mardi 22 janvier 2019

Dans l'ombre du brasier - Hervé Le Corre



























Dans l'ombre du brasier
Herve Le Corre
Éditions Rivages/Noir

La "semaine sanglante" de la Commune de Paris voit culminer la sauvagerie des affrontements entre Communards et Versaillais. Au milieu des obus et du chaos, alors que tout l'Ouest parisien est un champ de ruines, un photographe fasciné par la souffrance des jeunes femmes prend des photos "suggestives" afin de les vendre à une clientèle particulière. La fille d’un couple disparait un jour de marché. Une course contre la montre s'engage pour la retrouver.
Dans l'esprit de L'Homme aux lèvres de saphir (dont on retrouve l'un des personnages), Hervé Le Corre narre l'odyssée tragique des Communards en y mêlant une enquête criminelle haletante. 

(Source Rivages)

Hervé Le Corre,

Né à Bordeaux, Hervé Le Corre, lecteur passionné, commence à écrire à l'âge de 34 ans.
Son écriture, le choix de ses personnages, l'atmosphère assez sombre de ses livres le place d'entrée parmi les auteurs français les plus noirs et les plus primés du roman policier hexagonal.
Il reçoit le grand prix de littérature policière en 2009, le Prix Mystère de la Critique 2010 pour "Les Cœurs déchiquetés" et les prix Le Point du Polar européen 2014, Prix Landerneau polar 2014 et Prix Michel-Lebrun 2014 pour "Après la guerre".
Aujourd'hui, Hervé Le Corre enseigne dans un collège de la banlieue bordelaise.

(Source : polars.net)

Grybouille,

Avant de vous parler du roman d’Hervé Le Corre, le p’tit Duc vous invite à planter le décor. Si, si, j’en vois un ou deux près du radiateur et non loin de la fenêtre au fond de la classe qui ont besoin d’un retour sur image.

La Commune de Paris,

La guerre de 1870, après avoir capturé l'empereur Napoléon III et son armée à Sedan, les Prussiens ont assiégé la capitale et le gouvernement de la défense nationale, qui s'est entre-temps réfugié à Bordeaux, s'est résigné à signer un armistice. 

Le 18 mars 1871, une émeute éclate à Paris, sur la butte Montmartre. Adolphe Thiers, chef du gouvernement provisoire de la République, renonce à la réprimer et s'enfuit à Versailles avec tous les corps constitués.

C'est l'amorce de la « Commune ». Maîtres malgré eux de la capitale, les révolutionnaires et militants socialistes et ouvriers vont offrir à la bourgeoisie républicaine l'occasion de se débarrasser une fois pour toutes de la « question sociale ». Il en coûtera 20 000 victimes.
La blessure, jamais cicatrisée, continue de séparer en France la gauche de la droite.

(Source : Herodate.net)


Le roman,

Le lecteur et la lectrice se retrouvent en mai 1871 pendant la semaine sanglante. Les « versaillais » resserrent l’étau qui va broyer la Commune de Paris.

Dans cet enfer, qui va dévaster Paris et le peuple qui a cru en un monde meilleur où les richesses allaient être partagées, où les femmes pourraient voter, la justice, la liberté, vivre dignement…

Sur fond de guerre civile, le malheur est sans fond. Pendant que certains se battent pour un monde meilleur, d’autres profitent de la confusion pour assouvir leurs pires fantasmes. Les bêtes sont lâchées…
Charles Gantier, un artiste photographe spécialisé dans les "cochoncetés", aidé par Henri Pujols un homme sans limites et Clovis le coché qui a tout perdu, kidnappent des jeunes femmes.

Face à eux, Antoine Roques élu au Comité de Sureté du Xeme arrondissement et l’inspecteur Loubet un des derniers flics à être resté en poste, ces deux remparts vont partir en chasse pour sauver ce qu’il peut l’être…

En parallèle, « C’était la guerre … », Les principaux acteurs de la garde nationale que nous suivons sont : Le sergent Nicolas Bellec, le breton de l’étape, amoureux de Caroline ; Adrien, 16 ans à peine, apprenti boucher et le Rouge, un grand rouquin, un colosse.

Qui pourra en sortir indemne ?

Du policier, de l’action et des moments de réflexion sur l’époque et l’humanité, tous les lecteurs et toutes les lectrices y trouveront leur compte…


Le style,

Hervé Le Corre est un magicien des mots. Les descriptions des scènes et des personnages qui nous plongent au cœur même du roman. C’est bien simple, j’ai ressenti le souffle de l’Histoire.

Le p’tit Duc applaudit des deux mains face au travail qu’Hervé Le Corre a fourni pour rendre crédible le suivi des « événements » que vont traverser les personnages de son roman.


Des personnages et des passages : si peu, désolé…

Maria Belmont, « …bien en face, le menton levé… »
Mme Lucienne, la cantinière, « Allez mon gars. Surtout fais attention à toi. »
Miron, le cafetier,  « Regardez autour de vous. Qui se soucie de trois macchabées depuis quelques semaines ? »
Ettore, un partisan de Garbaldi venu combattre au côté des communards, « …Che sono morto per la libertà. »
Caroline, infirmière, « Si quelque chose de cet homme subsiste et vibre dans l’air, secrètement. Une âme, peut-être. »
Lalie, « J’étais avec une amie, Caroline. »
Le Rouge, « Si je comprends bien, nous serons de magnifiques vaincus… »
Clovis, « J’ai été pendant deux ans avocat au barreau d’Amiens. »
Les gardes nationaux, « Mieux vaut en profiter avant les retours de bâton. »
Antoine Roques, sa femme, ses enfants, sa mission…
Mention spéciale pour le Chapitre 3, « Entrez… », et pour le passage entre la page 391 et la page 393, la discussion entre Roques et Loubet. Hervé Le Corre est au top de son art.

C’était un temps où :

« Un temps où Versailles veut punir Paris et son peuple de tant d’impudence. »

 « Je ne sais pas qui se souviendra de nous. Peut-être ceux qui nous aiment ? »


Dans cette chronique, la première pour le p’tit Duc de 2019, j’espère avoir été à la hauteur de ce roman qui m’a donné de très belles heures de lecture. Je le dépose dans le rayonnage de ma bibliothèque, où je sais le retrouver car ce n’est qu’une première lecture assurément..  .

Ah, oui, le titre colle parfaitement à ce roman.. .




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