dimanche 21 septembre 2014

Interview - Camille Von Rosenschild














Merci à Camille Von Rosenschild d'avoir répondu à mes questions ainsi qu'aux éditions Don Quichotte de m'avoir donné la chance de découvrir son merveilleux univers !

D'où vous est venue l'idée de votre saga Spiridons ?

Il y a cette nouvelle de Maupassant, Apparition, où un vieillard raconte à des amis la plus grande peur de son existence : alors qu’il était jeune homme, il a rencontré un spectre. Lors d’une scène inquiétante, on le voit pénétrer dans une chambre lugubre… La présence du spectre se fait sentir, on frissonne, il apparaît : c’est une femme sinistre à la chevelure brune. Contre toute attente, elle demande à son visiteur de la coiffer. Ses cheveux sont emmêlés, ils la font souffrir. Elle supplie qu’il veuille la soulager, et lui il s’exécute, dans la terreur, jusqu’à ce que la crinière de la morte soit entièrement démêlée.
J’ai lu ce texte lorsque j’avais neuf ou dix ans et il m’avait laissé une impression étrange : je ne voyais pas du tout l’aspect érotique de la scène. J’avais peur des fantômes, à l’époque ; je ne pouvais pas concevoir qu’un fantôme puisse réclamer de l’aide à un vivant ; je n’imaginais pas qu’après la mort, il puisse souffrir encore. Je crois que cette idée – le principe de « l’âme en peine » –, ça m’a fascinée.
Dans Spiridons, les fantômes sont comme l’héroïne de Maupassant : ils n’ont plus de prise sur le réel mais subsistent avec la douleur pour seul bagage. Ils n’ont rigoureusement aucun pouvoir. Ce sont des paumés. Et pour cette raison, on peut s’identifier à eux.
Spiridons, c’est un peu le roman d’apprentissage des fantômes.


Pourquoi une histoire qui se déroule en Europe de l'est / pourquoi les légendes tziganes ?

J’ai vécu en Russie, j’ai visité l’Ukraine, et comme ce sont des endroits que j’ai aimés, il m’a paru naturel d’y installer mon intrigue.
Dans les montagnes des Carpates, ou bien en Sibérie (où se déroule en grande partie La Prisonnière du Kremlin), il existe des coins si reculés qu’ils sont propices au fantasme. Là où personne ne va, on peut tout imaginer.
C’est pourquoi mes Tziganes sont un peuple inventé. On m’a demandé parfois si tout cela était vrai : la société matriarcale, les femmes qui gouvernent les hommes : leur puissance et leur cruauté ; la légende des âmes mortes. Mais non : cet univers-là est pure création.


Qui est votre Spiridon préféré et pourquoi ?

J’ai une vraie tendresse pour Anatoli Gueorguevitch, le fantôme russe, peintre et amant de l’impératrice Catherine la Grande.
D’abord il y a son nom, tellement compliqué qu’il en devient à mes yeux poétique. Il me rappelle les romans de Dostoïevski avec leurs ballets de prénoms, diminutifs et patronymes…
Et puis j’aime son humeur instable : c’est un angoissé. Il craint très fort de mourir, parce qu’il est hypocondriaque ; mais il craint aussi de vivre parce qu’il est dépressif. Il peut pleurer comme un enfant, éclater l’instant d’après d’un rire d’ogre… La condition de fantôme est pour lui un drame permanent.

  
Quel est le message essentiel de Spiridons ?

La liberté, c’est de se connaître soi-même.
Je crois que Spiridons est une métaphore de cette idée-là.

Avez-vous d'autres projets d'écriture ?

La Prisonnière du Kremlin marque la fin d’un cycle.
Mais il n’est pas dit qu’un nouveau ne puisse s’ouvrir…

Quel est votre genre préféré/ vos ouvrages favoris ?

Le Monde selon Garp, de John Irving, La Route de Los Angeles, de John Fante, qui me fait mourir de rire. Un roman russe, d’Emmanuel Carrère, Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq. Je ne lis que du roman, ou presque, et au sein de ce genre je suis ultra éclectique. Du moment qu’on me fait entrer dans un monde, je suis conquise.

Un conseil pour les écrivains en herbe ?

Lire !

Espérez-vous/souhaitez-vous une adaptation cinématographique ?

La ville de Lioubimaya, avec sa grand-place cernée de roulottes, les paysages de Sibérie et l’église-catacombes de Kondoïst, les Boyarins, barbus et borgnes dans leur robe de bure ; ou bien les Tziganes avec leurs fichus et leurs habits chatoyants… Beaucoup de lieux et de personnages se prêtent à l’image, dans Spiridons. J’ai voulu quelque chose de coloré, de pittoresque. Alors, oui, une adaptation cinématographique serait, à mon sens, un magnifique prolongement du texte. Il n’y a plus qu’à espérer.

Un message pour vos lecteurs ?

Faites-moi confiance et laissez-vous porter.

Encore un grand merci à l'auteur et à vous lecteurs : n'hésitez plus foncez vers le monde des spiridons ! ;) 

5 commentaires:

  1. Comme toujours après une interview, j'ai envie de découvrir les livres de l'auteur :)

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  2. J'ai pris le tome 1 suite à ta chronique je ne savais pas que le 2 était sorti !!! Sympa l'interview ! :D

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  3. Déjà que j'avais envie de lire le premier tome, cette interview le confirme.

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  4. J'ai adoré le tome 1 :) !!! (elle est très jolie *aucun rapport*) une interview très intéressante :)

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  5. J'avais lu ta chronique qui donnait très envie et je découvre un auteur qui a l'air fort sympathique : deux bonnes raisons de lire Spiridons !

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