Les éditions Gallmeister constituent un bijou dans le monde de
l'édition en nous apportant des textes emblématiques de toute une culture, de
toute un pan de la littérature américaine... L'un des exemples les plus
importants est sans contexte l'œuvre d'Edward Abbey, un des plus célèbres
écrivains de l'Ouest américain, un des auteurs déterminants du nature writing.
Je voudrais dans cet article mettre en avant son œuvre avec quatre romans,
récits que j'ai lu, adoré et qui m'ont fait voyager, rêver.
Un grand merci ainsi aux éditions Gallmeister de nous faire découvrir
de si bons ouvrages ainsi qu'à Madame Koulechova pour sa confiance !
Petite biographie tout d'abord
[signée des éditions Gallmeister] : Edward Abbey est né dans la ville d'Indiana,
en Pennsylvanie, le 29 janvier 1927. En 1944, âgé de dix-sept ans, il
quitte la ferme familiale pour aller à la découverte de l'Ouest
américain : il tombe amoureux du désert, un amour qui l'animera sa vie
durant. Après un bref séjour dans l'armée en Italie entre 1945
et 1947, il rejoint l'université où il rédige une thèse sur
"L'anarchie et la moralité de la violence". Il commence à travailler
en tant que ranger dans divers parcs nationaux américains et passe notamment
deux saisons au parc national des Arches dans l'Utah. Cette expérience lui
inspirera son récit Désert
solitaire publié en 1968. Le succès de ce livre et du
roman Le
Gang de la clef à molette, paru en 1975, ont fait de lui une
icône de la contre-culture et le pionnier d'une prise de conscience écologique
aux États-Unis. En 1987, il se voit offrir l'un des prix littéraires les plus
prestigieux de l'Académie américaine des arts et des lettres. Mais il déclinera
cet honneur : il avait prévu la descente d'une rivière de l'Idaho la
semaine de la cérémonie de remise du prix… Il meurt en 1989 à l'âge de
soixante-deux ans des complications d'une intervention chirurgicale. Il
laissera derrière lui une femme et quatre enfants, une douzaine de livres et un
message pour la postérité : "No comments." Il demanda à être
enterré clandestinement dans le désert par ses proches. Aujourd'hui encore,
personne ne sait où se trouve sa tombe.
Seuls sont les indomptés
Résumé : Au milieu des années 1950, Jack Burns reste
un solitaire, un homme hors du temps. Il s’obstine à parcourir le
Nouveau-Mexique à cheval, vit de petits boulots et dort à la belle
étoile. Lorsqu’il apprend que son ami Paul vient d’être incarcéré pour
avoir refusé de se soumettre à ses obligations militaires, Jack décide
de se faire arrêter. Retrouver Paul en prison et s’évader ensemble, tel
est son plan. Mais il n’imaginait pas que son évasion déclencherait une
traque d’une telle ampleur. Nul ne peut impunément entraver la marche de
l’ordre et du progrès.
Traduction : Laura Derajinski et Jacques Mailhos
Chronique : Avec une introduction sous forme de ballade, l'auteur nous emporte dans son monde, son
univers avec force de conviction et une écriture sublime...
Seuls sont les indomptés, titre qui m'a immédiatement plu,
interpellé, raconte l'histoire de Jack Burns, un homme habité par la nature,
par les grands espaces et le chant qui s'en dégage. Un homme qui va y renoncer
- a priori pour un court instant - afin d'aider à l'évasion de son ami Paul.
C'est une amitié unique qui transparait entre ces lignes, lorsqu'on est capable
de se faire incarcérer, de faire face en quelque sorte à son pire cauchemar par
pure amitié.
Là où ce livre est magnifique c'est par la capacité de l'auteur à
retranscrire les grands espaces et d'en faire ensuite une mise en parallèle
avec l'univers carcéral. Ainsi vous découvrirez tout un monde sauvage lors
de la ballade de Jack vers une ville qui se rapproche progressivement... Une
ville remplie de violences, de bruits et d'odeurs tellement différentes du
monde qui l'entoure. Ici Edward Abbey rend hommage à un environnement qui
n'existe déjà plus, c'est cela que
j'aime le plus dans le nature writing : c'est une sorte de témoignage, une
photographie de ce qui fût et n'est plus... Je voudrais ainsi applaudir la
splendide traduction de Laura Derajinski et Jacques Mailhos!
Vous l'aurez compris, n'ayant pas encore atteint la trentaine à cette
époque, nous étions déjà en présence d'un immense écrivain !
Le Feu sur la montagne
Résumé : Chaque année, aux premiers jours de l’été, Billy quitte ses parents et la ville, il monte dans un train et traverse le pays en direction de l’Ouest. Arrivé sous le ciel infini et le soleil éclatant du Nouveau-Mexique dans le ranch de son grand-père, Billy chausse ses bottes, retrouve son cheval et parcourt les étendues arides et sauvages. L’été de ses douze ans, il découvre le ranch au bord de l’insurrection : l’US Air Force s’apprête à réquisitionner les terres de son grand-père pour y installer un champ de tir de missiles. Mais le vieil homme ne l’entend pas ainsi. Et Billy compte bien se battre à ses côtés.
