Résumé : À Stockton, Californie, les temples bouddhistes et les épiceries cambodgiennes ont fleuri depuis l’arrivée massive de familles ayant fui leur pays et le régime génocidaire des Khmers rouges. Dans cette ville entre Asie et Amérique, on croise ainsi des bonzes, de vieilles tantes intrusives et des adolescents mortifiés par l’ennui, tout un monde d’histoires passées sous silence, de désirs naissants, de tiraillements identitaires et sexuels, où l’avenir tente de se construire sur les fondations d’un traumatisme profond et en dépit du poids des traditions.
Chronique : S'il y a bien une collection qui met en lumière toute la beauté du genre de la nouvelle c'est bien la collection Terres d'Amérique. Encore et toujours je continuerai à défendre ce genre littéraire qui n'est pas assez mis en valeur en France et qui se révèle être essentiel pour mieux appréhender notamment la littérature américaine.
Nous aurions pu être des princes est le nouveau recueil publié par la collection, un recueil vraiment remarquable à mes yeux. Je vais essayer à mon très humble niveau de rendre hommage à ce jeune écrivain parti bien trop tôt.
En lisant ce livre j'ai aussitôt pensé à Ocean Vuong mais Anthony Veasna So possède sa propre plume et son propre univers. Il est dans cette lignée mais il a aussi sa propre voie/voix.
Si certaines de ses nouvelles se répondent et permettent de retrouver des personnages croisés dans une histoire précédente, le fil conducteur de ce livre repose surtout sur la mise en avant de thèmes chers à l'auteur. À travers cette œuvre, l'écrivain met en exergue la communauté khmer aux États-Unis, met en lumière la difficulté des nouvelles générations à se faire une place dans l'ombre du génocide qui hante leurs aînés, met en avant aussi des êtres broyés par le doute et la complexité de s'affirmer tout en glissant de temps en temps une touche d’humour et de lumière. Ce recueil parle aussi de l'identité et de la différence avec une sincérité émotionnelle qui nous frappe en plein cœur.
La force d'une nouvelle repose sur cette capacité à se concentrer sur la substantifique moelle d'une intrigue. Ici l'auteur arrive à capter un moment essentiel d'une existence mais aussi à nous donner envie de continuer l'aventure avec chacun de ses protagonistes.
Peu importe que cela se déroule au sein d'un "café" à donuts, d'une salle de sport pour pratiquer le badminton, d'un magasin alimentaire à la marchandise périmée, dans un garage ou dans un monastère, au final chaque destin mis en avant est une ode à la résilience et un hommage à toute une communauté. J'ai particulièrement aimé la nouvelle ayant donné son nom à ce recueil ou encore la nouvelle Le Garage du fait de ce personnage qui est tiraillé sur son avenir personnel et professionnel jusqu'à sa prise de conscience finale.
En définitive, Anthony Veasna So a réussi avec ce recueil à mettre en avant des thèmes forts et peu abordés en littérature mais aussi à prouver à tous son immense talent. Merci pour ce grand moment de littérature.
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