dimanche 15 mars 2015

Le lit de Procuste - Luc Véron

Un grand merci aux éditions Mélibée ainsi qu'à Monsieur Chabbert pour cette lecture


Le Lit de Procuste : 242 jours en Algérie

Pages : 86
Genre : Roman
Parution : 10/2014

Le Lit de Procuste suit les pas d’un garçon de vingt ans embarqué malgré lui dans le théâtre d’ombres des événements d’Algérie.
Il n’y a pas un soupçon d’héroïsme chez ce jeune fils d’ouvrier qu’on habille en officier et qui subit la guerre plus qu’il ne la fait. Il s’en sort comme on se sort d’un mauvais pas. Il ne connaît pas l’illusion lyrique des vainqueurs ou des vaincus. Il s’en tire par le silence qu’il habite et laisse en héritage. Le Lit de Procuste est le récit de ce silence par son héritier. Une affaire de filiation, en somme, sur fond d’événements historiques, plus que l’Histoire elle-même.

Né en 1961, Luc Véron est diplomate européen et officier supérieur de réserve dans la marine militaire française. Il vit à Bruxelles, son port d’attache. Le Lit de Procuste est son premier récit littéraire.

(Source : Éditions Mélibée)

Gribouilleries en tous genres de Mister Grybouille :

Le lit de Procuste c’est le symbole du conformiste « C'est de cette volonté d'uniformiser en découpant tout ce qui dépasse, en cherchant à faire tout rentrer dans un même moule qu'est née notre expression qui symbolise, entre autres, l'arbitraire et la rigidité d'une réglementation incapable de s'adapter aux cas particuliers. »
Dans ce livre, l’armée est le moule uniformisateur pour les hommes et les femmes qui la composent.  Enfin presque.. . puisque le père de l’écrivain l’Aspirant Serge V. fait tout pour freiner sa dissolution dans le groupe !

Ce livre, pour moi, c’est une percussion entre l’histoire d’un Officier appelé du contingent français embarqué dans l’aventure algérienne et une synthèse de documents et de livres sur la guerre d’Algérie qui viennent soutenir le périple de Serge V.

Ce n’est que mon intime impression mais je pense que Luc Véron, l’auteur,  comme tout à chacun à une période de sa vie, a eu besoin de se rapprocher de son père, les racines.. .
Avec l’aide de son fils Oscar âgé de  20 ans, une recherche est mise en place, documents militaires, livres de références, photos, pour alimenter cette recherche familiale.

L’écriture est soignée, le style est plaisant. La forme ?  Je pensais découvrir  un « cahier de marche » qui aurait relaté le vécu jour après jour de notre militaire. Un peu déçu je l’avoue.

Les rappels historiques donnent de l’épaisseur au livre. Les expériences de l’Aspirant Serge V. sont limitées à des affectations en tant qu’Officier Renseignement.

1957, en Algérie, pendant cette guerre qui a eu du mal à dire son nom, les politiques ont laissé à l’armée des pouvoirs étendus mais rien ne préparait les militaires à cela.

Les Officiers « Renseignement »se sont retrouvés nanti de pouvoirs de Police : Arrêter ; Interroger ; Interner des suspects. Comment gérer cette crise morale face à la violence des attentats ?

L’Aspirant Serge V. devenu Sous-Lieutenant traine les pieds, décourage ses supérieurs et finit en Compagnie de combat.
Son temps passe et passe le temps, retour en France à la vie civile avec les difficultés liées au vécu de toute personne confrontée à des événements traumatisants.. .

Un livre simple mais pas simpliste, délicat, fédérateur entre les générations, une façon de dire son amour à son ainé.

Je ne serai pas étonné de recroiser Luc Véron sur un projet plus volumineux ?  

Souvenez-vous ou apprenez que sous le gouvernement de Pierre Mendès-France, Ministre de l’Intérieur François Mitterrand, l’Algérie était un Département Français et qu’il se disait : « Ni hésitation, ni atermoiement, ni demi-mesure… Aucun ménagement contre la sédition.. . »
Et un peu plus tard, sous un autre gouvernement, le grand Homme a dit : « Je vous ai compris.. .»,
tant de morts et de misère pour en arriver là ! C’est à désespérer des décideurs, non ?

Pour finir sur une note plus joyeuse, j’en profite puisque c’est dans l’air du temps, papa, maman, merci pour tout, je vous aime.
Et en catimini, un petit coucou à tous ceux qui sont passés par l’ESM et ont vu briller au bout de la nuit dans la lande bretonne notre Sainte-Marie des EOR.. .

@bientôt,





3 commentaires:

  1. J'ai un peu peur car il semble très court comme livre donc je vais d'abord me procurer 7 ans en 40 :-)

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  2. Court et percutant... peut-être devrions tous faire la démarche de le lire...^^ 86 pages, c'est peu mais suffisant pour faire réfléchir parfois ! Merci d'éveiller ma curiosité Grybouille ;)

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