Résumé : Dès les premières pages, L’invention des corps s’élance dans le sillage d’Álvaro, jeune prof mexicain, surdoué de l’informatique, en cavale après les tragiques événements d’Iguala, la nuit du 26 septembre 2014 où quarante-trois étudiants disparurent, enlevés et assassinés par la police. Rescapé du massacre, Álvaro file vers la frontière américaine, il n’est plus qu’élan, instinct de survie. Aussi indomptable que blessé, il se jette entre les griffes d’un magnat du Net, apprenti sorcier de la Silicon Valley, mécène et apôtre du transhumanisme, qui vient de recruter une brillante biologiste française. En mettant sa vie en jeu, Álvaro s’approche vertigineusement de l’amour, tout près de trouver la force et le désir d’être lui-même. Exploration tentaculaire des réseaux qui irriguent et reformulent le contemporain – du corps humain au World Wide Web –, L’invention des corps cristallise les enjeux de la modernité avec un sens crucial du suspense, de la vitesse et de la mise en espace. Il y a une proportion élevée de réalité dans cette histoire étourdissante, sans doute sa part la plus fantastique, la plus effrayante. Mais c’est dans sa foi butée, parfois espiègle, en l’être humain que ce roman d’alerte déguisé en page-turner puise son irrésistible force motrice.
Chronique : L'Invention des corps est un roman extrêmement atypique et original, un roman intelligent et intéressant, une belle surprise !
J'avais lu la belle chronique de Jostein et j'ai donc eu envie de me lancer dans cette lecture. Si au départ le lecteur doit s'accrocher du fait d'une construction narrative assez complexe (où le passé et le présent, les points de vue d'un personnage ou d'un autre s'enchaînent sans transition ou changement de paragraphe), l'intérêt addictif propre à l'histoire prend petit à petit le pas et nous entraîne dans une aventure inattendue.
Ce roman nous fait réfléchir sur des thématiques contemporaines essentielles, principalement sur Internet et le transhumanisme. Dans ce roman Internet est à la fois le moyen pour de nombreuses personnes qui ne sont pas nées dans l'opulence de pouvoir s'émanciper d'un destin médiocre et en même temps un lieu qui aurait pu être bien plus, qui n'est pas allé au bout de sa fonction première. Internet est ainsi symbolisé au travers de nombreux protagonistes dont Alvaro, un jeune professeur mexicain fuyant son pays suite aux assassinats d'Iguala.
Le transhumanisme est représenté par tous ces grands patrons de la Silicon Valley qui maîtrisent Internet et le monde par l'argent. Une seule chose leur résiste : le temps, la mort à venir. Pierre Ducrozet amène ainsi une réflexion profonde sur le corps, sur le fait de vouloir dépasser notre mortalité, de faire de l'immortalité un privilège d'abord réservé à ceux qui ont les moyens. Une nouvelle forme d'élitisme basée sur la supériorité physique perpétuelle. Si cela paraît être de la science-fiction il suffit de regarder les évolutions scientifiques pour comprendre que nous ne sommes pas loin de ce point de non-retour. C'est donc un roman fascinant, qui met en perspective de nombreuses problématiques, qui nous fait prendre conscience de notre époque. Ajoutons à cet ensemble des personnages attachants dont le passé est à chaque fois approfondi par le romancier afin de nous les faire aimer encore plus !
En définitive, un très bon roman : exigeant dans la forme et prenant dans le fond !
Me voilà tenté par ce titre. Merci pour ton avis.
RépondreSupprimerInternet et le transhumanisme, ce ne sont pas des sujets qui m'attirent particulièrement, c'est rien de le dire !
RépondreSupprimer