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samedi 25 avril 2020

Croc fendu - Tanya Tagaq

Chronique de Scarlett

Traduction : Sophie Voillot
Résumé : Nunavut, fin des années 1970. Dans ce territoire isolé du nord du Canada, la rudesse de la nature et du froid est redoublée par le mépris dans lequel sont tenus ses habitants, les Inuits. Une adolescente grandit. Elle connaît l’amitié, l’amour parental, l’art du camouflage et de la survie. Elle connaît l’ennui et l’intimidation. Les ravages de l’alcool, la violence sourde, la menace des hommes, le courage d’aimer les petites peurs. Elle connaît le pouvoir des esprits. Elle scande en silence la puissance brute, amorale, de la glace et du ciel. C’est l’histoire d’une fille qui devient femme, en s’appropriant son corps, sa culture, sa voix. Croc fendu chronique les jours terribles d’un village écrasé sous le soleil de minuit. Mêlant descriptions hallucinées et plongées intimistes, ce portrait d’une héroïne inoubliable nous pousse à reconsidérer la différence entre le bon et le mauvais, l’animal et l’humain, le réel et l’imaginaire.




Chronique :


 « Il existe d’autres réalités au-delà de la nôtre ; il faut être stupide pour penser le contraire. L’univers est conscient. Cette chose-là provient des couches d’énergie qui échappent à notre perception physique. Là où on va après la mort, là où on habitait avant la conception. Ces lieux qui nous accueillent pendant des millénaires de Temps universel. On ne séjourne sur terre, dans la chair, que l’espace d’un instant. »


Tanya Tagaq dans « Croc fendu » nous livre un roman d’une rare poésie, celle originelle qui nous lie à l’univers, au grand tout, instinctivement, animalement, férocement.

L’enfant puis la jeune femme et enfin la femme qui nous parle dans ce livre vient d’un lieu lointain et froid du nord canadien. Dans ces contrées, des enfants jouent dans la rue lors de jours sans nuit et s’enivrent d’un soleil glacial. Dans ces contrées, des enfants s’enferment dans un placard pour fuir le bruit, l’alcool et la violence des adultes. Elle, adolescente voit l’enfance s’enfuir avec nostalgie, une enfance malgré tout violée comme tant d’autres dans l’indifférence coutumière de ces zones oubliées. Elle, elle se veut aussi forte que les garçons, elle possède une énergie tellurienne. Elle, elle subit la violence des hommes, leurs envies brutales et cruelles et leurs soudaines douceurs.

Elle nous raconte sa vie, ses envies, ses doutes, son ressenti dans cet univers rude des Inuits du grand nord. Elle est si connectée à la terre qu’elle flirte avec les réalités de mondes parallèles.

Ce roman court parsemé d’instantanés de vie, de dessins  en noir et blanc, de poèmes tels des haïkus est un livre original qui nous parle de l’originel.

On y vit des moments rudes et d’autres hypnotiques, des transes mystiques quasi chamaniques.

Tout se mêle pour exprimer la vie parfois si simple et si complexe d’une enfant devenue femme dans une écriture à la fois poétique et crue, légère et brutale, réelle et hallucinogène. 

Tanya Tagaq a su trouver les mots pour expliquer l’universalité, la chaîne qui relie tout vivant à l’univers, au tout. Elle nous livre aussi un message qu’il est temps d’écouter et surtout d’entendre et de comprendre :::::::::

« La Terre ignore les hiérarchies et les bonnes manières ; on ne peut qu’obéir et apprécier ce que sa grandeur nous accorde. »



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