dimanche 25 août 2019

Le bal des folles - Victoria Mas

Chronique de Scarlett

Résumé : Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles.  Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles, d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques. Ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.








Chronique :



"Vingt ans n’est rien, pour changer les mentalités ancrées dans une société dominée par les pères et les époux. Aucune femme n’a jamais la totale certitude que ses propos, son individualité, ses aspirations ne la conduiront pas entre ces murs redoutés du treizième arrondissement. Alors elles font attention."




Dans un Paris hivernal et pluvieux, la Salpêtrière, le service des « hystériques » où œuvre  le professeur Charcot et ses collègues Babinski et de la Tourette entre autres. La Salpêtrière, c’est là qu’on rencontre Geneviève l’intendante pragmatique et indispensable du service. Geneviève, si fière d’être le témoin  privilégié de ce savoir médical, convaincue du bienfondé des méthodes de recherche et de soins, mais sans réelle empathie pour les malades qu’elle supervise. Dans cet univers si particulier on rencontre des personnages attachants comme Louise adolescente violée, c’est une patiente idéale pour le professeur Charcot, naïve et gaie elle éprouve une immense admiration pour celui-ci et rêve de devenir  « une des malades guéries » par l’illustre médecin  . Thérèse elle, est une ancienne prostituée qui avec le temps craint le retour à la normalité et surtout craint de quitter ce qui est devenu sa demeure, elle tricote  pour faire passer les heures et réchauffer les corps et les cœurs de ses consœurs .Eugénie quant à elle est fille de notable, elle rêve de liberté , liberté de choisir, liberté de s’exprimer et de penser. Elle possède un don  très rare d’une dimension particulière mais lorsque l’on se nomme Cléry , cela ne peut exister.

Toutes ces jeunes et moins jeunes patientes et les autres nous livrent à travers l’écriture de Victoria Mas leurs peurs, leurs douleurs, leur ennui aussi. On rencontre des femmes ayant besoin de soin et d’autres qui n’en ont pas besoin.

L’auteur nous donne à lire un roman qui rend hommage à tant de femmes. Les décisions en cette fin de 19è siècle appartiennent aux hommes et les héroïnes de ce texte sont victimes des choix masculins. Louise, Eugénie et les autres internées, oubliées.

 Victoria Mas  nous décrit avec une évidente simplicité un petit déjeuner bourgeois ennuyeux  ou bien le doute qui s’installe chez une femme emplie jusqu’alors de certitudes profondes. Elle nous emmène inexorablement vers « le bal des folles » où les internées se montrent et se libèrent un  peu de leur désœuvrement quotidien devant un parterre de bons parisiens venus se montrer, regarder, « voyeurer ».

C’est une lecture très émouvante que je viens de vivre, j’ai appris ce qu’était ce fameux bal de la mi-carême, je me suis rappelée que certaines batailles pour la liberté ne sont pas si lointaines et qu’il faut rester vigilantes et vigilants devant les pouvoirs que s’octroient certains.
Je vous conseille vivement ce roman de la rentrée littéraire.


"Dans une salle d’examen, les deux individus qui s’y trouvent ne sont plus égaux…L’un détermine sa carrière ; l’autre détermine sa vie…Un médecin pense toujours savoir mieux que son patient, et un homme pense toujours savoir mieux qu’une femme : c’est l’intuition de ce regard-là qui rend aujourd’hui anxieuses les jeunes femmes attendant leur évaluation."



1 commentaire:

  1. J'ai lu une chronique sur un autre blog et je dois dire que le pitch me plaît bien. Ayant fait psycho en plus... ça me parle bien.

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