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mercredi 28 juin 2023

La Faille - Franck Thilliez

Chronique de Scarlett

Résumé : Une interpellation qui tourne au fiasco. Un officier admis à l’hôpital en urgence absolue. Pour le commandant Sharko, la lieutenant Lucie Henebelle et le reste de l’équipe, la déroute est totale. Violente. Mais la soif de justice est plus forte que jamais. Mis à l’écart le temps que l’IGPN tranche sur sa responsabilité, Sharko se lance alors dans des investigations en dehors de tout cadre légal. Une enquête dangereuse et éprouvante qui laissera des traces. Du fin fond d’une abbaye ancestrale aux couloirs austères d’un hôpital psychiatrique, Sharko va être confronté à la folie et découvrir que lorsque la science ignore l’éthique, tout peut basculer. 

 

 

 

 

Chronique


«Nicolas se surprit à parler au mur aveugle face à lui et, ce matin-là, prit soudain conscience de sa solitude, de la fragilité de la vie. De toutes les vies. Un jour,  on pouvait tout avoir. Et le lendemain, se retrouver nu. La grande loterie de l’existence…»

 

« La mort et l’auteur de romans policiers entretiennent un rapport particulier et privilégié, ils ne peuvent s’ignorer l’un l’autre, ils avancent ensemble dans le récit. »

Voilà une des confidences que nous offre Franck Thilliez dans son dernier roman « La Faille ».

On rentre dans ce roman lors d’une planque policière qui révèle le corps enterré d’une femme inconnue mais dont le col de fémur implanté appartenait à une certaine Emma Dotty que Franck Sharko va essayer de retrouver dans une traque qui les emmènera lui et sa célèbre équipe aux portes des cercles de l’enfer de Dante , aux portes de la folie sans frontière des hommes, à frôler la grande faucheuse pour les uns et à la trouver pour d’autres.

Nicolas , Lucie et Robillard vont avec Franck croiser une céroplasticienne fascinée par la mort et ce qui existe après celle-ci, des personnes ayant vécu des expériences de mort imminente traumatisantes, des porcs décapités, un « démon » obsédé par ceux qui ont expérimentés les EMI, des femmes et des hommes du milieu médical certains merveilleux de dévouement , d’autres épuisés et vaincus par le manque de moyens, et puis ceux qui jouent avec leur savoir et la vie…

Tous les chemins de ce roman mènent à la mort, omniprésente, fascinante, effrayante, mystérieuse et inconnue, en fait tous les itinéraires et les parcours de chacun durant l’histoire ramènent au questionnement de tous : ET QUOI APRES ? OU, COMMENT ? Certains cherchent des réponses spirituelles, d’autres des solutions scientifiques parfois limites sur le plan éthique.

Franck Thilliez à travers ce roman soulève de nombreux sujets cruciaux et délicats, celui de l’euthanasie tout d’abord avec les questions essentielles de quand et à quelles conditions peut-on décider que quelqu’un est cliniquement mort et qu’il faut arrêter les soins, qui choisit, qui subit ? L’auteur nous parle aussi de manière subtile de l’épidémie de Covid avec la prise de conscience de l’état désastreux de nos hôpitaux. Et enfin le sujet principal du roman la mort avec cette fascination presque morbide des uns, la mort des proches si douloureuse, les morts si nombreuses durant l’épidémie dans une société moderne si peu préparée à un tel choc émotionnel. La mort qu’on cache par peur de ce que sera inévitablement la fin….

Et bien sur pour tenir tous ces thèmes douloureux, complexes, périlleux, le romancier nous livre une enquête rythmée où le plaisir de retrouver nos policiers familiers se mêle à l’intrigue.

Personnellement je suis restée très souvent près de Nicolas Belanger dans cet opus, il m’est apparu subtilement fragile et fort à la fois et son histoire personnelle a parfois pris le pas sur le déroulement de l’intrigue, mais c’est cela aussi la force d’un écrivain : vous faire aimer les personnages au point de s’identifier à eux.

Merci Monsieur Thilliez. Je vous ai croisé grâce à ma fille pour la première fois cette année à Lyon, moi qui vous lis depuis « Train d’enfer pour ange rouge » et votre tranquille et généreuse simplicité est tout simplement en harmonie avec les plaisirs de lecture que vous nous donnés.

«  Les mots sont importants, je vous l’ai déjà dit. Surtout à une époque où rien ne s’efface. Un mot de travers peut ruiner votre vie. Plus de débat. Plus de mea culpa possible. On adule ou on guillotine en  quelques jours seulement.».

 



 

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