Chronique de Scarlett
Résumé : Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles.
Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse
et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes,
zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles, d’un côté les
idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et
les maniaques. Ce bal est en réalité l’une des dernières
expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la
Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et
Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce
premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.
Chronique :
"Vingt ans
n’est rien, pour changer les mentalités ancrées dans une société dominée par
les pères et les époux. Aucune femme n’a jamais la totale certitude que ses propos,
son individualité, ses aspirations ne la conduiront pas entre ces murs redoutés
du treizième arrondissement. Alors elles font attention."
Dans un Paris hivernal et pluvieux, la Salpêtrière, le service des
« hystériques » où œuvre le
professeur Charcot et ses collègues Babinski et de la Tourette entre autres. La
Salpêtrière, c’est là qu’on rencontre Geneviève l’intendante pragmatique et
indispensable du service. Geneviève, si fière d’être le témoin privilégié de ce savoir médical, convaincue
du bienfondé des méthodes de recherche et de soins, mais sans réelle empathie
pour les malades qu’elle supervise. Dans cet univers si particulier on
rencontre des personnages attachants comme Louise adolescente violée, c’est une
patiente idéale pour le professeur Charcot, naïve et gaie elle éprouve une
immense admiration pour celui-ci et rêve de devenir « une des malades guéries » par
l’illustre médecin . Thérèse elle, est
une ancienne prostituée qui avec le temps craint le retour à la normalité et
surtout craint de quitter ce qui est devenu sa demeure, elle tricote pour faire passer les heures et réchauffer
les corps et les cœurs de ses consœurs .Eugénie quant à elle est fille de
notable, elle rêve de liberté , liberté de choisir, liberté de s’exprimer et de
penser. Elle possède un don très rare
d’une dimension particulière mais lorsque l’on se nomme Cléry , cela ne peut
exister.
Toutes ces jeunes et moins jeunes patientes et les autres nous livrent à
travers l’écriture de Victoria Mas leurs peurs, leurs douleurs, leur ennui
aussi. On rencontre des femmes ayant besoin de soin et d’autres qui n’en ont
pas besoin.
L’auteur nous donne à lire un roman qui rend hommage à tant de femmes. Les
décisions en cette fin de 19è siècle appartiennent aux hommes et les héroïnes
de ce texte sont victimes des choix masculins. Louise, Eugénie et les autres
internées, oubliées.
Victoria
Mas nous décrit avec une évidente simplicité
un petit déjeuner bourgeois ennuyeux ou
bien le doute qui s’installe chez une femme emplie jusqu’alors de certitudes
profondes. Elle nous emmène inexorablement vers « le bal des folles »
où les internées se montrent et se libèrent un
peu de leur désœuvrement quotidien devant un parterre de bons parisiens
venus se montrer, regarder, « voyeurer ».
C’est une lecture très émouvante que je viens de vivre, j’ai appris ce
qu’était ce fameux bal de la mi-carême, je me suis rappelée que certaines batailles
pour la liberté ne sont pas si lointaines et qu’il faut rester vigilantes et
vigilants devant les pouvoirs que s’octroient certains.
Je vous conseille vivement ce roman de la rentrée littéraire.
"Dans une
salle d’examen, les deux individus qui s’y trouvent ne sont plus égaux…L’un
détermine sa carrière ; l’autre détermine sa vie…Un médecin pense toujours
savoir mieux que son patient, et un homme pense toujours savoir mieux qu’une
femme : c’est l’intuition de ce regard-là qui rend aujourd’hui anxieuses
les jeunes femmes attendant leur évaluation."
J'ai lu une chronique sur un autre blog et je dois dire que le pitch me plaît bien. Ayant fait psycho en plus... ça me parle bien.
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