Chronique de Scarlett
Résumé :
ICI, PERSONNE NE VEUT PLUS DE CETTE CAPITAINE DE POLICE.
LÀ-BAS, PERSONNE NE VEUT DE SON ENQUÊTE.
Chronique :
L’enfer reste
toujours le regard que les autres portent sur nous. Comme un jugement. Le
regard qui nous examine, celui qui nous empêche d’oser, celui qui nous freine,
celui qui nous peine, celui qui nous fait nous aimer ou nous détester.
Le dernier roman d’Olivier Norek nous amène au côté de Noémie Chastain en Aveyron.
Noémie, c’est cet officier de police à la brigade des stups qui après une
opération de police violente s’est retrouvée le visage fracassé et la psyché en
errance. Quittant Paris et le cauchemar qu’est devenu sa vie, Noémie est
débarquée par sa hiérarchie sous un prétexte bidon, et débarque à Decazeville ,
une ancienne ville minière près d’Avalone , vieux village englouti
volontairement dans les années 90 afin de relancer l’économie par un barrage
électrique. A la suite de la découverte d’un squelette, la jeune policière se
retrouve plongée dans une enquête non résolue de disparitions d’enfants et son
retour sur Paris est compromis lorsqu’on lui confie la responsabilité de cette
histoire vieille de plus de vingt ans.
Voilà la trame simplifiée de ce roman dont la lecture a été pour moi un
vrai moment de plaisir et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, parce que l’auteur comme à son habitude nous permet de
rencontrer des personnages émouvants, humains, fragiles et forts de leurs
blessures comme Noémie qui lutte pour retrouver sa dignité de femme, de
policière et apprend courageusement à affronter le regard souvent curieux
parfois dégouté des autres.
On croise aussi son psy Melchior qui l’aide dans sa reconquête d’elle-même,
un psy à l’écoute, un psy comme on voudrait en rencontrer plus souvent. Olivier
Norek nous donne dans ce roman une belle brochette de collègues policiers qu’il
s’agisse de ceux de Paris les uns
fidèles , les autres lâches et traitres ou bien ceux de l’Aveyron comme Romain
lieutenant de police dont le père est maire du village, Milk le petit jeune et
Bousquet le mec un peu lourd mais fiable et on sent chez l’écrivain une compréhension
et une attention particulière envers ses anciens collègues. Il y a aussi les familles
touchées par la disparition des enfants d’Avalone avec leurs secrets , leurs
liens, et puis Hugo le flic de la fluviale qui ne laisse pas Noémie indifférente.
Comme d’habitude avec Olivier Norek, l’écriture est rythmée, nerveuse et
suit le tempo de l’enquête. L’auteur du fait de son empathie envers ses
personnages nous offre des femmes et des hommes que l’on suit avec bienveillance
et que l’on peine à quitter tant ils sont présents, humains. De plus, l’auteur
nous donne toujours matière à réflexion sur divers sujets de société. Dans ce
roman, il est question des déserts économiques que deviennent les petites
villes de province vidées de leur substance sociale, démographique.
Il y a eu chez l’auteur des livres sur des problématiques sociétales
importantes comme l’immigration, les banlieues, ce polar est plus intime et
parle de l’humain, de ce qui nous permet ou nous empêche d’être nous-même. Du
courage qu’il faut pour vivre sans se cacher, sans paraître, de l’énergie que
cela demande et j’ai vraiment aimé le
sujet et la façon dont Olivier Norek en parle.
Merci Monsieur pour ce très bon moment de lecture et vos personnages
toujours attachants.
« Le constat
le plus désolant, c’est que nous ne sommes « nous » qu’à trente pour
cent. Certains à dix, d’autres à quarante, mais jamais totalement, Nous
trainons nos blessures, nos secrets, nos complexes et tout cela nous interdit
d’être entiers, d’être merveilleux. »
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