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mercredi 5 septembre 2018

Simple - Julie Estève

CHRONIQUE DE SCARLETT
Résumé : On ne l’appelle jamais Antoine Orsini dans ce village perché au cœur des montagnes corses mais le baoul, l’idiot du coin. À la marge, bizarre, farceur, sorcier, bouc émissaire, Antoine parle à sa chaise, lui raconte son histoire, celles des autres, et son lien ambigu avec Florence Biancarelli, une gamine de seize ans retrouvée morte au milieu des pins et des années 80.
Qui est coupable ?
On plonge à pic dans la poésie, le monde et la langue singulière d’un homme simple, jusqu’à la cruelle vérité.









Chronique :


« Le lac, c’est plus grand  que la douche. La dernière fois que je me suis nettoyé, j’étais pareil qu’au palace. Plein aux as ! Fallait voir le soleil qui mettait de l’or partout ! Me suis penché au-dessus de la flotte et suis tombé nez à nez sur mon reflet : en or massif !..Un super héros j’étais.»


« Simple » de Julie Estève, c’est l’histoire d’Antoine qu'on surnomme le baoul dans son village, baoul comme demeuré, idiot. Antoine lui nous raconte tout ce qui lui passe par la tête, son passé, son village, les drames et les petits riens de sa vie mais aussi son ressenti, ses sentiments avec ses mots à lui. Il nous parle des rêves étranges qu’il fait ainsi que de l’avant, pendant et après drame, celui  qui a marqué le village et changé sa vie à lui le baoul. Antoine il est différent depuis toujours, il aime Ayrton Senna, les belles voitures , les cailloux et les figues entre autres . Il a de l’humour, un sens aigu de l’observation et une logique très simple et tellement évidente. Et comme il ne reste plus personne pour l’écouter et bien Antoine il parle à sa chaise. C’est le personnage central de ce roman, et il est touchant mais il fait peur parce que ce qui se passe dans sa tête il n’arrive pas à l’exprimer.

Dans son village en Corse il a fait de belles rencontres comme Madame Madeleine l’institutrice et Magic un dictaphone que lui ont offert son frère et sa sœur et qu’il considère comme un ami comme sa chaise parce que finalement les objets ils ne vous jugent pas. Il aime aussi beaucoup Florence Antoine, elle qui faisait rêver beaucoup de garçons car elle était attentionnée avec lui avant de mourir dans les bois.

Dans le village il y a aussi tous les autres, son père alcoolique qui lui reproche d’avoir tué sa mère en naissant, son frère Pierre qu’il voit peu maintenant qu’il s’est fatigué de le défendre contre tous, et sa sœur Tomasine qui est partie à Paris pour fuir le village et aller à la rencontre de son rêve de devenir actrice. 

La mère Biancarelli quant à elle, l’insulte dès que possible car elle le pense responsable de la mort de Florence sa fille. Il y a aussi Noëlle qu’Antoine surnomme la murène  si désespérée de ne pouvoir enfanter qu’elle en devient aigrie, Yvan « l’extraterrestre » fou d’amour pour Florence. Et puis en prison, et oui Antoine fera de la prison pour une raison que vous comprendrez en lisant le livre il rencontre Saguézé un taulard mafieux qui le protègera tout le long de son séjour en taule parce qu’Antoine lui rappelle son frangin.

Ce roman est touchant et très drôle parfois comme lorsque qu’Antoine décrit la « merde » qu’est Doumé, ce pauvre mec qui fanfaronne , « engrosse » en douce une jeune femme amoureuse tout en étant bien marié et se dégonfle et se débine quand surviennent les problèmes. Antoine utilisera pas moins de 27 mots pour dire ce qu’il pense de ce pauvre type, lui le simplet il peut aligner 27 termes différents pour décrire un sombre nullard.
C’est un livre très agréable à lire, qui vous fait sourire même si c’est de tristesse et les personnages sont réels, vivants, tangibles quant à Antoine son rire, ses mots résonnent encore dans ma tête.


 « Son frère parlait aux arbres, aux choses, au ciel. Il avait ce rire qui dévorait tout. Il faisait avec des fleurs des bouquets qu’il donnait aux autres. Les autres le traitaient de fillette, comme si être une petite fille était une vieille honte.»




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