mercredi 2 septembre 2015

Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre

Merci aux éditions Le Livre de Poche ainsi qu'à Madame Garnier pour cette très bonne lecture !




"Un roman noir sur les gueules cassées, ces fracturés, ces survivants d'une guerre sans fin pour eux. «Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après». Oui, même après, lorsque ce chef en quête de fortune ne va pas hésiter, après un sordide assassinat sur le front, à se lancer dans le commerce des cimetières, grugeant les familles en mal de tombes devant lesquelles se recueillir dignement. Oui, même après, lorsque ces deux revenants borderline vont monter le scandale de stèles souvenir, gros comme un pied de nez, à la patrie reconnaissante qui ne les reconnaît pas.
Un grand roman plein d'humanité, dans lequel on touche du doigt, l'horreur, la souffrance, l'abjection mais aussi cette belle dignité de certains hommes dans le chaos."


Pierre Lemaitre

Pierre Lemaitre est l'auteur de Travail soigné (éditions du Masque, 2006) prix du premier roman du festival de Cognac, Robe de marié (Calmann-Lévy, 2008) prix du Meilleur polar francophone, Cadres noirs (Calmann-Lévy, 2009) prix du Polar européen du Point, Alex (Albin Michel, 2010), Dagger international (2012), Sacrifices (Albin Michel, 2012) et Rosy & John (Livre de Poche, 2013). Au revoir là-haut, son dernier roman paru aux éditions Albin Michel, a reçu le prix France-Télévisions et le prix Goncourt 2013. Ses romans sont traduits en trente langues et plusieurs sont en cours d'adaptation au cinéma et au théâtre.
(Source : Le Livre de Poche)

Grybouille et ses gribouillis

« Je te donne rendez-vous au ciel où j’espère que Dieu nous réunira.
Au revoir, là-haut, ma chère épouse… »
Jean Blanchard, le 04 décembre 1914.

Commencer la chronique de ce livre poignant par ces deux lignes est un moyen pour le p’tit duc de rendre hommage aux fusillés pour l’exemple dont Jean Blanchard fait partie avant d’être réhabilité en 1921.
En ces premiers mois de guerre aucune chance de s’en sortir, commandés par des  Officiers Supérieurs incapables d’appréhender les nouveaux codes qui dirigent cette guerre dite « moderne », nos poilus vivent une véritable boucherie…
Pour leur donner plus d’entrain l’alcool, la dernière lettre aux familles, l’aumônier, l’exemple pas toujours présent des  officiers, la haine de l’adversaire ne suffisent plus alors on les fusille pour l’exemple… Pour avoir plus peur des siens que de ceux d’en face, les salauds !
A leurs places nous aurions fait quoi ?
Fin de l’état d’âme du p’tit duc qui pense à ce moment là à ses deux arrières grands-pères revenus médaillés et gazés !

Au revoir là-haut n’est pas un livre de guerre même si l’origine de l’intrigue y prend ses racines. Nous sommes aux derniers jours de cette guerre de 14-18.
Dans les tranchées tout l’activité s’est figée, les soldats sentent bien que quelque chose se passe, nous sommes en novembre 1918…
« Mourir le dernier c’est comme mourir le premier, rien de plus con

Mais c’est sans compter sur le désir de certains officiers  de terminer sur un coup  d’éclat même s’il faut tuer les siens pour déclencher un sursaut de rage vengeresse dans les rangs des poilus.

Le Lieutenant Pradelle, Henri d’Aulnay-Pradelle, officier à la recherche d’actions glorieuses en fait partie, issu d’une famille de la noblesse qui a été ruinée « …une avidité à retrouver une place dans le monde qui frisait la fureur. » C’est « une fin de race », son unique projet reconquérir une fortune.

A l’autre bout de la chaîne : les poilus qu’il commande, et qui vont très vite être réunis dans une dernière charge pour la gloriole car inutile pour l’issue de la guerre.
« Le véritable danger pour le militaire, ce n’est pas l’ennemi, mais la hiérarchie. »

Albert Maillard, caissier de banque de l’Union Parisienne, a toujours été un peu lent, angoissé, un sensible, mais sa mère dit de lui : « Albert avec son intelligence… » Un humble.
Edouard  Péricourt, le petit Péricourt 1 mètre 83 un géant pour l’époque, « Un genre de type qui a de la chance…un gosse de riche…çà passait moins bien chez les autres…on peut tout pardonner à quelqu’un, la richesse, le talent, mais pas le chance, non, çà, c’est trop injuste. »

Mais en ce 2 novembre 1918, un seul objectif s’en sortir vivant, le destin va les réunir. Magnifique !

