mardi 6 septembre 2016

M pour Mabel - Helen Macdonald

Chronique de Scarlett
Traduction : Marie-Anne de Béru 
Résumé :  Enfant, Helen rêvait d'être fauconnier. Elle nourrit des années durant son rêve par la lecture. Devenue adulte, elle va avoir l'occasion de le réaliser. De manière brutale et inattendue, son père, journaliste qui a marqué profondément sa vision du monde, s'effondre un matin dans la rue. Terrassée par le chagrin, passant par toutes les phases du deuil, le déni, la colère, la tristesse, Helen va entreprendre un long voyage physique et métaphysique. Elle va se procurer un rapace de huit semaines, le plus sauvage de son espèce, Mabel. Réputé impossible à apprivoiser. Elle va s'isoler du monde, de la ville, des hommes. Et emprunter un chemin étonnant.

Merci aux éditions Fleuve pour cette lecture !




Chronique :  


« Il est un temps dans la vie où vous vous attendez à ce que le monde soit toujours rempli de nouveautés. Puis il vient le jour où vous comprenez qu’il n’en va pas toujours ainsi. Vous voyez que la vie va devenir une chose faite de trous. D’absences. De pertes. Des choses qui ont été là, mais qui ne le sont  plus. Et vous réalisez également que vous devez vous développer autour de ces manques, entre ces creux … »

Que peuvent avoir un commun l’auteur de fantasy TH White, un autour et l’écrivaine Helen Macdonald. Et bien c’est cela que l’on découvre dans le très beau roman de celle-ci M pour Mabel.

Mabel est le personnage phare de ce livre, c’est une jeune autour, l’autour étant un rapace puissant qui chasse le jour. Mabel est donc cet oiseau sauvage que les fauconniers « dressent » parfois comme d’autres éperviers. Mabel est surtout dans ce roman le personnage qui va permettre à Helen de traverser certaines étapes de sa vie notamment le deuil récent de son père, une compagne en quelques sortes que l’on voit évoluer durant ce roman avec fascination.

L’auteur historienne et enseignante et qui s’est découvert une passion pour la fauconnerie très jeune décide d’adopter un autour. Le décès de son père est un déclencheur qui lui donne l’élan pour aller au bout de ce projet. Elle a déjà  éduqué des faucons (petit aparté : je n’aime pas trop ce terme concernant un oiseau si sauvage, il me semble que ces volatiles indomptés n’ont rien en commun avec le terme d’éducation, voler c’est être libre…) et maîtrise la théorie sur le sujet notamment grâce à un livre précieux à ses yeux, celui de TH White.

Celui-ci est aussi un acteur important du roman. L’auteur nous parle en effet de cet ancien professeur qui a eu une éducation rigide, froide et solitaire et qui décide un jour de tout quitter, d’écrire et d’élever un autour. White est un personnage complexe, malheureux, très solitaire et aussi l’auteur du roman L’épée dans la pierre qui est à l’origine du film de Disney Merlin l’enchanteur. Il est moins connu évidemment pour son livre et son apprentissage malheureux avec son autour. 

Helen Macdonald nous fait vivre en parallèle de sa propre expérience, les espoirs, les désillusions et certains sentiments qu’a pu ressentir cet homme.

Et là ou White en s’essayant à des expériences agressives hasardeuses et maladroites échoue à communiquer, Helen répond par une patience infinie, un questionnement perpétuel et un savoir s’oublier qui lui permet de mieux communier avec son faucon. 

Ce livre est  intimiste mais il nous apprend aussi une histoire de la fauconnerie, des détails très techniques sur le poids de vol d’un rapace, sur ce qu’est un chaperon, sur les capacités visuelles extraordinaires de ce magnifique spécimen. L’auteur nous explique que la fauconnerie a traversé les civilisations parce que les faucons sont demeurés indomptés et ont toujours fasciné les hommes. Les descriptions que nous fait Helen Macdonald de ce magnifique oiseau sont colorées, imagées comme le sont les aperçus de la nature britannique, elle dépeint les petits détails parfaitement en fine observatrice, on ressent les vibrations, les odeurs et les couleurs de chaque moment qu’elle vit.Le lent travail de deuil qui se fait dans le livre est quant à lui décrit de manière pudique et tellement vrai.

Le sujet principal : l’autour et certaines longueurs sur cette thématique peuvent faire hésiter certains d’entre vous, sinon allez-y car le texte est beau, profond, intime. 

« Je commençais à comprendre que le monde est rempli de signes et de merveilles qui apparaissent et disparaissent. A comprendre que si vous avez de la chance, vous pourrez peut-être les voir. Une fois. Deux fois. Peut-être jamais plus….des évènements célestes terrifiants par leurs éloignements, mais cependant rassurants, car le monde est éternel, même si nous ne sommes qu’un fragment de sa course. »



12 commentaires:

  1. Ta chronique est vraiment très jolie à lire, j'imagine que l'histoire doit être prenante

    RépondreSupprimer
  2. J'aime les oiseaux : je pense que ce livre peut me plaire !!

    RépondreSupprimer
  3. On m'en avait déjà parlé en bien, mais j'hésite toujours ! Trop de chouettes livres pour la rentrée.

    RépondreSupprimer
  4. Je préfère passer mon tour, même si la couverture me plait beaucoup, j'ai peur de ne pas accroché plus que ça !

    RépondreSupprimer
  5. Un livre que j'ai trouvé très intéressant également :) !

    RépondreSupprimer
  6. Une belle critique mais je ne suis pas très tentée par cet ouvrage.

    RépondreSupprimer
  7. Un livre que l'on voit un peu partout mais qui ne me tente pas plus que cela.

    RépondreSupprimer
  8. J'en avais déjà entendu parler en bien, mais étant un poil phobique des bêtes à plumes, je pense qu'il vaut mieux que je laisse tomber !

    RépondreSupprimer
  9. Je suis sûre que ce roman est sublime mais mise à part sa belle couverture, je ne suis pas du tout tentée par sa lecture.

    RépondreSupprimer
  10. Apprivoiser un faucon et réapprendre à vivre. "Profond et intime", c'est ce que j'aime avant tout dans les livres...
    Bonne soirée Léa

    RépondreSupprimer