Traduction : Jacques Mailhos
Chronique : Le Feu sur la
montagne représente lui aussi un très grand classique du genre. Au
travers du récit d'un combat pour garder des terres, Edward Abbey fait une véritable métaphore de l'existence : il
faut se battre pour nos idées, pour ceux et ce que l'on aime.
Chaque année, Billy rejoint son
grand-père, son ranch et ses chevaux pour de nouvelles aventures estivales.
Néanmoins cette année est différente, John risque de perdre ses terres au
profit de l'US Air Force. Dès lors commence une bataille pour garder la maison
et tout ce qui s'y rattache. Un livre court -comparé aux autres romans de l'auteur-
mais très fort et ce pour plusieurs raisons.
Ce livre est terrible émouvant du fait de l'amour qui lie nos deux
protagonistes. D'un côté l'admiration indéfectible de Billy pour son
grand-père, de l'autre l'adoration paternelle de John envers son petit-fils.
C'est un lien indestructible qui permettra à tous les deux d'affronter les
épreuves qui s'annoncent.
L'autre point que j'ai adoré c'est encore une fois cette confrontation
entre un monde qui fût et un monde qui sera, entre la nature et la technique,
entre l'humain et la machine. Ainsi
la possible destruction d'un ranch, symbole de toute une génération américaine
au profit d'un champ de tir de missiles est vraiment une allégorie de la
technologie prenant le pas sur l'homme.
Le Gang de la
clef à molette
Résumé : Révoltés de voir le somptueux désert de l'Ouest défiguré par les grandes
firmes industrielles, quatre insoumis décident d'entrer en lutte contre
la “Machine”. Un vétéran du Vietnam accro à la bière et aux armes à
feu, un chirurgien incendiaire entre deux âges, sa superbe maîtresse et
un mormon nostalgique et polygame commencent à détruire ponts, routes et
voies ferrées qui balafrent le désert. Armés de simples clefs à molette
– et de quelques bâtons de dynamite – ils doivent affronter les
représentants de l'ordre et de la morale lancés à leur poursuite.
Commence alors une longue traque dans le désert.
Traduction : Jacques Mailhos
Chronique : Ce roman est sûrement l'un des plus renommés de l'auteur
mais aussi un des symboles littéraires de la maison Gallmeister. Un énorme pavé
littéraire qui m'a ravi du début à la fin, parsemé d'illustrations mettant
parfaitement en lumière les propos d'Edward Abbey.
Ce livre est donc un peu
différent des autres du fait de l'originalité
des illustrations ancrées dans le récit -signées Crumb-, et qui sont devenues indispensables
à la lecture de ce roman ! Ici laissons place à un peu d'humour au travers d'un road
movie inoubliable où quatre personnes rebelles vont tenter d'affronter
l'évolution industrielle.
Ainsi ce roman représente tout autant une critique virulente de la
société qu'un parfait moment littéraire avec du rire et parfois quelques larmes.
La force majeure de cette œuvre se trouve dans les protagonistes : des
personnalités atypiques et uniques qui vous accompagneront tout le long du
chemin !
Pour moi ce livre est vraiment génial car il démontre que même avec le
rire on peut faire passer d'importants messages. Si le rire est le propre
de l'homme, dès lors il faut l'utiliser pour donner sa propre morale. Edward
Abbey nous met ainsi en exergue le lien indéfectible entre l'homme et la nature
ainsi que notre combat inévitable pour la défendre vis-à-vis de nos propres
actions.
Désert Solitaire
Résumé :Peu de livres ont autant déchaîné les passions que celui que vous tenez entre les mains. Publié pour la première fois en 1968, Désert solitaire est en effet de ces rares livres dont on peut affirmer sans exagérer qu'il “changeait les vies” comme l'écrit Doug Peacock. À la fin des années 1950, Edward Abbey
travaille deux saisons comme ranger dans le parc national des Arches,
en plein cœur du désert de l'Utah. Lorsqu'il y retourne, une dizaine
d'années plus tard, il constate avec effroi que le progrès est aussi
passé par là. Cette aventure forme la base d'un récit envoûtant,
véritable chant d'amour à la sauvagerie du monde, mais aussi formidable
coup de colère du légendaire auteur du Gang de la clef à molette.
Traduction : Jacques Mailhos
Chronique : En faisant ce petit article consacré à Edward Abbey, je
viens de remarquer que son traducteur attitré est Jacques Mailhos que je salue encore une fois pour son travail et son
aisance à nous dévoiler les mots d'Edward Abbey.
