Un grand merci aux éditions 10/18 ainsi qu'à Madame Pascaud pour cette excellente lecture !
Richard Powers est né en 1957 aux États-Unis. « Trois fermiers s’en vont au bal », son premier roman a valu à
l’auteur d’être cité par le magasine Esquire comme l’un des trois plus grands
auteurs de la décennie, aux côtés de Martin Amis et de Don Delillo. Richard
Powers a écrit depuis une dizaine
d’autres ouvrages, dont « Le temps
où nous chantions », élu meilleur livre de l’année 2003 par le
New-York times et le Washington Post, et « La chambre aux échos », couronné par le National Book Award.
Il vit aujourd’hui dans l’Illinois.
Le
Dilemme du prisonnier
Traduit par : Jean-Yves Pellegrin
Chez les Hobson, on ne parle pas des choses
graves si ce n’est sous forme de devinettes. Aussi, lorsque le père de famille
tombe malade, son jeune fils Eddie Jr. cherche à comprendre d’où vient ce mal
étrange qui le ronge. Remontant l’histoire paternelle, il lève peu à peu le
voile sur toute une Amérique en train de se faire, depuis l’exposition
universelle de 1939 en passant par les premiers essais nucléaire. Une Amérique
dont sa famille porte la secrète et douloureuse empreinte…
« Son œuvre à la fois réaliste et
visionnaire est une véritable encyclopédie de son temps et de son pays, (…)
tout en mêlant constamment des destins individuels et de devenir
collectif. »
Les Gribouillis de
Grybouille :
Ce livre m’a demandé de l’application, mes modestes neurones ont été
sollicités.
Pour faire appel à une analogie entre ce livre et le milieu
automobile : « Avec une 2 chevaux et une Ferrari vous pouvez rouler à
110 km/h mais arrivée sur circuit la Ferrari est la seule à pouvoir dépasser
les 200 km/h », et bien avec ce roman vous évoluez à plus de 200 km/h en
toute sécurité.. .
La technique de Richard Powers
est bluffante dans chaque phrase nous retrouvons la même
importance des mots employés. La construction du roman en lui-même, passant de l’histoire d’une famille américaine à
l’Histoire avec un grand « H » tout court, est un ravissement.
Les détails dans les petites choses
sont décrits avec forte application, tous nos sens sont stimulés malgré leur
évocation en deux dimensions couchée sur la page blanche où l’encre s’est répandue.
Déroutant !
Pour l’histoire en elle-même, cela m’a fait penser a deux
préceptes : Premièrement, « les
enfants sont fous lorsqu’ils pensent que leurs parents seront toujours là,
immortels ». Et deuxièmement, « nous nous devons de vivre chaque instant,
chaque seconde de ce cadeau qui nous a été fait, la vie ! »
En ce qui concerne le message propre à ce roman je parierais
sur :
« Si tu peux voir
détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n'être qu'un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n'être qu'un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui est mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils ».
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui est mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils ».
Rudyard Kipling (1865-1936)
« Ou
une femme, ma fille… »
Grybouille (19..-….)
Nous sommes à la fin des années 70, la famille Hobson sur
laquelle repose le roman habite De kalb dans la région de Chicago. Les 6
membres semblent vivre en quarantaine dans leur maison, elle se compose de 6
personnes :
Le père, Eddie qui a « L'espoir
que tout pouvait encore s'arranger à condition de ne pas broncher, de tout
minimiser, et de se faire aussi petit que possible », « Adepte des guérisons accomplies par
négligence calculée, retour à la
normale », retranché dans son invention « Hobsville » ;
La mère, Ailene impossible de dire « Ton père est malade »,
elle se retranche dans « Ton père ne va pas bien », épuisée ;
Les 4 enfants, Artie, Lily, Rachel et Eddie junior « Ils
avaient tous contracté, au contact du père, la part contagieuse du mal.
L’espoir que tout pouvait encore s’arranger à condition de ne pas broncher, de
tout minimiser et de se faire aussi petit que possible » mais la
révolte gronde.
Dans cette nécessité de penser historiquement, nous appréhendons
de 1939 à 1979 : Les effets de l’exposition internationale de New-York,
Walt Disney et son personnage fétiche, les conditions d’entrée en guerre
des États-Unis, L’éveil de l’exubérance Américaine, l’avènement du monde
nucléaire… Thanksgiving et la magie de Noël…
Et en profondeur « Le
dilemme du prisonnier, jeu de trahison et de coopération », une
recherche, un pèlerinage oserais je dire, une énième devinette d’Eddie sénior.
Enfin posés après tous ces émois
vous vous pensez stables, vous reprenez votre souffle et paf…
Mais on parle de quelle famille dans ce livre ?
L’auteur se joue de nous, extrapolation, mystification, trahison,
rédemption, ascension, animation, résurrection…
Habile conteur qu’est Richard Powers, qui nous fait voyager dans « son
mode du monde » à nous étourdir mais qui est qui ? Vous le
découvrirez en vous jetant à corps perdu dans ce roman qui ne vous laissera pas
indifférents, parole de Grybouille qui en a perdu quelques plumes.
Ha, oui ! « No pain, no gain » comme disent nos frères
Américains, accrochez-vous !
@bientôt, Grybouillement vôtre,
Un roman que j'ai hésité à choisir, je le regrette mais il n'est pas trop tard pour changer d'avis !
RépondreSupprimerDes plumes perdus pour la bonne cause avec cette super chronique ;) J'ai bien envie de me laisser entraîner dans l'aventure du coup, merci :)
RépondreSupprimerÉtrange et mystérieux comme livre mais comme je suis curieuse, pourquoi pas ?
RépondreSupprimerTrès belle chronique :) Tu sais me tenter des livres que je n'aurai même pas vu.
RépondreSupprimerJ'ai lu Gains du même auteur et j'aime vraiment cet auteur, suis mon conseil Grybouille il faut que tu lises Gains et aussi Le Temps où nous chantions !! Et moi je lis Le Dilemme du Prisonnier promis ;D
RépondreSupprimerHou Hou, "Le temps où nous chantions" est en cours de décodage_ Stop_ et je suis ton conseil pour "Gains"_ Stop_ Merci Kevin_ Stop_ @bientôt_ Stop_ Grybouille.
SupprimerEn ce moment je n'ai point la tête à lire un roman qui sollicite toute mes pauvres neurones bien fatiguées lol Mais tout cela me donne envie, donc je prend bonne note et on verra quand mes neurones se seront reposées lol
RépondreSupprimerIl est dans ma pal mais je n'arrivais pas à l'en sortir (j'avais lu un avis qui m'avait un peu déstabilisée). Je suis contente de passer par la et de découvrir ton billet si enthousiaste. Tu me donne envie de le mettre plus haut et de la découvrir rapidement.
RépondreSupprimerUne chronique bien intrigante :) alors... pourquoi pas ;)
RépondreSupprimerBonne prochaine lecture à toi :)
Cet auteur me fait de l'oeil depuis quelques temps, ta chronique confirme cette idée de cadeau de dernière minute :D
RépondreSupprimerJe le met dans ma wish-list la couverture est magnifique je trouve
RépondreSupprimerLe temps où nous chantions m'avait déçu. J'hésite.
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