Chronique de Scarlett
Résumé : Après une parenthèse parisienne qui n’a pas tenu ses promesses, Paul
Lerner, dont les derniers livres se sont peu vendus, revient piteusement
en Bretagne où il accepte un poste de journaliste pour l’hebdomadaire
local. Mais les ennuis ne tardent pas à le rattraper. Tandis que ce
littoral qu’il croyait bien connaître se
révèle moins paisible qu’il n’en a l’air, Paul voit sa vie conjugale et
familiale brutalement mise à l’épreuve. Il était pourtant prévenu : un
jour ou l’autre on doit négocier avec la loi de l’emmerdement maximum.
Reste à disputer la partie le plus élégamment possible.
Chronique :
C’était ça, la
vie. Des emmerdes, des deuils, des amitiés brisées, des secrets, des mensonges,
des enfants qui partaient en vrille, des pépins de santé, des hauts, des bas,
le grand manège, du grand n’importe quoi. Et il fallait s’en contenter. La
regarder bien en face, telle qu’elle était, et s’y mouvoir debout.
Aujourd’hui je vais vous parler d’un auteur dont les livres font
écho en moi depuis longtemps, il s’agit d’Olivier Adam, et plus
particulièrement de son dernier roman « Une partie de badminton ».
Olivier Adam écrit des romans parfois très introspectifs et d’autres plus
« extérieurs » si je peux me permettre cette expression. Ici l’auteur
nous livre un vrai questionnement existentiel qui s’abat sur Paul, écrivain en
panne sèche de retour en Bretagne dans une petite station balnéaire pour cause
de pénurie financière. Paul la quarantaine, ayant eu son heure de gloire
littéraire dans le sacrosaint microcosme parisien écrit dans un journal local des articles sur des bagarres
conjugales, la tournée d’un chanteur has been ou bien la construction d’un
complexe hôtelier qui va saccager la côte mais plein de promesses d’emplois.
Paul est marié avec Sarah, professeur de lettres qui elle aussi se retrouve
à un moment clé de son existence. Leur couple est un peu usé par le quotidien.
Ils ont deux enfants, Clément leur fils jeune adolescent attendrissant et Manon
un peu plus âgée, révoltée par ce retour en province qu’elle subit et par les
actions et positionnements de ces parents.
L’auteur amène le lecteur à s’interroger sur des sujets de société au gré
des évènements comme la précarité qui peut vite s’installer dans une vie. La
rencontre avec Jamal et les autres nous questionne sur la problématique de
l’intégration des migrants. Le manque d’inspiration de Paul met en relief la
possible violence du monde littéraire. En effet, là où le lecteur cherche de l’évasion, des univers sordides et
des possibles extraordinaires, le monde littéraire lui impose aussi une réalité
de marketing et broie parfois l’artistique dans une obligation commerciale et
le buzz évènementiel.
Certains évènements vont amener Paul à douter de lui, de ses choix, de sa famille et de sa
propension à « être absent de lui-même ».
Le ton du livre est caustique, les introspections de Paul sont souvent
teintées d’une ironie douce amer tant envers les autres qu’envers lui-même et
j’ai savouré cette autodérision aérienne qui apporte une touche de légèreté
humoristique bienvenue. J’ai dans ce roman respiré la Bretagne, j’ai admiré les
couleurs dont elle se pare au gré du temps, je me suis baladée sur des plages
sous une brume fraîche et matinale. Mais j’ai surtout subi
les doutes, les bilans intérieurs de Paul très bien posés par l’auteur dont
Paul semble être un des avatars.
Il reste que le livre parle essentiellement d’un personnage face à
lui-même. Tout est du domaine de l’intime, et j’ai trouvé la besace de Paul un
peu lourde à porter avec des allers retours et des longueurs pesantes dans le récit.
De ce fait, je suis un peu déçue par cette lecture malgré l’écriture toujours
savoureuse de l’auteur.
Tout lui semblait
une succession de pertes, d’éloignements d’un paradis perdu. Pourquoi les
choses devaient-elles changer quand elles étaient parfaites ? L’enfance
avait la peau dure. Enchantée ou douloureuse, on ne s’en remettait jamais
vraiment.
Mince alors :/ Dommage j'aurais lu ce livre rien que pour le mot Badminton ahaha
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