Nous remercions sincèrement les éditions Fayard pour la lecture de ce livre excellent dont les mots sont la plus grande force et le plus beau prodige
Jean
Védrines :
Né en 1955, à Montluçon, dans le Bourbonnais
Jean Védrines a publié quatre romans salués pour leur créativité langagière.
Chez Fayard, il fut l’interlocuteur de Michel Chaillou dans un livre
d’entretiens consacré à la littérature : L’écoute intérieure (2007).
Résumé : Morteparole_ Fayard 2014
Paul croyait aux
mots qui disent la beauté du monde, ceux de l’école et des poètes, déclamés sur
l’estrade par des maîtresses lumineuses, descendantes des antiques vestales.
Giovan, fils d’immigrés italiens abonné aux mauvaises notes, ne croyait pour sa
part qu’aux mots de la révolution. Pourtant Paul et Giovan étaient amis. Parce
que dans l’enfance les espoirs en un monde meilleur et les visions des poètes
peuvent sembler une seule et même chose, pourvu que les mots vibrent, vivent.
Mais qu’en est-il quelques décennies plus tard ? Certains ne voient jamais se
réaliser leurs rêves, d’autres les trahissent. Paul, qui a vieilli dans le
métier de professeur, subit la parole morte et technique qu’impose désormais
l’institution scolaire. Et Giovan l’anarchiste ?
De livre en livre,
Jean Védrines forge une langue libre, une poétique de la révolte, refusant que
la littérature soit réduite à un instrument de pouvoir, de commerce ou de
domination. Morteparole est son sixième roman (Fayard).
Gribouillis de Grybouille :
Canal + début
septembre, le Grand journal intervention d’Augustin Trapenard, voici l’origine
du comment, du pourquoi, du qu’est-ce, de la lecture que je vous propose
aujourd’hui.
En lisant ce roman
j’ai redécouvert notre belle et riche langue, le Français. C’est immensément
beau, je me redresse, je suis fière.
Ce livre est un
« herbier » représentant la puissance des mots, le pouvoir de
l’imaginaire et des expressions de notre belle langue. Un « herbier »
pour parler de culture quoi de plus naturel, et hop ça c’est fait !
Je vous vois venir,
vous allez me dire : « hou, là ! Attention l’emphase, les
prises de tête, le sirop sirupeux et dégoulinant jusqu’à l’écœurement de la
récitation de « beaux » mots du dictionnaire mis bout à bout, très
peu pour nous ! »
Erreur grave que
vous feriez là, amis lecteurs. Ici point d’écœurement, la légèreté a conduit la
plume de Jean Védrines. Ce récit est une
cascade de qualificatifs, de clichés, de visions, c’est beau on dirait du…
Monnet dans son jardin au bord de l’eau.
L’histoire en
elle-même est bâtie sur l’amitié indestructible entre deux jeunes garçons,
leurs découvertes, leurs passions, leurs aspirations, leurs déceptions, leurs
parcours…
Giovan est issu d’une famille italienne immigrée en France
pour des raisons politique. Sensibilisé très tôt par son milieu familiale et par un frère ainé
très engagé, il est révolutionnaire dans l’âme ce qui le conduira dans les
années 70 à retourner en Italie pour travailler dans le usines Fiat et
participer aux mouvements ouvriers. « En
punir un, pour en éduquer cent », une autre manière de voir
l’éducation, vous ne trouvez pas ?
Giovan dit, en se comparant à l’élève Paul, son ami : « Pas moi, empêtré encore dans les italieneries de mes parents, leur
baragouin approximatif d’immigré de fraiche date, ce qui expliquait sans doute
qu’en classe j’aie deviné bien moins de
merveilles que lui ! » Il se rattrapera plus tard, à chacun son
rythme.
Paul, un père très manuel et une mère maitresse d’école,
une alchimie qui reste délicate.
Pour Paul son père représente « l’austérité de l’ouvrier », le
turbin, la machine, les outils, « le
sang du vieux frileux et crevard ». En opposition avec sa mère qui
dessine et souffle les mots, fait bondir les phrases qui font apparaitre les
images.
Vous l’aurez
compris, les bases jetées à l’enfance, nous allons voir leur aboutissement à
l’âge adulte lorsque nous retrouverons nos deux protagonistes à l’occasion
d’une cérémonie dans un amphithéâtre,
« une fosse à gradins ». Un moment privilégié pour faire le
point, remonté dans le temps…Régler ses comptes !
Entre temps vous aurez lu un très beau roman.
« Tous les gueux et les puissants, apprenant
dans leur chair, leur carcasse, l’ordre du monde, du travail, nus dès lors pour
eux-mêmes, et durs, inflexibles bientôt aux prochains, aux subordonnés ».
Au cours de
ma lecture, j’ai pris les choses
une à une et je me suis laissé porter. J’ai réellement été heureux pendant les
347 pages de ce roman.
Ah, oui, je peux me
tromper mais j’ai cru déceler un peu de « langage des oiseaux ». Donc
amis lecteurs, il faudra bien ouvrir vos yeux et faire quelques recherches. Un
exemple ? « La première de cent
victoires » en parlant du
combat contre la mort, justement au sujet du rapport de la mort à la vie nous
pourrions dire que c’est « la
première de sans victoire », non ?
Allez ça aussi
c’est fait,
@bientôt amis (es)
lecteurs (trices).
Aaaah une chronique de Grybouille, toujours un excellent moment de lecture et un avis sincère ! Je pense que ce livre pourrait m'intéresser !
RépondreSupprimerSuperbe chronique qui donne envie... :)
RépondreSupprimerUne chronique très bien écrite, je ne connaissais pas du tout ce livre et je suis intriguée ! :)
RépondreSupprimerCette chronique donne envie de se noyer dans les mots de ce livre :)
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas ce livre mais j'ai découvert ce blog et Grybouille (un chroniqueur à part si j'ai bien compris ?) grâce à cette critique postée sur babelio : très bien écrite et cela donne vraiment envie ! bravo !
RépondreSupprimerEt c'est "Yes", le Grybouille n'existerait pas sans l'aventure du "Léa Touch Book". J'ai rencontré Léa, il y a quelques années et nous partageons cette passion de la lecture donc je me suis laissé aspirer dans l'aventure avec grand plaisir. Bien sûr nos goûts sont complémentaires et nos cadences de lecture différentes, vous l'aurez remarqué. Merci à tous pour vos encouragements et @bientôt. Signé: Votre Grybouille.
SupprimerJe l'ai ajouté à ma wish, j'adore les livres qui portent sur l'amour des mots avec une histoire, merci de la découverte !
RépondreSupprimerWha! Magnifique chronique... je me laisserai bien tenter :)
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