Très vite le livre s’ouvre sur l’après conflit,

Ce roman c’est une histoire d’amitié indestructible face à l’adversité, la signature d’un destin plein d’humanité entre deux hommes qui une fois rendus à la vie civile vont rester soudés par un projet fou où le bien et le mal vont se disputer la part du gâteau.

En percussion, la destiné du Lieutenant devenu Capitaine Pradelle qui une fois démobilisé va tutoyer les sommets, enfin à sa place ? Un vrai Henri d’Aulnay-Pradelle… « L’enculé » le baptisera Albert.

En toile de fond, le dur retour dans cette société qui ne veut pas les reconnaitre, les magouilles des faiseurs de fric, les castes sociales, le vide laissé par ces millions d’hommes morts au combat, les veuves, les orphelins…

L’écrivain porte sur son nom le qualificatif que je cherchais pour vous donner son niveau dans ce livre. Pierre Lemaitre, en ces années de commémoration, nous fait un superbe cadeau, une belle écriture, un style précis, juste, tout est en place, l’humour, la gravité, l’humanité, les personnages…

D’autres, plus qualifiés que le p’tit duc, ont reçus ce livre au niveau qu’il mérite incontestablement le prix Goncourt 2013, voilà rien à dire de plus !

Ah,si, maintenant que ce superbe roman est sorti en « Livre de Poche » vous n’aurez aucune excuse valable pour ne pas le lire.

Pour finir je pourrais vous proposer d’innombrables passages tant ce livre en contient, plus merveilleux les uns que les autres.
Vous parler des personnages qui en lutte avec eux-mêmes et les autres , plongent dans le bien ou coulent dans le côté sombre, mais la découverte à un prix, le temps que vous vous donnerez pour faire vôtre les écrits de Pierre Lemaitre

« Avancez masqué pour mieux se protéger des affres de la vie ne suffit pas toujours, les effluves chimiques sont parfois nécessaires. Et même si l’on ne peut pas gagner contre quelque chose qu’on ne comprend pas, on se doit au moins d’essayer avec son masque d’homme normal. » Le P’tit duc
@ Bientôt vous tous,
Grybouillistiquement vôtre, avant la reprise, ceci est écrit le 31 août 2015.



14 commentaires:

  1. "Ah,si, maintenant que ce superbe roman est sorti en « Livre de Poche » vous n’aurez aucune excuse valable pour ne pas le lire." => Je retiens ! ;)

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  2. Il faut vraiment que je prenne le temps de le lire !

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  3. Je l'ai noté aussi,, j'avais peur du sujet trop larmoyant, mais il semble qu'il soit plus subtil que ça ...

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  4. Il me faisait très envie à un moment donné, je l'avais donc acheté... mais il me tente moins maintenant ^^

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  5. J'ai hésité à le lire car je suis pas fan du prix Goncourt en général mais je vais faire confiance à Mr Grybouille :-)

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  6. Je l'ai acheté juste avant les vacances et il est toujours dans ma PAL. Vous me donnez tres envie de le sortir. Merci

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  7. Une déception pour moi. J'ai trouvé qu'Albert et Edouard se trompaient de coupable et j'ai vraiment eu du mal avec ça.

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  8. Une lecture marquante à plus d'un titre.

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  9. Il est dans ma PAL et il ne va pas y rester longtemps...

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  10. Si je ne le sors pas très vite de ma bibliothèque après ça, je serais absolument inexcusable ! Et puis ce n'est pas tous les jours qu'un Goncourt me tente autant ^^ Encore un beau billet, chargé d'émotions, comme tu en as le secret Grybouille :) Merci et @bientôt !

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  11. Il faut le lire, ce n'est pas un simple pavé récompensé, c'est une histoire d'injustice et de vengeance. La France a maltraité ses soldats alors les soldats ont maltraités la France (en tout cas nos 2 héros). Et le mieux dans tout ceci c'est que les émotions des personnages sont tellement bien décrites qu'on les ressent aussi. Le tout avec une petite touche d'humour noir bienvenue! C'est un très très bon roman.

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