lundi 29 juin 2020

Il était deux fois - Franck Thilliez

Chronique de SCARLETT

Résumé : En 2008, Julie, dix-sept ans, disparaît en ne laissant comme trace que son vélo posé contre un arbre. Le drame agite Sagas, petite ville au cœur des montagnes, et percute de plein fouet le père de la jeune fille, le lieutenant de gendarmerie Gabriel Moscato. Ce dernier se lance alors dans une enquête aussi désespérée qu’effrénée. Jusqu’à ce jour où ses pas le mènent à l’hôtel de la Falaise… Là, le propriétaire lui donne accès à son registre et lui propose de le consulter dans la chambre 29, au deuxième étage. Mais exténué par un mois de vaines recherches, il finit par s’endormir avant d’être brusquement réveillé en pleine nuit par des impacts sourds contre sa fenêtre… Dehors, il pleut des oiseaux morts. Et cette scène a d’autant moins de sens que Gabriel se trouve à présent au rez-de-chaussée, dans la chambre 7. Désorienté, il se rend à la réception où il apprend qu’on est en réalité en 2020 et que ça fait plus de douze ans que sa fille a disparu…


Chronique :


« Pense-t-on autant à son enfant, lorsqu‘il est toujours là ? L’aime-t-on autant que dans l’absence ? Gabriel ne savait pas, sa vie d’avant n’existait déjà plus. Celle à venir ne serait que calvaire. Quelle que soit l’issue de leurs recherches, leurs vies serait à jamais transformées, broyées, asséchées par trop de larmes versées.»

Bon et bien allons droit au but, ce dernier thriller de Franck Thilliez est un puta*n de vraiment super bon bouquin. On est à Sagas village de la région alpine  assez misérable, Gabriel Moscato gendarme arrive à l’hôtel de la falaise, Julie sa fille est portée disparue depuis un mois et il la recherche. Douze ans plus tard, même village, une pluie d’oiseaux morts s’abat sur la région alors que le corps d’une jeune femme tatouée est découvert le visage méconnaissable et le capitaine Paul Lacroix ancien collègue et ami de Moscato est chargé de l’enquête. Et entre ces deux moments …que s’est t-il passé ?

 Voilà comment on entre dans le roman , un peu sonné par cette vision hitchcockienne des oiseaux et très vite happé par le rythme de la quête de Gabriel qui recherche sa fille et les recherches de Paul qui se vont se télescoper forcement quelque part. 

Gabriel, c’est ce père devenu amnésique qui recherche envers et contre tout sa fille disparue, c’est un vieux loup blessé, fragilisé mais qui se bat avec une énergie rageuse, désespérée  pour son enfant. Paul lui semble usé , fatigué par des années de doute et de questions sans réponse sur la disparition de Julie qui était la meilleure amie de sa fille mais il reste toujours un fin limier.

Le lecteur n’a aucun répit, le rythme est haletant sans pause, les évènements succèdent  aux découvertes, celles-ci apportant de nouvelles questions sans réponse. On se retrouve dans un village triste et sombre avec des disparus , des cadavres, des mémoires perdues, des secrets enfouis, des portraits peints à l’encre rouge, des personnages complexes, tordus ,des labyrinthes et des palindromes…Le sujet de la mémoire ou bien de l’absence de souvenirs est un sujet que l’on retrouve à nouveau dans ce livre, il y a des clins d’œil à d’autres écrivains ( c’est drôle je viens de lire le dernier Minier) ,à Monsieur Hitchcock himself, à l’auteur lui-même et oui !

On voyage des Alpes à Lille en passant par Bruxelles, Orléans ou  Berck sur Mer (tiens, tiens..), et de la Pologne à Paris. L’auteur agence virtuosement les intrigues et  et nous on rame pour essayer de dénouer le fil car Franck Thilliez a toujours au moins deux à trois longueurs d’avance sur le lecteur comme un très très bon joueur d’échec.

Après cette période si singulière, retrouver les repères rassurants d’un auteur que vous suivez et qui non seulement reste fidèle à lui-même mais vous livre un vraiment très bon crû alors là je dis MERCI ET CHAPEAU Monsieur Thilliez.

PS : moi j’ai une dernière question, les toutes dernières pages du manuscrit, est-ce votre écriture Monsieur ?

 
«  Quelque chose d’intimement beau et mélancolique se dégageait de cette grande baie où la mer se retirait si loin qu’on ne la distinguait plus. Le gris du ciel s’écrasait sur le gris de la mer, deux teintes aussi puissantes que les bleus du Sud, tout en contraste avec le jaune coquille d’œuf de l’étendue sauvage et ancestrale du sable. »




1 commentaire:

  1. Thilliez était l'invité de LGL ce mercredi, pour la dernière de la saison, et Minier était face à lui. Paraît qu'on a un inspecteur Bernard Minier dans les pages, d'après eux... mdr

    Il est dans les starting block... ;-))

    RépondreSupprimer