vendredi 18 août 2023

Okavango - Caryl Férey

Chronique de SCARLETT

Résumé : Engagée avec ferveur dans la lutte antibraconnage, la ranger Solanah Betwase a la triste habitude de côtoyer des cadavres et des corps d'animaux mutilés. Aussi, lorsqu'un jeune homme est retrouvé mort en plein cœur de Wild Bunch, une réserve animalière à la frontière namibienne, elle sait que son enquête va lui donner du fil à retordre. D'autant que John Latham, le propriétaire de la réserve, se révèle vite être un personnage complexe. Ami ou ennemi ? Solanah va devoir frayer avec ses doutes et une très mauvaise nouvelle : le Scorpion, le pire braconnier du continent, est de retour sur son territoire...





Chronique


«Chez les animistes, comme les Khoï, le chaman comprend les non-humains, dont les animaux, et négocie avec eux. Il passe d’une espèce à l’autre en changeant de perspective sur le cosmos, comme si le monde était composé d’une multitude de point de vue.»

OKAVANGO de Caryl Férey, c’est comme un très beau film d’aventure que nous aurions traversé avec des paysages magnifiés, des animaux sauvages, des méchants vraiment pas cools et des gentils attachants dans leur humaine fragilité et complexité avec le petit plus des films qu’on retient, cette petite musique interne, ce message dans le roman qui transcende l’histoire.

Au commencement : sur la réserve Wild Bunch, Isra un jeune namibien est retrouvé mort sauvagement assassiné. Les rangers de la Kaza (organisme gérant plusieurs réserves d’Afrique Australe) mènent l’enquête en parallèle avec John Latham le propriétaire de Wild Bunch, cinquantenaire  sud africain vivant en autarcie dans sa propriété parmi les San et notamment son ami de très longue date N/Kon.

Le roman de Caryl Férey mène habilement de front une enquête policière sur le meurtre perpétré et un magnifique plaidoyer sur la préservation de la faune sauvage, richesse fragile et incomparable de ces contrées africaines.  John et Solanah, la ranger en charge de l’enquête ont en commun cet engagement absolu dans la sauvegarde des espèces animales, ce sont deux personnages charismatiques qui au-delà de leur intérêt commun éprouveront une forte attraction l’un envers l’autre.

Durant notre périple sur ces terres africaines, nous croiserons aussi Seth, son gentil collègue surnommé slim boy, ainsi que Nate et Priti des San qui aident John sur la réserve, mais aussi Virinao et Xhase deux jeunes autochtones manipulés pour un peu d’argent. Le lecteur fera la connaissance de Longue Corne un magnifique rhinocéros, de Lina l’éléphante ou bien encore de Ruby la guépard gardienne de la réserve. Un certain Rainer du Plessis, surnommé le scorpion, ancien militaire coordonne dans ce roman tout un juteux trafic d’animaux, d’organes.

Il est question dans ce roman de braconnage, de pillage, de saccage, de trafics organisés et gérés parfois par des groupes armés affiliés au politique et au financier des pays d’Afrique pour satisfaire tout un monde occidental et asiatique avide de nouvelles ou rarissimes possessions. L’auteur nous décrit avec mouftes informations l’environnement géopolitique de cette Afrique australe si convoitée qui peine à digérer les anciennes guerres colonialistes, les nouvelles luttes internes et externes avec en toile de fond l’avidité pour les richesses incroyables que détient ce continent.

Le lecteur sent les odeurs, ressent la chaleur, admire les couleurs, mais aussi la misère des townships, la pauvreté des Khoï, des San qui perdent au fil du temps leurs savoirs ancestraux.

Au final un très beau roman d’aventure mais aussi de prise de conscience et d’alerte où les hommes-lion, les rangers altières, les animaux fascinants, les charmantes grand-mères, la nature fragile et magnifique et les « John » mystérieux, attirants font d’ OKAVANGO un excellent moment de lecture.

« Wild Bunch est ma mémoire sur terre. Vous et moi poursuivons le même combat. Tous les enfants du monde rêvent d’animaux sauvages, de grimper sur un cheval ou sur un fauve pour courir après le vent,… Beaucoup d’humains perdent le fil du rêve qui les liait à eux, par manque d’imagination, d’empathie ou de compassion…».

 



 

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