Parlons maintenant de ce récit,
car contrairement aux livres précédents, il
s'agit ici d'un véritable récit contant les aventures de l'écrivain. J'ai
vu en ce livre le mélange savant entre
le récit, le roman, l'essai au travers d'une écriture aussi poétique et
majestueuse qu'il est possible de l'être. Ce récit apporte une pierre
unique à l'édifice romanesque d'Edward Abbey tant par sa philosophie intrinsèque que sa qualité littéraire.
Le fait de découvrir enfin une
partie de la vie de cet auteur, ses véritables pensées et revendications a été
un tournant dans ma lecture de son œuvre puisqu'elle m'a amené à comprendre que
derrière un excellent écrivain se
cachait un très grand homme. Un homme qui a vécu selon ses idéaux, qui n'a
jamais renoncé à ce qu'il était et ce malgré le tournant que prenait
l'Histoire. Je pense ainsi que Désert
Solitaire a fait écho en toute une génération, a créé la polémique car il
touchait le véritable fond du problème.
C'est généralement en vivant certaines expériences qu'on peut le mieux
décrire des idées, les faits deviennent réalité au-delà de la simple idée
substantielle. C'est ainsi que l'auteur nous transmet un magnifique message.
Je vous transmets donc ce message à mon tour...
A découvrir aussi [Pour voir le résumé du livre, vous pouvez cliquer sur l'image] :
Un auteur à lire a ce que je vois!!!!;)
RépondreSupprimerJ'ai trop hâte de lire celui que j'ai gagné grâce à toi, cet auteur me semble à découvrir absolument !
RépondreSupprimerEt bien, un incontournable que je dois lire ! :-)
RépondreSupprimerWAOOUUUU, super chronique, gros travail de lecture et le bandeau est génial. C'est ma première visite sur ton Blog et ...
RépondreSupprimerLéa: "Dis-donc Grybouille qu'est que tu fais là ? Laisse la place aux vrais visiteurs du Blog ! Allez, hop, file..."
... Mince j'ai été repéré. Je me sauve mais qu'en même c'est une super Chronique qu'elle nous a livrée, hein ?
@bientôt, le p'tit duc, Grybouille.
Passionnant !
RépondreSupprimerMerci.
Je ne connaissais pas cet auteur et maintenant j'ai envie de lire tout ces livres ^^
RépondreSupprimerMerci pour la découverte !
Tu me donnes bien envie de découvrir l'auteur :)
RépondreSupprimerJe n'ai lu que Le gang de la clef à molette... mais tu me donnes envie d'en lire plus ! Ne pas oublier aussi, chez Gallmeister, l'excellent Trevanian !
RépondreSupprimerChouette article, ça donne envie de découvrir l'auteur !
RépondreSupprimerun très beau billet, j'ai lu ( et pense relire ) desert solitaire et enchaîner par le suite ses autres ouvrages qui dorment dans ma pal !
RépondreSupprimerJ'adore cette maison d'édition et j'ai plusieurs livres de cet auteur qui attende que je me plonge dedans. Tu me donnes envie, mais je vais commencer par leur nouveauté à venir "L'oiseau du bon dieu" de James McBride avant :)
RépondreSupprimerje suis un accro de cet éditeur mais je n'ai pas encore lu cet écrivain. Ton article me culpabilise ;-) Merci à toi ! ;-) ;-)
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas du tout cette maison d'édition jusqu'à ce que je la découvre récemment sur un blog et je suis très intriguée, ça donne envie de découvrir leurs parutions!
RépondreSupprimerGéniale cette chronique!! Je suis fan de cette maison d'édition!
RépondreSupprimerJe les ai tous lus (sauf le dernier paru, mais c'est en projet), je suis fan de la maison d'éditions (j'ai même rencontré O Gallmeister ^_^) et lu quasiment tout leur catalogue Nature writing. C'est un chouette billet que le tien!
RépondreSupprimerTrès intéressante chronique de cet auteur. Merci pour la découverte et pour la rétrospective de ses romans et du grand personnage. J'ai une curiosité pour Seuls sont les indomptés et Le feu sur la montagne pour commencer et ensuite Le gang de la clef à molette.
RépondreSupprimerC'era una volta
Superbe article :D Tu donnes envie de me plonger dans ses romans.
RépondreSupprimerBelle chronique sur cet auteur ! J'aime beaucoup les édtions Gallmeister, je ne suis jamais déçue en général mais je ne connaissais pas encore cet auteur.
RépondreSupprimer"Le gang de la clé à molette" me fait super envie. Je l'ai découvert chez un ami qui lit énormément et qui a des goûts très fins et très sûrs. Vu que j'aime ce genre de littérature il est clair que je ne pouvais que le ranger dans la wishlist. Bon, je n'ai ni la place ni le budget pour le grand format, mais j'espère qu'une parution poche me permettra de le découvrir ! :)
RépondreSupprimerMaintenant, j'ai "seuls les indomptés" et je commencerai par lui puisqu'il est le premier ;-))
RépondreSupprimerCannibal Lecteur