Merci à l'auteur pour avoir accepté cette interview et merci aux éditions du Rouergue pour nous faire découvrir un excellent écrivain !
Léa Touch Book :
Comment vous est venue l'idée de ce roman ? Pourquoi cette thématique ?
· Alexandre Seurat : J’ai ressenti le besoin
d’écrire ce roman en découvrant les comptes rendus d’audience de l’affaire
Marina dans la presse, en juin 2012. Ce n’était pas la thématique de la
maltraitance qui m’intéressait au départ : c’était l’histoire de ces
témoins impuissants à stopper le drame. Je voulais donner une résonance à leur
parole, qui m’avait tantôt ému, tantôt indigné.
LTB : Pour quel
protagoniste de votre livre avez-vous le plus d'empathie (en dehors de Diana) ?
A quel personnage avez-vous préféré donner la parole ?
· A.S. : Il y a deux acteurs qui
ont une place privilégiée : le frère de Diana, d’abord. Il ne parle pas
beaucoup, mais sa parole clôt le livre, parce que, de tous, il est confronté au
pire. Sa situation intenable – lui qui a vu de près la folie de ses parents
envers sa sœur, mais qui n’a rien pu faire pour l’aider à cause de son âge et
de l’emprise parentale – le rend à mes yeux extrêmement touchant : c’est
la principale victime, après Diana. La première institutrice de Diana, dont la
parole ouvre le livre, est l’autre personnage principal. C’est le premier
témoin extérieur à la famille : elle est habitée par ce qu’elle n’a pas
fait et qu’elle imagine qu’elle aurait dû faire.
LTB : La sobriété du
récit qui jamais ne tombe dans le "drame cornélien/pathos" vous a t
elle demandé une discipline particulière ou était-ce une évidence dès le départ
?
· A.S. : C’était une évidence de
ne pas faire du sentiment, peut-être notamment parce que j’essayais d’être
fidèle à la parole de personnes réelles. Il n’y avait rien à ajouter à la
tonalité de leurs témoignages, j’essayais simplement de construire des
monologues qui pourraient faire entendre leur voix.
LTB : Quelles sont vos
références littéraires ?
· A.S. : C’est une question très
large, donc difficile : les auteurs qui m’ont nourri sont multiples. Je
pourrais citer Virginia Woolf, pour sa capacité à se glisser dans la conscience
de personnages souffrants et à construire des romans à partir de voix qui se
répondent. L’écriture de Thomas Bernhard, notamment dans ses petits récits autobiographiques,
m’a beaucoup marqué, par son authenticité et sa radicalité. Au moment où j’ai
commencé à écrire La maladroite, j’ai
relu Loin d’eux, le très beau roman de Laurent Mauvignier, qui m’a aidé à trouver
la forme chorale qui convenait au sujet.
LTB : Aimeriez-vous
voir votre roman adapté sur écran ? Quel serait votre casting idéal ?
· A.S. : Je n’imagine pas que ce
texte puisse être adapté au cinéma – et me projeter dans un
« casting » me paraîtrait indécent. S’il fallait monter le texte, je
verrais plutôt une adaptation théâtrale : quelque chose de très épuré, des
récitants immobiles, surtout rien de spectaculaire – ou alors une pièce
radiophonique. Je suis très admiratif du théâtre de Beckett. Quelque chose de
minimaliste.
LTB : Comment avez-vous
vécu la publication de votre premier roman ?
· A.S. : Comme un soulagement,
la réponse à une longue attente. J’envoyais des textes aux éditeurs depuis
presque 15 ans (la notion de « premier roman » est bien relative). Ce
texte-là a aussi été refusé par de nombreux éditeurs. Et puis un jour, c’est
une rencontre, le courant passe avec une éditrice, qui a envie de défendre le
texte : on est effaré.
LTB : Votre premier
roman remporte déjà un beau succès, vous êtes d'ailleurs en lice pour le prix
du roman Fnac : un mot pour résumer ce que vous avez ressentez en ce moment
même ?
·
A.S. : Du plaisir bien sûr. Un
peu d’excitation, de l’étonnement aussi. De la peur.
·
A.S. : Persévérer. Et lire.
LTB : Quel est votre
prochain projet littéraire ?
·
A.S. :Je préfère ne pas
parler des projets. Les textes poussent mieux dans le secret.
LTB : Un message pour
vos (futurs) lecteurs ?
·
A.S. :Le livre est le
message.
Merci encore à l'auteur pour avoir répondu à ces questions :)
Je l'ai acheté hier, lu en une nuit : ce roman est frappant. Merci pour cette interview, je comprends plus encore ce livre :-)
RépondreSupprimerTrès sympa cette interview qui donne très envie de découvrir le livre!
RépondreSupprimerJ'avoue que je ne connaissais pas ce roman, étant un peu en marge de la rentrée littéraire mais l'interview me donne envie de le lire !
RépondreSupprimercette interview m'a donné envie de lire son livre !
RépondreSupprimerCette interview donne encore plus envie de découvrir ce roman !
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas du tout cet auteur ni son roman, tu m'as donné envie de le découvrir :D
RépondreSupprimerOh je ne connais pas mais je note immédiatement ! Très intéressante cette interview :) !
RépondreSupprimerTrès belle et intéressante interview! Je note le roman, il m'intrigue... :)
RépondreSupprimerQuel bel interview! Merci de l'avoir fait. J'ai été très touchée par ce roman et les réponses de l'auteur ne me surprennent pas du tout. Il est vrai que le personnage du frère, secondaire pendant tout le roman, nous bouleverse à la fin par ses mots si justes et terribles à la fois. Je ne savais pas qu'il avait lu les rapports d'audience, mais ça me parait logique à présent. C'est un roman que je n'oublierai pas de sitôt.
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