Chronique de Scarlett
Résumé : Wyoming, 1987. Dans une chambre de motel, une
jeune femme aux longues tresses afro pointe son fusil de chasse sur la
poitrine d’un jeune homme aux allures de gendre idéal. Elle est fille de junky, il est fils de milliardaire. Ils se sont rencontrés un an plus
tôt, de l’autre côté du pays. La passion a viré à l’obsession. Et les
saisons ont défilé, aussi vite que les paysages, de New Haven à New York, dans les quatre coins d’une société que la fin des années
quatre-vingt électrise. Mais de quelle flamme peuvent bien se consumer
ces deux êtres que tout oppose ? Comment se retrouve-t-on en cavale dans
le Midwest, le fusil braqué sur le corps de celui qu’on aime ?
Chronique :
« Il
est amoureux de ce ciel acide, robuste, inconstant, de ces nuages qui se déchirent,
enflent, éclatent .Tout est en mouvement, les branches du lilas qui tremblotent
sous le poids des roitelets, les fleurs qui crachent leur pollen… et il passe
un après-midi diaboliquement joyeux.»
« La fourrure blanche »
de Jardine Libaire fait partie de ces livres que j’ai découvert un peu par
hasard , un quatre de couv prometteur , et une première de couverture elle, qui
accroche le regard , une photo en noir
et blanc qui vous attire et hop on se
retrouve à lire un petit bijou porté par une écriture magique et envoutante .
Bref vous l’aurez compris j’ai
vraiment beaucoup, beaucoup aimé ma lecture et ce roman.
L’histoire : New Haven dans
le Connecticut, Estelle vit chez Robbie dans une location miteuse. Un jour elle
croise la route de Jamey , l’étudiant à la fossette issu de l’aristocratie
américaine.
Elise , c’est la fille des
quartiers pauvres , elle est le fruit
d’un beau métissage portoricain et blanc, c’est une fille aux yeux gris et à la
tresse brune .Elle a quitté la maison familiale des bas quartiers brusquement à
20 ans pour échapper à un destin misérable écrit d’avance. C’est une jeune
femme cash, sans fioriture, avec une énergie vitale solaire. Son attirance pour Jamey est
immédiate et elle se donne entièrement sans calcul.
Jamester alias Jamey est son
contraire, il est analytique, en retrait de la vie, de sa propre vie. C’est un
étudiant issu d’une richissime famille de banquiers côté paternel et Tory sa
mère est une actrice has been et absente. Il possède des atouts indéniables,
une belle gueule charismatique qui fascine les gens sans effort particulier de
sa part. Il se sent toujours un peu
décalé par rapport à ce que l’on attend
de lui. Son allure nonchalante et gracieuse contraste avec le bouillonnement
violent qui habite son mental. Il est assez dilettante et rentre dans sa
relation avec Elise avec réserve parce qu’il
a l’habitude de s’investir à minima.
On croise dans ce roman d’un côté
les moins chanceux socialement comme Robbie le coloc homosexuel d’Elise ,
Denise la mère aimante et un peu dépassée et paumée d’Elise ainsi que sa tribu.
De l’autre côté on frôle des personnages
arrogants de certitude et de confiance celle que procure l’argent qui coule à
flots comme Matt le coloc et ami d’enfance de Jamey qui regarde avec méfiance
et curiosité la relation qui nait entre les deux protagonistes. On voit Alex le
père de Jamey ainsi que ses grands-parents et toute la richissime famille
frémir devant le danger que représente Elise, sa condition, son influence, sa différence.
C’est un livre qui parle d’amour
dans une écriture sublime, imagée, très sensuelle et intense et qui brule
parfois d’une violence sourde .Celle des sentiments exacerbés, des lumières
trop crues, des regards trop durs, des vies trop dissemblables.
L’auteur nous permet de rentrer
dans l’intimité profonde de chacun des deux protagonistes, dans la complexité de ce qui les rapproche et les différencie,
dans leurs errances et leur passion. Elle nous parle aussi des problématiques
des différences sociales, de la violence physique et morale que cela engendre.
Jardine Libaire nous écrit un très beau livre universel dans ses thématiques
et singulièrement poétique.
« On traverse la vie en se disant que
celle-ci recèle un secret. Et ce secret, c’est qu’il n’y en
a pas. Il y a juste la lumière bleu très pâle qui filtre à travers le rideau,
la longue main d’Elise, ce baiser, cet instant aussi imposant qu’une cathédrale
lorsqu’elle presse ses lèvres sur les siennes et que ses yeux sont ourlés de
cristaux»
SCARLETT
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