Interview - Christophe Mauri

Un grand merci à Christophe Mauri pour cette interview ainsi qu'aux éditions Gallimard pour m'avoir permis de lire le dernier tome de cette superbe saga !

Léa Touch Book : Lorsqu'on lit votre biographie on apprend que vous avez une longue histoire avec Gallimard jusqu'à la publication de Mathieu Hidalf, pouvez-vous nous parler plus en détails de cette expérience unique ?

Christophe Mauri :

Oui, ça a été une longue histoire, d’abord constituée d’un échange de lettres et de beaucoup de refus ! Vers l’âge de treize ans, j’ai adressé mon premier manuscrit à Gallimard Jeunesse. Je l’ai envoyé comme un enfant qui a un rêve et qui ne mesure ni les difficultés ni le chemin à parcourir. Gallimard Jeunesse est le premier éditeur qui m’ait répondu et le seul qui, tout au long de mon adolescence, m’ait encouragé à continuer à écrire. Le temps a passé, j’ai écrit d’autres choses puis, à vingt-et-un ans, je me suis lancé dans la première aventure de Mathieu Hidalf. En l’adressant à nouveau à Gallimard Jeunesse, des années et des années après mon premier envoi, je n’avais plus tout à fait l’insouciance de l’enfance et je m’attendais d’autant plus à un refus. La nouvelle est arrivée le jour de mes vingt-deux ans ! Et une autre relation a commencé : une relation de travail, une relation humaine, une relation tissée au fil des années d’écriture de Mathieu Hidalf.

LTC : En tant que juriste, j'ai tout de suite aimé la référence au contrat qui a une part importante dans cette saga, pourquoi ?

CM : Les contrats de Mathieu doivent sembler bien naïfs à une juriste ! Et je suis sûr qu’il aurait à apprendre beaucoup de vous. J’ai aimé cette idée de contrat parce qu’au lieu d’imposer une rigidité dans le manoir Hidalf, elle y a fait entrer le chaos. L’autorité de nos parents ne repose pas, bien entendu, sur un contrat. Or, en imposant cette règle-là, M. Rigor Hidalf a couru à sa propre perte ; dès lors que ses enfants seraient assez grands pour retourner ses contrats contre lui, il n’aurait plus rien à leur opposer. Mathieu l’a compris à l’âge de cinq ans !

LTC : Comment vous est venue l'idée de Mathieu Hidalf ?

CM : C’est très compliqué de répondre à cette question, car un projet nait toujours de mille idées. Mathieu apparaît pour la première fois dans un manuscrit écrit quand j’avais treize ans ! D’une certaine manière, il a fait son chemin pendant toutes ces années. En grandissant, j’ai cessé « d’être » mon héros et j’ai pris du recul avec lui, ce qui m’a permis d’introduire davantage d’humour dans mon univers. Le nouveau Mathieu Hidalf est donc né quand j’ai cessé d’être un enfant !

LTC : Pourquoi choisir un personnage central qui n'aime pas lire ?

CM : Sincèrement, parce que je trouve cela amusant. Amusant, d’abord parce que ne « pas aimer lire » n’est pas une tare, d’autant moins qu’on peut devenir lecteur à tout âge. Quand j’avais dix ans, je n’étais pas un grand lecteur. Aujourd’hui, je pourrais vivre un an dans une grotte pourvu que j’aie un carton de livres. Le second point qui m’amuse est plus subtil peut-être. Je pense que Mathieu Hidalf, comme d’autres enfants, dit qu’il déteste les livres parce qu’il lui semble que les livres ne sont pas faits pour lui. Les livres, pour Mathieu, sont faits pour sa petite sœur brillante. Ils sont faits pour les enfants sages et patients. Mais il se trompe, bien sûr. En un mot, ce qui me fait beaucoup rire dans ce personnage qui n’aime pas lire, c’est qu’à mon avis Mathieu Hidalf adore ça, mais qu’il ne l’avouera jamais ! C’est un peu comme son histoire d’amour avec Marie-Marie. Il a beau être amoureux, il prétend qu’elle lui est indifférente. 

LTC : Vous avez toujours voulu écrire ? Est-ce un atout d'être un jeune auteur selon vous ?

CM :

Il faudrait que vous détailliez votre question. C’est un métier dont il est difficile de vivre, mais comme il s’agit d’une passion avant d’être un métier, ce n’est pas la question la plus préoccupante pour moi. Il y a une chose pour laquelle écrire jeune a été un atout : l’école. À partir du moment où j’ai commencé à écrire régulièrement, je me suis senti plus à l’aise en cours avec le raisonnement, la langue, la grammaire !

LTC : Quel est votre tome préféré dans la saga de Mathieu Hidalf ?

CM : Je change souvent d’avis ! Il y a un rapport tellement fort à chacun des cinq tomes ! Aujourd’hui, je peux dire en tout cas que ma scène préférée est dans le tome 4 de Mathieu Hidalf. Il s’agit du réveil de Mathieu auprès de sa sœur, Juliette d’Argent. C’est la scène qui m’a le plus ému.

LTC : Quel est votre prochain projet d'écriture ?

CM : Mon prochain « long » projet d’écriture n’est pas encore déterminé. En ce moment, je suis lancé dans une petite pièce de théâtre, versifiée, avec un seul personnage !

LTC : Un conseil pour des écrivains en herbe ?

CM : J’encourage toujours les jeunes auteurs à aller au bout de leur projet. Il ne faut pas laisser le doute interrompre à tout moment l’envie d’écrire. D’autant plus qu’on apprend beaucoup en « réécrivant », en retravaillant, en relisant. Avoir mis un point final à un projet est indispensable pour se jeter dans ce second travail de relecture. Voici un autre conseil, que je m’efforce de suivre chaque jour : il s’agit de ne pas avoir peur de faire simple. Beaucoup de jeunes auteurs, et c’est mon cas, n’ont pas le problème de la page blanche, mais celui de la « page noire », une page débordante d’idées, que l’on peine à organiser. Il est très difficile de ne pas égarer son lecteur ! Et ce que l’on trouve simple quand on est écrit l’est souvent beaucoup moins quand on le lit.

LTC : Quels sont vos livres préférés ? Votre genre littéraire favori ?

CM : Mon live favori de jeune lecteur est Harry Potter. Cette série de romans a émerveillé mon enfance et mon adolescence comme celles de beaucoup d’autres lecteurs. Il me suffit aujourd’hui d’ouvrir un Harry Potter pour que la seule odeur du papier me rappelle confusément les merveilleuses émotions vécues au long de la lecture. Par ailleurs, mes livres préférés changent presque toutes les fois que j’ouvre un nouveau roman ! En ce moment, je suis plongé dans les romans de Tolstoï et, par conséquent, il est pour un temps l’écrivain que je préfère. Disons que c’est celui que j’ai besoin d’avoir mon sac ! Au sujet des genres, j’aime beaucoup le roman et le théâtre. Et j’ai pour le moment une forte attirance pour le romantisme.

LTC : Un message pour vos lecteurs ?

CM : Je n’ai pas vraiment de message à adresser. Je suis seulement heureux d’avoir pu partager avec des lecteurs les aventures de Mathieu Hidalf. Mais, aujourd’hui, ces aventures leur appartiennent autant qu’à moi !

Encore un grand merci à Christophe Mauri et lisez sa super saga :) !!