vendredi 12 octobre 2018

La Disparition de Josef Mengele - Olivier Guez

Chronique de Scarlett
Résumé :
1949 : Josef Mengele débarque à Buenos Aires. Caché sous divers pseudonymes, l'ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s'inventer une nouvelle vie. L'Argentine de Perón est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et il doit s'enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance ne connaîtra plus de répit... jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.
Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet trente années durant ?
Une plongée inouïe au cœur des ténèbres : voici l'odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre.






Chronique :




« L’histoire est le récit des contradictions humaines ; capitalisme et communisme font de l’individu un insecte, le premier l’exploite, le second l’asservit.»

Juin 49 , Helmut Gregor débarque en Argentine sous l’étiquette d’un mécanicien passionné de biologie et originaire du Sud Tyrol qui s’avère ne pas parler italien , qui s’avère être un ancien nazi qui a fui l’Allemagne .Cet homme arrive dans une Argentine en pleine expansion avec deux leaders charismatiques Evita et Juan Perón. Ce même Juan Perón qui accueille à bras ouverts des cargaisons d’anciens  nazis, fascistes ou collabos parce que leur profession de médecin ou d’ingénieur va aider selon lui l’Argentine à s’enrichir et  par la même permettre aux Perón de créer le changement et le partage des richesses tant promis.
Dans cette Argentine , dans ce Buenos Aires de l’après –guerre on suit donc Helmut Gregor né Joseph Mengele fraichement débarqué qui se définit comme « l’ingénieur de la race » et est très convaincu de sa supériorité intellectuelle et ethnique .C’est un homme autocentré sur ses intérêts, sa petite personne, son confort , sa sécurité et qui se révèlera au fil de la lecture être un petit homme traqué et froussard après avoir décidé froidement sans aucun état d’âme la mort et la torture de milliers de personnes.
Dans son sillage, Olivier Guez , l’auteur de ce roman très documenté nous fait côtoyer les personnages que rencontre Mengele durant son séjour qui se transformera en déroute. Il y aura Rudel l’aviateur spécialiste des réseaux d’évasion de ses compatriotes allemands , il est très proche du pouvoir «  péroniste » si conciliant avec les riches nazis. Fritsch, jeune directeur d’un éditorial complaisant pour l’Allemagne d’Hitler et Sassen , journaliste hollandais pro-nazi . Tous ces hommes sont persuadés dans un premier temps du renouveau de la grande Allemagne et ils méprisent un peu ces argentins trop sentimentalistes. Ils forment le réseau Dürer.
Les pérégrinations de Mengele nous feront croiser le chemin de Ricardo alias Adolphe Eichmann qui s’affiche assez ouvertement à Buenos Aires dans les premières années d’après-guerre , il vivra aussi plusieurs années avec les Stammer dans une relation complexe faite d’intérêts financiers, d’attraction malsaine et de haine pour les uns et de nécessité pour le médecin dans l’obligation de se cacher.
Il y a aussi la famille de Mengele , Irène sa femme qui refuse de le suivre en argentine, la famille restée en Allemagne qui continue à faire fructifier l’entreprise familiale sans aucun problème.
L’auteur nous parle aussi des « traqueurs » ceux qui ont subi les atrocités de mengele comme Schnabel ou bien le Mossad qui inlassablement traquera le médecin de l’horreur jusqu’à ce que d’autres priorités géopolitiques freine cette chasse à l’homme et puis l’Allemagne de l’ouest afin d’ exorciser le passé et se reconstruire  ainsi que Simon Wiesenthal et tant d’autres.
Olivier Guez nous livre un roman fascinant sur l’Argentine de cette époque, sur l’évolution des mentalités dans la traque des anciens nazis et nous décrit un bourreau devenu gibier qui fuira au Paraguay puis au Brésil .Les stratégies politiques , les enjeux de certains pays serviront mengele qui continuera à se cacher en fin de vie dans une ferme brésilienne dans une médiocrité assez éloignée  des récits fantasmés de certains.
Olivier Guez nous permet de faire revivre une page d’histoire pas si ancienne qu’il est tout à fait  souhaitable de relire, il nous permet un devoir de mémoire nécessaire au-delà du roman et comme il l’écrit si bien : « toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal. »
« Puissent-ils rester loin de nous, les songes et les chimères de la nuit.
Méfiance, l’homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes.»



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