dimanche 30 septembre 2018

La Route au tabac - Erskine Caldwell


















La Route au tabac
Erskine Caldwell
Éditions Belfond Vintage

Vendue à plus de trois millions d'exemplaires, traduite en une quinzaine de langues, portée à l'écran par John Ford en 1941, pièce de théâtre à succès, La Route au tabac est le plus grand triomphe d'Erskine Caldwell.
Dans ce roman paru en 1932 aux États-Unis et en 1947 chez Gallimard, l'auteur, fidèle à sa tradition, dépeint le Sud des petits Blancs dans sa réalité la plus crue, et nous livre la radiographie d'une époque, celle de la Grande Dépression, où la faim détruit corps et esprits.

Un immense classique de la littérature américaine à redécouvrir.

— Dieu a peut-être bien voulu que les choses soient ainsi, dit Jeeter. Il en sait peut-être plus long que nous autres, mortels. Dieu est un vieux malin. On peut pas le rouler, Lui ! Il s'occupe de petits détails que les simples mortels ne remarquent même pas. C'est pour ça que j'veux pas quitter ma terre pour aller à Augusta vivre dans une de leurs sacrées filatures. Il m'a mis ici, et Il ne m'a jamais dit de m'en aller vivre ailleurs.


Erskine Caldwell,

Erskine Caldwell est né le 17 décembre 1903 près de Moreland, en Géorgie, et a exercé les métiers les plus divers : machiniste de théâtre, marin, footballeur, cultivateur, garçon de café, libraire, journaliste. De ces expériences, il puise l'inspiration pour décrire la vie des paysans et des ouvriers. Contrairement à son contemporain John Steinbeck, il choisit de dépeindre, sans prendre parti et sans s'apitoyer, des personnages primitifs, aussi dépourvus de préoccupations morales que de ressources matérielles, qui s'accommodent avec innocence de la violence, de la fornication et de la mort. Un style particulier qui va faire de lui un des écrivains les plus censurés des États-Unis, mais aussi l'un des plus lus, puisqu'il vendra près de 80 millions d'exemplaires de ses romans et nouvelles. Après Le Bâtard (Belfond, 2013) et Haute tension à Palmetto (Belfond, 2015), La Route au tabac est aujourd'hui disponible dans la collection Belfond Vintage.
Erskine Caldwell meurt le 11 avril 1987 à Paradise Valley, en Arizona.

(Sources : Éditions Belfond)


Grybouille,

Dans l’atelier révisions des classiques américains, et pour se souvenir de TOUS les aspects du rêve américain, c’est par ici que ça se passe, suivez le p’tit Duc…

Vous êtes dans votre phase à la recherche du réel, d’un livre qui vous parle d’un passé pas si lointain qui est malheureusement d’actualité,  écrit par un puncheur, où chaque ligne vous rappelle à la dure réalité des choses ?
Et bien le voilà, dans la grande lignée des Steinbeck et consort, « I am pleased to introduce to you Mister Erskine CALDWELL… » 

Ça pique, ça câline, ça gratte, ça fait rire, ça fait pleurer, c’est la vie… Oui, mais la vie avec les échos de la crise de 29 où la pauvreté ce n’est pas de ne pas pouvoir s’acheter le dernier « Smartphone », mais c’était de ne pas manger à sa faim…
Voilà où l’immense talent de Mister CALDWELL nous emmène. Accrochez vos ceintures, d’un bout à l’autre de ce roman vous allez être collés à votre livre.

L’histoire,

La famille Lester exploite une ferme coincée entre les dunes de sable non loin d’Augusta.
Trois générations de métayers s’y sont succéder dans la culture du tabac puis du coton.
Des exploitants qui sont abandonnés par un propriétaire terrien, livrés à eux-mêmes, sans moyen pour relancer leurs cultures…« …de la graine et du guano… », et le cultivateur est content.

Jeeter et Ada ont élevé dix-sept enfants. Seuls Ellie May et Dude sont encore à la ferme, les autres sont partis vivre leurs vies à la ville dans les filatures, loin de la misère du monde paysan.
Une autre habitante, tolérée, la grand-mère qui vit en retrait de peur d’être  expulsée de la maison, pour se nourrir ce sera les restes…

Non loin de la ferme, seule une fille est restée vivre, Pearl, mariée l’année passée à 12 ans à Lov Bensey qui travaille à l’usine à charbon.

Arrive dans l’équation la sœur Bessie, veuve, une évangéliste qui prêche la bonne parole. De son mari, elle possède huit cents dollars. Une fortune…

La vie est dure chacun porte sa croix, l’obsession de tous les jours, avoir de quoi manger.
L’obsession de Jeeter, cultiver sa terre et avoir de l’argent.
L’obsession d’Ada, garder son mari pour elle seule et se payer une robe à la mode pour son propre enterrement.
L’obsession de Lov, Pearl, son épouse, doit partager leur lit.
L’obsession d’Ellie May, son bec de lièvre qui l’empêche de trouver un mari pour pouvoir partir.
L’obsession de Dude, actionner la corne d’une voiture.
L’obsession de sœur Bessie, porter la bonne parole et se marier avec Dude.

Lorsque la vie se résume à posséder un sac de navets.
« Le bon Dieu sait ce qu’il fait en matières de navets. »

Le style,

C’est le genre d’écriture qui a trouvé son juste équilibre entre dialogues et descriptions des scènes. Mister Erskine Caldwell fait partie de cette génération d’écrivains qui nous parle d’une Amérique que nous ne connaissons pas, loin d’un monde idyllique, un monde où le faible survie, loin des néons de Time Square… Très efficace.

Les personnages,

Jeeter, « Bon Dieu, il y mettra bien une fin un de ces jours, et il fera rendre aux riches tout ce qu’ils ont pris aux pauvres. Dieu nous rendra justice. Il ne peut pas laisser les choses continuer comme ça. »
Ada, « Si seulement tous mes enfants étaient ici pour voir çà… »
Ellie May, « …c’est le moment de te trouver un homme. »
Dude, seize ans, « …ce Dude a toutes les veines… »
Bessie, «Faisons une petite prière… »
Lov, « Chaque fois que je veux l’avoir près de moi, elle fout le camp… »
La grand-mère, Tom, Pearl, la communauté noire, les « touristes » dans les hôtels, la belle Torpedo cinq places, les habitants de « la route au tabac ».

En tant que lecteur, le p ‘tit Duc tient à remercier les Éditions Belfond pour sa collection « Vintage » qui nous permet de découvrir et redécouvrir ces trésors de la littérature qui sans réédition seraient difficile à dénicher.

« Naturellement, dit Dude. J’avais encore jamais été si loin. Le pays est joli là-bas. »

Bonne lecture à Tous et Toutes,



1 commentaire:

  1. Je l'ai adoré, ce roman !! Me reste à lire de lui "le bâtard" et "le petit arpent du bon dieu".

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