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samedi 24 août 2019

Nous étions nés pour être heureux - Lionel Duroy

Chronique de Scarlett

Résumé : Depuis trente ans, Paul a fait de son histoire familiale, et du désastre que fut son enfance, la matière même de ses romans. Une démarche que ses frères et soeurs n’ont pas comprise, au point de ne plus lui adresser la parole pendant de longues années. Et puis arrive le temps de la réconciliation. Paul décide de réunir à déjeuner, dans la maison qui est devenue son refuge, tous les protagonistes de sa tumultueuse existence : ses neuf frères et soeurs, leurs enfants et les siens, et même ses deux ex-femmes.
Viendra qui voudra. Et advienne que pourra.
Le temps d’un singulier repas de famille, Lionel Duroy parvient à reconstituer tous les chapitres essentiels de la vie d’un homme. Avec sa profondeur psychologique habituelle et l’élégance de son style, il livre ici un récit vibrant de vérité sur les liens indestructibles de l’enfance, la résilience et la paix enfin retrouvée.







Chronique :



"L’écriture a ce pouvoir, comme le rêve, de ranimer des sentiments qu’on croyait éteints, au point de nous tirer des larmes, parfois, et même de nous pousser à des gestes inconsidérés comme de rappeler telle ou telle personne dans la minute, ou encore de lui écrire une lettre enflammée. "


 « Nous étions nés pour être heureux » de Lionel Duroy, un titre qui porte en lui toute la nostalgie d’un possible. Ce roman c’est un moment dans la vie de Paul, écrivain par nécessité vitale de raconter sa vie au risque de voir se déliter les liens familiaux et qui raconte au gré de ses livres la folie de sa mère, les exubérances de son père, la pauvreté, la misère et la fratrie en souffrance. En effet Paul a de nombreux frères et sœurs qu’il n’a pas revu depuis fort longtemps quand ils ont décidé de le bannir pour avoir dévoilé l’intimité familiale. 

Et la plupart se retrouvent ce jour pour un repas familial de la réconciliation dans cette maison sereine et précieuse pour Paul, ce havre de paix qui se retrouve soudain empli de frères, sœurs, enfants et petits-enfants. On découvre la famille, l’originelle d’abord avec les frangins Nicolas aimable et optimiste, Ludovic l’artiste photographe, Basile le plus jeune et Maxime. Et puis arrivent les sœurs Christine l’ainée qui fut pour Paul une mère de substitution, Adèle Béatrice et Anne-Cécile. Sont aussi présentes lors de cette réunion familiale les ex de l’écrivain Agnès tout d’abord qui ne supporte pas ce que livre Paul dans ses écrits ,avec leurs enfants David et Claire. Esther sa deuxième épouse, avec qui la séparation fut une dévastation tragique et qui souhaite renouer après une rupture violente et douloureuse et aussi Anna et Coline leurs deux filles. Et enfin les petits-enfants telle Jasmine avec qui il vit des moments précieux au rythme choisi par la petite fille .

Tous se retrouvent ou se découvrent après des années de silence, de non-dits et les souvenirs, les moments de grâce de l’enfance, les pleurs et le chagrin aussi défilent dans la tête de l’écrivain au fur et à mesure de l’arrivée des uns et des autres. Au fil du repas, les souvenirs, les avis divergents et les rancœurs s’expriment aussi. Ce que certains dans cette famille ont vécu dans la colère d’autres en ont ressenti de la honte, il y a eu ceux qui ont voulu en mourir et ceux qui ont lutté avec leurs propres armes au détriment du collectif.
Lionel Duroy nous raconte une histoire familiale où chacun voit le résumé dans le prisme de son vécu, de son ressenti et le caléidoscope qui en ressort est multicolore et multi-formes.

Le livre se lit sans chapitre comme une journée qui voit défiler toute une époque dans différentes versions, différentes voix et voies aussi. Le coté intimité partagée peut faire écho chez le lecteur, mais il peut aussi donner la sensation d’être en apnée dans le tourbillon d’un nœud familial un peu étouffant. Comme certains protagonistes qui voudraient avancer et passer à un ailleurs plus vaste.

J’ai eu cette impression de stagner à certains moments, que  le bagage émotionnel de Paul était un poids dont même l’écriture avait du mal à le délester. J’aurais aimé passer plus de temps avec Sylvain , ou Anna, connaître un peu mieux Béatrice et Adèle. Je suis un  peu passé à côté de cette lecture je crois.


"L’impossibilité d’enfouir tout ce qui nous constitue, l’impossibilité de nous « refermer par-dessus » tant nous en avons entassé pêle-mêle, est à l’origine de la musique à laquelle se voue Sylvain, du puissant travail de Nicolas sur l’expression du chaos….Comment ceux qui se taisent parviennent-ils à supporter l’inexorable débit de ce qui nourrit notre discours intérieur ?"



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