vendredi 21 août 2020

Des kilomètres à la ronde - Vinca Van Eecke

 Chronique de Scarlett

 Résumé : Ils ont 14 ans quand ils se rencontrent dans un village perdu au fond de la campagne française. Elle vient y passer ses étés en famille depuis l’enfance, eux ont grandi là, groupe de jeunes désœuvrés qui cherchent à exister malgré le crépi gris des façades. Ce jour-là, elle tombe amoureuse de Jimmy et devient « la fille de la bande ». Pour elle, ils sont la vie incarnée, ceux qui flirtent avec les limites dans des visions de liberté et d’horizons repoussés. Ils l’appellent « la bourge », elle les surnomme « les autres ». Les années qui filent en quête de sensations vont sceller leur adolescence. Premier amour, amitiés fraternelles, tragédies inévitables : ils vivront côte à côte cet âge où tout devrait être possible. Ancré dans la France rurale des années 90 et du début des années 2000, Des kilomètres à la ronde est le roman d’un apprentissage sentimental où s’éveille la conscience du déterminisme social. Il témoigne du gâchis des rêves et des corps quand l’ennui et le manque de perspectives gagnent du terrain. Construit sur des réminiscences, il dessine aussi la géographie d’une mémoire : dans ce village assoupi, sur ces routes qui ramènent toujours au même endroit, les événements infimes deviennent les souvenirs qui comptent et qui accompagnent, longtemps après que les mains se sont lâchées.

 

Chronique :

"Ça, n’avait rien d’anodin,  cette manière d’exister sans maladresse. Avec grâce. Voilà : la grâce. Une intelligence du  mouvement, une connivence au monde, qui faisaient que, de tout temps, les gens comme moi, voués à s’asseoir dans les amphithéâtres, avaient été subjugués par les gens comme eux et cherchaient leurs mots pour décrire ce truc indéfinissable après lequel on soupirait sans fin."

 

Des kilomètres à la ronde de Vinca Van Eecke c’est un petit village, un bled paumé où une jeune fille de la ville qui vient en vacances tous les ans se joint à une bande d’adolescents désœuvrés du patelin. Elle est attirée par leur vitalité ardente, leurs débordements, la promesse que tout cela contient.

Elle, elle vient à L dans le Morvan pendant les vacances. Elle, ils la surnomment gentiment la bourge. Elle, elle attend ces moments impatiemment pour les retrouver. Elle respire avec eux un air de liberté absolue, de possibles extraordinaires. Elle, elle est amoureuse de Jimmy, qui porte si bien son nom de bad boy plein d’une espérance aventureuse, Jimmy fougueux est une nature libre, il est un peu révolté, un peu perdu aussi.

Et puis il y a la bande de copains Phil, Buddy et son bégaiement, Réno le doux romantique, Chuck le guerrier dont la piaule sert souvent de QG à toute l’équipe, José et Mallow.

Ce roman c’est toute la merveilleuse liberté des vacances d’adolescents, les mobylettes pétaradantes, les rêves d’évasion lointaine, les visites au gout d’interdit dans les maisons de villégiature désertées.

C’est l’époque des Doors et ils écoutent le groupe en fumant des pétards aussi hypnotiques. Et puis le temps passant, viennent pour eux les petits boulots, les désillusions, les limites de ces campagnes trop éloignées et oubliées qui échappent à la vitalité économique des cités urbaines. Alors l’espoir contenu dans leurs agitations d’adolescents et de jeunes adultes s’effiloche dans des routines désabusées, peu glorieuses, tristes à pleurer, tristes à mourir aussi.

C’est un vrai beau premier roman sur des jeunesses emplies d’ivresse mais sans lendemain, des possibles qui explosent en vol dans des petites villes sans horizon. C’est un livre aussi sur un très beau premier amour, qui nous raconte aussi le charme empoisonné des souvenirs d’enfance, d’adolescence, sur le temps passé qui  ne pardonne rien car aucun retour en arrière n’est possible.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce premier roman qui possède l’élégance délicate et fragile de ces jeunes ados.

 

"Leur fuite tournait en rond sans but et ne se payait que le luxe du temps perdu. Dans leur rengaine, je n’entendais plus l’appel des premières années, leur désir d’ailleurs était devenu rance. Je commençais à me dire qu’ils n’étaient peut-être pas ces géants."

 

 

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