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lundi 13 août 2018

Big Sur ou les oranges de Jérôme Bosch - Henry Miller
































Big Sur et les oranges de Jérôme Bosch
Henry MILLER
Traduit par Roger Giroux

Il n’y a ni ruines ni reliques dont on puisse rendre compte. Nulle histoire que l’on puisse évoquer. Visage de ce qui a toujours été. La Nature se sourit dans le miroir de l’éternité.

Le Big Sur de Miller, publié en 1959 en France, dépeint cette région reculée et sauvage de la Californie, au sud de San Francisco, que l’auteur habitera jusqu’en 1963. Récit de vie et ode à la nature s’il en est, chronique d’une petite communauté haute en couleur, le texte est une méditation sur la possibilité de vivre heureux avec moins, et de se consacrer à des enjeux spirituels et esthétiques dans un endroit qui évoque une forme de transcendance. Mais comme toujours avec Miller, le récit est ponctué de digressions et de coups de gueule tous plus vivifiants les uns que les autres.

Un grand texte, qui mêle profondeur d’une réflexion aux accents extrêmement contemporains sur l’avenir de l’humanité et choix du dépouillement comme ligne de vie, diatribes enflammées sur la société consumériste et somptueuses descriptions d’une terre sauvage et magnifique.

Édition précédée d’un extrait de Henry Miller, Lettres à Maurice Nadeau (1947-1978).

Henry Miller
Henry Miller naît en 1891 à Brooklyn. Il exerce plusieurs métiers avant de se consacrer à l’écriture. En 1920, il épouse June, qui sera sa muse et le personnage central de plusieurs de ses romans. En 1930, il s’installe pour quelques années à Paris, où il se lie avec de nombreux peintres et écrivains et rencontre Anaïs Nin. Il ne retournera aux États-Unis qu’en 1942. Il vit en Californie, où il mourra en 1980. Des Tropiques à J’suis pas plus con qu’un autre, de Printemps noir aux trois volumes de La Crucifixion en rose, Miller inaugure une approche inédite de l’écriture qui mêle fiction et autobiographie, lyrisme et crudité verbale. Décriée, censurée pour obscénité, son œuvre figure désormais parmi les incontournables de la littérature américaine au xxe siècle.

(Source les Éditions Bouchet.Chastel)

Le bonus :



Grybouille,

Si vous lisez ce livre, promettez-moi une chose, prenez votre temps. Le roman que nous propose Henry Miller doit se déguster, ligne après ligne, page après page, mais surtout mot après mot. Car il existe des écrits, comme celui-ci, qui doivent prendre le temps d’être fouillés. Et lorsque la maturation est atteinte, la lumière se fait d’elle-même.

Après la mise en place du décor, le niveau d’écriture monte « crescendo » pour emmener le lecteur (trice) vers des questions essentielles, tout là-haut.. .

BIG SUR, le lieu de la colonie, pour ne pas dire de la communauté, où Henry Miller a posé sa famille en rentrant d’une Europe en pleine seconde guerre mondiale.
« Voici le visage de la Terre tel que le Créateur l’a conçu. », ainsi est présentée la contrée de BIG SUR.

Avec le bottin des habitants que vous aurez gratuitement, vous allez découvrir comment se débrouillent ceux qui ont choisi de vivre libre. Le paradis, en 1946 ? C’est une nouvelle cabane que l’on vous donne, pas de vêtements neufs mais du bon vin.
« … cette existence au jour le jour était merveilleuse… »
« Le lieu idéal…livré à vous-mêmes et à vos seules ressources. »

Les habitants ? Une communauté d’artistes et de « Nous autres américains… », venus s’isoler pour mieux se livrer à leurs arts avec 7 dollars pour vivre par semaine. Une galère ? Non, une nécessité… Car vivre à l’écart ne protège que partiellement du visiteur désœuvré, qui vous tombe dessus à l’improviste et toujours au mauvais moment malgré la difficulté d’accès du lieu. Alors en ville…

Les enfants dans tout cela ? Ils sont très tôt responsabilisés à l’image de la famille Lopez : « Les trois garçons Lopez… savent réparer n’importe quoi, oui, absolument n’importe quoi et s’adapter à n’importe qu’elle situation, bien avant d’être des adultes. »
Les adultes ont un devoir, être des exemples et prier lors des moments difficiles. Un retour aux sources…
« La volonté de Dieu… ces quatre mots signifient simplement que l’intelligence qui dirige l’Univers ou l’esprit qui est l’Univers est là, prête à se manifester, prête à collaborer, dés que vous cessez de vous mettre en avant. »

Un clin d’œil à Léa. Cette question qui arrive au milieu du roman, que tout à chacun se pose un jour : « Quel rôle jouerai-je dans la vie ? »
Peut-être le début d’une réponse « Sois potentat », que le p’tit Duc comprend comme sois souverain de ta destinée, ne doute de rien…

A travers les chapitres, nous sommes invités à réfléchir sur les grandes questions que se posent la plupart d’entre nous.

« La Nature, elle, ne vieillit jamais… elle donne et elle reprend… nous sommes tous les membres d’un même corps. »

« …il est préférable de trouver la réponse soi-même que de l’obtenir de quelqu’un d’autre. Même si ce n’est pas la bonne réponse. »

« On ne nait pas artiste. On choisit de l’être. »

« J’avais été un mari, j’avais été un père, j’avais été une mère… et une gouvernante et un compagnon de jeux, et un pitre, et un imbécile... » Henry Miller

L’auteur qualifie, lui-même, son livre de « pot-pourri ». C’est vrai que thématique après thématique tout y passe sous la plume d’Henry Miller. Génial…

Vous êtes prêts pour un grand bol d’air ? C’est parti… Vivez heureux… 






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