L'Envol du moineau - Amy Belding Brown

Chronique de Scarlett

Traduction :
Cindy COLIN KAPEN

Résumé : Colonie de la baie du Massachusetts, 1672. Mary Rowlandson vit dans une communauté de puritains venus d’Angleterre. Bonne mère, bonne épouse, elle souffre néanmoins de la rigidité morale étouffante qui règne parmi les siens. Si elle essaie d’accomplir tous ses devoirs, elle se sent de plus en plus comme un oiseau en cage. Celle-ci va être ouverte de façon violente lorsque des Indiens attaquent son village et la font prisonnière. Mary doit alors épouser le quotidien souvent terrible de cette tribu en fuite, traquée par l’armée. Contre toute attente, c’est au milieu de ces « sauvages » qu’elle va trouver une liberté qu’elle n’aurait jamais imaginée. Les mœurs qu’elle y découvre, que ce soit le rôle des femmes, l’éducation des enfants, la communion avec la nature, lui font remettre en question tous ses repères. Et, pour la première fois, elle va enfin pouvoir se demander qui elle est et ce qu’elle veut vraiment. Cette renaissance pourra-t-elle s’accoutumer d’un retour « à la normale », dans une société blanche dont l’hypocrisie lui est désormais insupportable ?

Chronique :

Petit à petit, Mary découvre dans cette oisiveté une étrange dilatation du temps et une conscience de plus en plus grande du monde naturel… A présent, elle prend conscience que les arbres, les oiseaux ; les nuages et les animaux possèdent un sens qui leur est propre, qui ne dépend en rien des activités humaines.

L’envol du Moineau de Amy Belding Brown , c’est l’histoire de Mary, cette épouse docile et mère dévouée à Lancaster dans la baie du Massachussetts mais parfois son esprit rebelle lui joue des tours au sein de sa communauté de bigots austères .

 Un jour, pour la remercier de son soutien envers sa fille Beth , un homme offre à Mary un oiseau chanteur et alors qu’elle est enlevée avec ses enfants par un groupe d’indiens Mary relâche le moineau et comme un signe en harmonie avec cette libération commence pour elle une autre vie . Une vie emplie de drames, de peurs mais aussi d’apprentissages, d’émotions dans un environnement culturel à l’opposé de son vécu, au sein de personnes qui lui sont totalement étrangères et auprès de qui Mary apprendra tant sur elle et les autres .Son ouverture d’esprit, son adaptabilité lui permettent très progressivement de comprendre ce que la communauté indienne peut lui apporter. Et le paradoxe fait qu’elle renait à la vie au moment ou elle devient prisonnière.

Durant ce très beau roman, nous croisons Joseph son mari, un pasteur puritain et toute une société  de « bien-pensants » rigides qui méprisent les « sauvages » et les écarts de conduite.

On chemine avec Weetamoo, sa « maîtresse » , le sachem de tout un peuple ; parfois attentive, parfois cruelle qui détient une réelle autorité dans sa tribu et  qui suscite une vraie admiration des siens. Mary durant ce périple de quelques mois éprouve une attirance trouble pour James , un indien converti qui est retourné vivre chez les siens et qui l’aide durant les moments difficiles de sa captivité quand les morts et la faim lui ôtent tout espoir.

Ce roman au-delà de l’histoire vraie d’une femme de la nouvelle Angleterre puritaine enlevée par des indiens, nous livre beaucoup d’émotions et parle de sujets très variés  comme l’esclavage, le rôle des femmes, le puritanisme. Le livre nous raconte aussi la proximité naturelle et spirituelle de certains peuples avec la nature, il décrit le terrible « tiraillement » d’une femme entre son passé rigoriste dont elle reste imprégnée et une vie plus indépendante, libre mais âpre aussi.

C’est une très agréable lecture et je recommande ce vrai moment de dépaysement.

Elle revoit le grand cercle de feu à Wachussett. Les cordes blanches et pourpres de wampums oscillent sur les poitrines des sachems. Les femmes chantent en se balançant…Et tous lèvent les bras vers le ciel, leurs visages illuminés d’une joie terrible et sauvage