Résumé :La narratrice de ce roman a promis à ses enfants et à son mari de raconter ce qui a déchiré leur vie de longs mois durant. Trois ans après les faits, Amélie Cordonnier tient parole et remonte le temps jusqu’à ce jour où tout a commencé. Il y a d’abord eu un courrier, pris pour une mauvaise plaisanterie. Alertée par un appel pour maltraitance, la protection de l’enfance la convoquait en famille à un rendez-vous visant à s’assurer que son fils et sa fille étaient bien en sécurité dans leur foyer. Un simple coup de fil, de surcroît anonyme, pouvait donc provoquer l’envoi d’une lettre officielle vous mettant en demeure de démontrer que vous êtes de bons parents ? Oui. La machine était lancée, et rien ne semblait devoir l’arrêter. Car comment prouver qu’on aime ses enfants ?
Chronique :
« Nous n’en sommes pas sortis indemnes, nous n’en sommes pas revenus, pas vraiment. Une part de nous est restée là-bas, à cette époque où nous n’osions plus rire ni crier, et je n’arrête pas de me demander quelles séquelles les enfants en garderont.
Le roman d’Amélie Cordonnier « En garde » c’est l’histoire de parents qui doivent se justifier auprès des services de protection pour l’enfance suite à une dénonciation anonyme de maltraitance durant les mois de confinement. Amélie la mère, Alexandre le père, Gabriel le fils de quatorze ans et Lou la petite dernière vont être convoqués et interrogés afin que l’administration concernée puisse vérifier le bon fonctionnement de la cellule familiale ou bien les éventuels manquements des parents suite à cette délation.
La première partie du livre qui repose sur des évènements vécus par l’autrice est très concrète et décrit dans une atmosphère où le stress monte crescendo : comment un courrier des services de protection peut arriver dans la boîte aux lettres de Monsieur et Madame tout le monde après un appel téléphonique anonyme. Amélie Cordonnier trouve les mots justes qui nous permettent de vivre en symbiose la stupeur d’abord et l’interrogation sur la ou le possible délateur, l’angoisse devant la perte de contrôle du quotidien et devant le contrôle que peut prendre l’institution sur notre vie intime, la colère aussi liée au choc que cela engendre chez les enfants. L’écrivaine explique par exemple à quel point il est injuste et singulier en tant que parent d’être rassuré, consolé presque par ses jeunes enfants. Amélie Cordonnier décrit aussi parfaitement les moments blancs, la mémoire après coup qui joue des tours obligeant l’autrice à demander à son mari et ses enfants certains détails que le stress, l’inquiétude lui ont fait zapper.
Ensuite dans un second temps la romancière imagine un scénario catastrophe, hitchcockien où tout part en vrille avec un assistant surnommé « cousin » qui devient l’homme de Moscou, qui s’immisce dans l’intimité de cette famille parisienne sans « histoire ». C’est totalement flippant et on imagine le degré d’appréhension que les évènements survenus a pu engendrer chez elle pour imaginer une telle suite à son épreuve.
Les sujets de la délation, du suivi et de la surveillance de la maltraitance sont très délicats, le regard que peut porter l’Institution sur notre intimité est une interrogation légitime que pose l’autrice mais dans ce roman, la transition d’un vécu traumatisant à une fiction effrayante ressemblant plutôt à un thriller domestique perturbe quelque peu la lecture.
J’ai bien aimé dans ce livre le récit de l’expérience très perturbante de l’autrice, je suis aussi rentrée facilement dans la peau des « personnages » de la suite du roman, mais j’ai été déroutée, perturbée par le mélange réalité/fiction.
«Je préfère rester debout, contre le mur au pied duquel je suis déjà de toute façon. En alerte, sur mes gardes. Je ne fais plus la maligne maintenant. Plus jamais. Je sais que nous ne sommes rien. C’est à ce moment-là, au moment de l’interrogatoire des petits, que je l’ai compris.»
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