le livre, est l’autre personnage principal. C’est le premier témoin extérieur à la famille : elle est habitée par ce qu’elle n’a pas fait et qu’elle imagine qu’elle aurait dû faire. 
 
LTB : La sobriété du récit qui jamais ne tombe dans le "drame cornélien/pathos" vous a t elle demandé une discipline particulière ou était-ce une évidence dès le départ ?

·      A.S. : C’était une évidence de ne pas faire du sentiment, peut-être notamment parce que j’essayais d’être fidèle à la parole de personnes réelles. Il n’y avait rien à ajouter à la tonalité de leurs témoignages, j’essayais simplement de construire des monologues qui pourraient faire entendre leur voix.
 
LTB : Quelles sont vos références littéraires ?

·      A.S. : C’est une question très large, donc difficile : les auteurs qui m’ont nourri sont multiples. Je pourrais citer Virginia Woolf, pour sa capacité à se glisser dans la conscience de personnages souffrants et à construire des romans à partir de voix qui se répondent. L’écriture de Thomas Bernhard, notamment dans ses petits récits autobiographiques, m’a beaucoup marqué, par son authenticité et sa radicalité. Au moment où j’ai commencé à écrire La maladroite, j’ai relu Loin d’eux, le très beau roman de Laurent Mauvignier, qui m’a aidé à trouver la forme chorale qui convenait au sujet.
 
LTB : Aimeriez-vous voir votre roman adapté sur écran ? Quel serait votre casting idéal ?
·        A.S. : Je n’imagine pas que ce texte puisse être adapté au cinéma – et me projeter dans un « casting » me paraîtrait indécent. S’il fallait monter le texte, je verrais plutôt une adaptation théâtrale : quelque chose de très épuré, des récitants immobiles, surtout rien de spectaculaire – ou alors une pièce radiophonique. Je suis très admiratif du théâtre de Beckett. Quelque chose de minimaliste.
 
LTB : Comment avez-vous vécu la publication de votre premier roman ? 

·       A.S. : Comme un soulagement, la réponse à une longue attente. J’envoyais des textes aux éditeurs depuis presque 15 ans (la notion de « premier roman » est bien relative). Ce texte-là a aussi été refusé par de nombreux éditeurs. Et puis un jour, c’est une rencontre, le courant passe avec une éditrice, qui a envie de défendre le texte : on est effaré.
 
LTB : Votre premier roman remporte déjà un beau succès, vous êtes d'ailleurs en lice pour le prix du roman Fnac : un mot pour résumer ce que vous avez ressentez en ce moment même ?

·         A.S. : Du plaisir bien sûr. Un peu d’excitation, de l’étonnement aussi. De la peur.
 
LTB : Un conseil pour des écrivains en herbe ?
·         A.S. : Persévérer. Et lire.
 
LTB : Quel est votre prochain projet littéraire ?
·         A.S. :Je préfère ne pas parler des projets. Les textes poussent mieux dans le secret.
 
LTB : Un message pour vos (futurs) lecteurs ?
·         A.S. :Le livre est le message.

     Merci encore à l'auteur pour avoir répondu à ces questions :) 

9 commentaires:

  1. Je l'ai acheté hier, lu en une nuit : ce roman est frappant. Merci pour cette interview, je comprends plus encore ce livre :-)

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  2. Très sympa cette interview qui donne très envie de découvrir le livre!

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  3. J'avoue que je ne connaissais pas ce roman, étant un peu en marge de la rentrée littéraire mais l'interview me donne envie de le lire !

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  4. cette interview m'a donné envie de lire son livre !

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  5. Cette interview donne encore plus envie de découvrir ce roman !

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  6. Je ne connaissais pas du tout cet auteur ni son roman, tu m'as donné envie de le découvrir :D

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  7. Oh je ne connais pas mais je note immédiatement ! Très intéressante cette interview :) !

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  8. Très belle et intéressante interview! Je note le roman, il m'intrigue... :)

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  9. Quel bel interview! Merci de l'avoir fait. J'ai été très touchée par ce roman et les réponses de l'auteur ne me surprennent pas du tout. Il est vrai que le personnage du frère, secondaire pendant tout le roman, nous bouleverse à la fin par ses mots si justes et terribles à la fois. Je ne savais pas qu'il avait lu les rapports d'audience, mais ça me parait logique à présent. C'est un roman que je n'oublierai pas de sitôt.

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