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jeudi 24 septembre 2020

Les Enfants du silence - Gong Ji-young

 

Traduction : Lim Yeong-hee  (avec la collaboration de Lucie Modde)

Résumé : Il faut avant tout savoir que les événements racontés dans ce roman sont vrais. Ils ont réellement eu lieu.
Lorsque Inho arrive dans cette petite ville coréenne noyée dans le brouillard, il a un mauvais pressentiment. Il vient d’être nommé professeur dans une école privée et rien ne le destinait au combat qu’il va devoir y mener pour faire éclater la vérité. Ce que découvre rapidement Inho, c’est que les élèves de cette institution sont victimes de sévices et d’abus sexuels depuis plusieurs années, avec la complicité de membres de la police et des autorités locales. Ces enfants sont d’autant plus réduits au silence qu’ils sont atteints de surdité.  Face à la puissance et au mépris de ceux qui détiennent le pouvoir, la solidarité, le courage, l’obstination seront-ils suffisants pour que justice soit rendue ? Gong Ji-young est une écrivaine profondément convaincue que les livres peuvent changer le monde. Et parfois en effet ils y arrivent. Ce roman poignant a provoqué un séisme dans la société coréenne et une nouvelle loi a été votée, qui durcit les peines pour les auteurs d’agressions sexuelles sur les mineurs et les handicapés.

 

Chronique : Gong Ji-young est une immense romancière coréenne, j'ai adoré tous ses livres traduits avec une grosse préférences pour Nos jours heureux (qui j'espère fera l'objet d'une réédition aux éditions Picquier, le livre étant en rupture de stock). Avec Les enfants du silence, la romancière signe encore une fois un titre fort et sûrement autant que son autre livre susmentionné...

Voilà un roman glaçant, effrayant et nécessaire; un roman qui prouve que la fiction, la littérature peut changer les choses d'une certaine manière. La littérature peut rendre le monde meilleur en dénonçant les horreurs et injustices, peut permettre de réveiller les consciences. Les enfants du silence s'inspire de faits véritables et raconte la terrible souffrance d'enfants sourds victimes de prédateurs sexuels, d'agressions violentes; des êtres qu'on ne veut pas écouter et aider, des êtres réduits à leur seul handicap; des enfants violés, des enfants battus. Rappelez-vous que tout ceci a eu lieu, que tout ce qui est raconté est vrai et que ce roman a permis à la société coréenne de prendre pleinement acte et conscience de ce qui se passait en son sein. Le silence face à de telles atrocités ne peut être accepté.

J'ai lu ce livre en apnée, terriblement émue et choquée par tout ce qui était dévoilé, de voir des enfants être traités ainsi, subir autant de sévices sans que personne ne réagisse avant l'arrivée d'Inho, le personnage principal. La fin est poignante et révèle d'autant plus les failles de la justice, les failles de la morale et les conséquences de nos choix, ces choix et regrets qui nous poursuivent toute notre vie. On ne peut pas dire qu'on a "aimé" un tel livre car il met en avant une histoire véridique et effroyable, mais on peut dire que ce roman est poignant; on peut dire que c'est le genre de roman qui change une vie et notre société, qui nous amène vers plus de justice et de lumière.

Gong Ji-young est une romancière talentueuse et courageuse, une des plus grandes de notre époque. Avec ce livre elle donne littéralement une voix à ce que l'on n'écoute pas, elle ouvre nos yeux, nos oreilles et surtout notre cœur à la détresse d'autrui et cela permet de démontrer que la force de la littérature repose sur cette faculté à frapper ce qu'il y a de plus fort en nous, de faire appel à notre humanité.

En définitive, Les Enfants du silence est le roman le plus déchirant que j'ai pu lire jusque là dans cette rentrée littéraire et je ne peux que vous le conseiller.

 


 

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