Il reste la poussière - Sandrine Collette

Chronique de : Scarlett

Résumé : Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux.  Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l'a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien. Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille?

Merci aux éditions Denoël pour cette lecture !

Chronique :

Il reste la poussière raconte l’histoire d’une famille dans la steppe de Patagonie, qui essaye de survivre à l’installation des grandes estancias, celles qui privilégient l’élevage massif des bovins argentins et qui obligent les petits fermiers à se contenter de la production de troupeaux de  moutons moins noble. Et dans cette famille, on vit de rancœurs, de sentiments inavoués nés dans les non-dits, le manque d’affection et la dureté de la vie. Et dans cette famille l’absence totale d’amour se transforme en haine, et l’inexistence de lien social, l’incroyable isolement jouent à faire de tous ceux qui constituent cette lignée des êtres sauvages et méfiants.

Il y a d’abord la mère :   « la mère, à la fois, est la femme et n’est pas femme…Ancrée et solide, d’une constance terrifiante, ils sont capables d’en rejouer les intonations, les menaces, les phrases qui vont suivre.»   La mère est âpre, rude et aride comme la terre qui lui appartient, elle est si peu maternelle, hargneuse et sans tendresse qu’on comprend que forcément elle ne peut qu’engendrer ce qui va arriver.

Il y a aussi la fratrie avec les jumeaux Mauro, l’ainé, le dominant des jumeaux. C’est aussi le père de substitution puisque celui-ci a disparu sans jamais donner de ses nouvelles. Mauro est violent avec son petit frère Rafael et avec Joaquim son jumeau ils en font le souffre douleur pour essayer d’oublier qu’il ne se passe rien dans cette steppe aride et ingrate.

Steban lui est pratiquement muet ce qui fait qu’il  est surnommé le « débile » par ses frères ainés, Steban qui cache un terrible secret, si lourd à porter qu’il a décidé de ne plus parler plutôt que de raconter ce qu’il sait.

Et enfin Rafael le benjamin, la victime innocente des brimades violentes et gratuites de ses frères et qui ne peut compter que sur lui-même puisque dans cette famille on ne connait pas l’entraide : « Alors Rafael sera comme ces aigles solitaires qui ne s’attachent jamais, indifférents à l’isolement, cachés dans leurs nids inaccessibles. »

Sandrine Collette écrit de façon très réaliste, sans fioriture mais c’est fascinant parce qu’elle arrive à nous relater toute la violence latente, les amertumes de chacun graduellement, posément je dirais ce qui contraste totalement avec l’ambiance rude de cet environnement hostile. Ce n’est pas à proprement parlé un policier, je dirai plutôt un roman noir avec une trame psychologique dramatique. Le talent de l’auteur nous permet de sentir cette sécheresse environnante, d’avaler la poussière avec les divers protagonistes et de souffrir comme eux de cette vie misérable si pauvre et violente à la fois. Le talent de Sandrine Collette c’est de nous attacher à ses personnages, de comprendre ce qu’ils ressentent et pourquoi ils agissent de cette façon. Le talent de Sandrine Collette c’est de nous faire avaler autre chose que la poussière.

Avis de : Mylène et Kyradieuse

Chronique écrite par :