Big Sur et les oranges de Jérôme Bosch
Henry MILLER
Traduit par Roger Giroux
Il n’y a ni
ruines ni reliques dont on puisse rendre compte. Nulle histoire que l’on puisse
évoquer. Visage de ce qui a toujours été. La Nature se sourit dans le miroir de
l’éternité.
Le Big Sur de
Miller, publié en 1959 en France, dépeint cette région reculée et sauvage de la
Californie, au sud de San Francisco, que l’auteur habitera jusqu’en 1963. Récit
de vie et ode à la nature s’il en est, chronique d’une petite communauté haute
en couleur, le texte est une méditation sur la possibilité de vivre heureux
avec moins, et de se consacrer à des enjeux spirituels et esthétiques dans un
endroit qui évoque une forme de transcendance. Mais comme toujours avec Miller,
le récit est ponctué de digressions et de coups de gueule tous plus vivifiants
les uns que les autres.
Un grand texte,
qui mêle profondeur d’une réflexion aux accents extrêmement contemporains sur
l’avenir de l’humanité et choix du dépouillement comme ligne de vie, diatribes
enflammées sur la société consumériste et somptueuses descriptions d’une terre
sauvage et magnifique.
Édition
précédée d’un extrait de Henry Miller, Lettres à Maurice Nadeau
(1947-1978).
Henry Miller
Henry Miller
naît en 1891 à Brooklyn. Il exerce plusieurs métiers avant de se consacrer à
l’écriture. En 1920, il épouse June, qui sera sa muse et le personnage central
de plusieurs de ses romans. En 1930, il s’installe pour quelques années à
Paris, où il se lie avec de nombreux peintres et écrivains et rencontre Anaïs
Nin. Il ne retournera aux États-Unis qu’en 1942. Il vit en Californie, où il
mourra en 1980. Des Tropiques à J’suis pas plus con qu’un autre,
de Printemps noir aux trois volumes de La Crucifixion en rose,
Miller inaugure une approche inédite de l’écriture qui mêle fiction et
autobiographie, lyrisme et crudité verbale. Décriée, censurée pour obscénité,
son œuvre figure désormais parmi les incontournables de la littérature
américaine au xxe siècle.
(Source les
Éditions Bouchet.Chastel)
Le bonus :
Grybouille,
Si vous lisez
ce livre, promettez-moi une chose, prenez votre temps. Le roman que nous
propose Henry Miller doit se déguster, ligne après ligne, page après page, mais
surtout mot après mot. Car il existe des écrits, comme celui-ci, qui doivent prendre
le temps d’être fouillés. Et lorsque la maturation est atteinte, la lumière se
fait d’elle-même.
Après la mise
en place du décor, le niveau d’écriture monte « crescendo » pour
emmener le lecteur (trice) vers des questions essentielles, tout là-haut.. .
BIG SUR, le
lieu de la colonie, pour ne pas dire de la communauté, où Henry Miller a posé
sa famille en rentrant d’une Europe en pleine seconde guerre mondiale.
« Voici le visage de la Terre tel que le
Créateur l’a conçu. », ainsi est présentée la contrée de BIG SUR.
Avec le bottin
des habitants que vous aurez gratuitement, vous allez découvrir comment se
débrouillent ceux qui ont choisi de vivre libre. Le paradis, en 1946 ?
C’est une nouvelle cabane que l’on vous donne, pas de vêtements neufs mais du
bon vin.
« … cette existence au jour le jour était
merveilleuse… »
« Le lieu idéal…livré à vous-mêmes et à vos
seules ressources. »
Les
habitants ? Une communauté d’artistes et de « Nous autres américains… », venus s’isoler pour mieux se livrer
à leurs arts avec 7 dollars pour vivre par semaine. Une galère ? Non, une
nécessité… Car vivre à l’écart ne protège que partiellement du visiteur désœuvré,
qui vous tombe dessus à l’improviste et toujours au mauvais moment malgré la
difficulté d’accès du lieu. Alors en ville…
Les enfants
dans tout cela ? Ils sont très tôt responsabilisés à l’image de la famille
Lopez : « Les trois
garçons Lopez… savent réparer n’importe quoi, oui, absolument n’importe quoi et
s’adapter à n’importe qu’elle situation, bien avant d’être des adultes. »
Les adultes ont
un devoir, être des exemples et prier lors des moments difficiles. Un retour
aux sources…
« La volonté de Dieu… ces quatre mots
signifient simplement que l’intelligence qui dirige l’Univers ou l’esprit qui
est l’Univers est là, prête à se manifester, prête à collaborer, dés que vous
cessez de vous mettre en avant. »
Un clin d’œil à
Léa. Cette question qui arrive au milieu du roman, que tout à chacun se pose un
jour : « Quel rôle
jouerai-je dans la vie ? »
Peut-être le
début d’une réponse « Sois potentat
», que le p’tit Duc comprend comme sois souverain de ta destinée, ne doute de
rien…
A travers les
chapitres, nous sommes invités à réfléchir sur les grandes questions que se
posent la plupart d’entre nous.
« La Nature, elle, ne vieillit jamais… elle
donne et elle reprend… nous sommes tous les membres d’un même corps. »
« …il est préférable de trouver la réponse
soi-même que de l’obtenir de quelqu’un d’autre. Même si ce n’est pas la bonne
réponse. »
« On ne nait pas artiste. On choisit de l’être. »
« J’avais été un mari, j’avais été un père,
j’avais été une mère… et une gouvernante et un compagnon de jeux, et un pitre,
et un imbécile... » Henry Miller
L’auteur
qualifie, lui-même, son livre de « pot-pourri ». C’est vrai que
thématique après thématique tout y passe sous la plume d’Henry Miller. Génial…
Vous êtes
prêts pour un grand bol d’air ? C’est parti… Vivez heureux…
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