lundi 13 mai 2019

M, le bord de l'abîme - Bernard Minier

Chronique de Scarlett

Résumé :
Pourquoi Moïra, une jeune Française, se retrouve-t-elle à Hong Kong chez Ming, le géant chinois du numérique ?
Pourquoi, dès le premier soir, est-elle abordée par la police ?
Pourquoi le Centre, siège ultramoderne de Ming , cache-t-il tant de secrets ?
Pourquoi Moïra se sent-elle en permanence suivie et espionnée ?
Pourquoi les morts violentes se multiplient parmi les employés du Centre – assassinats, accidents, suicides ?
Alors qu’elle démarre à peine sa mission, Moïra acquiert la conviction que la vérité qui l’attend au bout de la nuit sera plus effroyable que le plus terrifiant des cauchemars.







Chronique :




"Je m’appelle DEUS. Je suis une IA unique qui vous aidera à prendre les bonnes décisions à chaque moment de votre vie. Vous serez libre de suivre  ou non mes recommandations, Moïra, mais tenez compte du fait que je vous connaîtrai mieux que vous ne vous connaissez vous-même….Mais soyez sure d’une chose, Moïra ; une fois que vous m’aurez essayé, vous ne pourrez plus vous passer de moi. Je suis une invention qui va changer votre vie. Je suis DEUS."


M le dernier abîme, le dernier roman de Bernard Minier commence par le suicide du haut d’une tour située à Hong kong de Carrie Law. Carrie Law la trentaine dépressive est soignée par un système technologique de dernière génération crée par la société Ming, société ou la jeune femme travaillait. Au même moment arrive dans ladite société Moïra,  trentenaire super diplômée. C’est une jeune femme sensible et fragilisée par l’absence et l’abandon du père et la folie de sa mère , et son arrivée à Hong Kong ressemble à un baroud d’honneur pour se prouver qu’elle est plus que le résultat de son histoire familiale et pour initier un nouveau départ.
Très vite dans la société Ming , Moïra sent des tensions, des mystères, beaucoup de gens meurent et le fait que la police de Hong Kong la contacte pour la mettre  en garde contre les agissements de Ming Jianfeng le mystérieux patron de la colossale entreprise du même nom contribue à mettre la jeune femme sous tension.
Le roman de Bernard Minier emmène le lecteur dans les méandres de l’Intelligence Artificielle, son développement, les financements colossaux que le concept génère, la problématique déontologique que cela soulève, les guerres industrielles liées au pouvoir que l’IA apportera à ceux qui en obtiendront le monopole.
Le lecteur se balade au sein de Hong l’agitée, l’humide faite de tours, de buildings gigantesques où sévissent encore les Triades et Monsieur Minier nous plonge très facilement dans sa moiteur énergique. L’auteur  nous parle de toutes  ces problématiques en marche, celles qui nous amènent très surement vers des contrées inconnues, dangereuses pour l’avenir de l’humanité comme les bases de données gigantesques sur chaque être humain, les ordinateurs appelés Watson ou Sherlock qui cherchent et trouvent peut-être mieux que l’homme jusqu’au jour où ils penseront mieux que nous. Monsieur Minier nous parle d’un monde pas si lointain  de véhicules sans conducteur, de soins sans médecins, d’ « agents conversationnels » remplaçant le bon vieil échange humain.
Au fil de la lecture on croise Mo PO Chan, jeune inspecteur beau gosse chargé de mener la traque contre l’assassin qui sévit dans l’environnement de la société Ming et que la police a surnommé « le prince noir de la douleur » au vu des atrocités commises. Une des qualités essentielles de ce roman est de nous faire lire un vrai bon thriller , tout en sensibilisant le lecteur aux problématiques humaines, éthiques soulevées par l’invasion de la robotique, de la technologie de l’intelligence artificielle et de son utilisation par les GAFA , HUAWEI et autres consortiums…jusqu’à rechercher l’immortalité …
Le sujet est fascinant, envoutant, flippant … et l’auteur nous en livre quelques arcanes dans un vrai bon roman qui se lit très agréablement.


"Ces derniers temps, quand Elijah pensait à son enfance, il ne pouvait empêcher les larmes de luis monter aux yeux. C’était la vieillesse, songeait-il. Mais, sous l’emprise de l’héro, il la retrouvait plus chatoyante, plus vivante, plus intense que jamais.  C’était son enfance, c’étaient toutes les enfances – c’étaient toutes les vies"




1 commentaire:

  1. J'ai beaucoup aimé aussi, au début je n'ai pas reconnu le style et j'ai eu un peu peur de me perdre, mais au bout de quelques pages, j'ai retrouvé le suspens et l'audace de l'auteur. Ce livre dégage beaucoup de réflexions sur notre société ;)

    RépondreSupprimer