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mardi 2 mai 2023

Mes soeurs, n'aimez pas les marins - Grégory Nicolas

Résumé : 1942, sur les côtes de Bretagne. Quatre vies entre petits matins calmes et furie des tempêtes. Celles de Perrine et de son fils Jean, qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, décide d’embarquer sur un bateau de pêche à seize ans, contre l’avis de sa mère. Puis c’est la rencontre entre Jean et Paulette, le coup de foudre, la naissance de Pierre. Quand le bonheur semble installé, c’est la mer qui revient pour l’arracher avec violence. Alors un jour, la jeune Paulette décide de briser les chaînes du destin : Pierre, son petit garçon, ne sera jamais marin. Elle l’emmène à l'abri, comme font les louves, aussi loin du rivage que possible. Mais il faut croire que la mer, encore et toujours, a des ruses auxquelles nul ne peut échapper…

 

 

 

 

 

Chronique : La chronique de Gérard Collard m'ayant donné envie de découvrir ce titre, j'ai plongé dans ce roman de Grégory Nicolas pour en ressortir émue et convaincue.

Au départ le pari n'était pas forcément réussi (alors même que je suis d'origine bretonne). Certes j'étais touchée par Perrine, cette mère qui a vu tous les hommes de sa vie être emportés par la mer. Si la perte de son père puis celle de son mari ont été bouleversantes, la perte de son fils a été l'événement le plus terrible et traumatisant de sa vie. Le récit bascule ensuite sur Jean, ce fils décédé, ses lettres, ses espoirs et ses aventures. Ces deux parties étaient agréables à lire mais parfois un peu trop lisses à mes yeux, c'est alors qu'arrive Paulette...

Avec l'arrivée de Paulette, ce roman prend une toute nouvelle dimension. D'une intrigue touchante, ce roman bascule dans une histoire bouleversante. C'est à travers ce personnage que ce livre prend toute son envergure. En réalité je voudrais tout un roman sur Paulette, sur cette jeune femme courageuse et charismatique, sur cette femme qui possède une voix inimitable, sincère, émouvante et même drôle. C'est un personnage des plus romanesques, une femme qui porte un roman à elle toute seule.

Sa force repose aussi sur le style même de l'auteur qui s'adapte à ses protagonistes et qui donne ainsi un ton très particulier à ce personnage. Sa façon de s'exprimer et de penser est vraiment unique. Son histoire avec Jean (car elle est en la femme) est déchirante. Son caractère s'accorde parfaitement à ce jeune homme un peu trop intrépide, prêt à prendre tous les risques alors que les femmes, les amours de sa vie l'attendent à terre.

Après la femme de Jean, elle devient la mère de Pierre. Un fils qui prendra de façon détournée la même route que son père, qui partira en quête d'aventure et de péripéties au mépris du danger et là encore sans prendre en considération la douleur infligée à sa mère et sa grand-mère. Mais en réalité comme l'énonce si bien l'auteur via la voix de l'un de ses personnages : ce sont ces femmes qui sont les véritables héroïnes, qui continuent d'avancer et d'espérer malgré la perte et le deuil.

Mes sœurs, n'aimez pas les marins est un roman poignant et je vous invite à le lire ne serait-ce que pour ce personnage "coup de cœur" qu'est Paulette mais aussi bien entendu pour les émotions intenses ressenties à sa lecture (particulièrement dans la seconde moitié).

 


 

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