Lontano - Jean-Christophe Grangé

Chronique de : Scarlett "Demain est un autre jour"
Résumé :

Le père est le premier flic de France.Le fils aîné bosse à la Crime. Le cadet règne sur les marchés financiers.La petite soeur tapine dans les palaces. Chez les Morvan, la haine fait office de ciment familial. Pourtant, quand l’Homme-Clou, le tueur mythique des années 70, ressurgit des limbes africaines, le clan doit se tenir les coudes.Sur fond d’intrigues financières, de trafics miniers, de magie yombé et de barbouzeries sinistres, les Morvan vont affronter un assassin hors norme, qui défie les lois du temps et de l’espace. Ils vont surtout faire face à bien pire : leurs propres démons. Les Atrides réglaient leurs comptes dans un bain de sang. Les Morvan enfouissent leurs morts sous les ors de la République.

 Merci aux éditions Albin Michel pour cette lecture !

Chronique : 

« Morvan éclata de rire .Au fond, il aimait cette pluie, ce chaos…La puissance de la nature balayant en quelques secondes les arrangements factices de l’homme. Contrairement à ce qu’on pense, personne n’est au-dessus des lois en Afrique, parce qu’il s’agit des lois de la nature. L’atmosphère y est plus saine qu’aux États-Unis par exemple, où l’homme se croit souverain. Puis Katrina passe et tout le monde est remis à sa place. En Afrique, Katrina c’est tous les matins : alors, pas question de se prendre pour le pape. »

De Grangé, j’ai tout lu en commençant par l’excellent « le vol des cigognes », en continuant par « les rivières pourpres » etc etc... Et me voici donc avec le petit dernier, enfin petit pas vraiment, « Lontano ». Et je peux vous dire dès à présent que c’est du Grand Gé, bon sérieusement c’est du très très bon cru, un excellent livre que nous livre là Monsieur JC Grangé.

C’est l’histoire d’une famille dans la tourmente crée par le retour d’un fantôme du passé du patriarche Grégoire Morvan, avec une plongée dans les méandres de la complexité familiale ou l’on croise des personnalités fortes qui à la fois s’opposent et se soutiennent dans la tourmente. C’est aussi et surtout une enquête policière magistrale à la recherche d’un tueur diabolique  qui nous fait voyager en Bretagne avec des descriptions superbes des côtes du Finistère et de sublimes images de la Bretagne rude et sauvage .On s’évade aussi en Afrique du côté de la république du Congo. On survole les eaux nauséabondes du pouvoir, on effleure certaines vérités des hautes sphères politiques qui nous confirment que là-haut tout est loin d’être calme et propre. On vit à cent à l’heure avec les protagonistes de ce roman.

Dans la famille Morvan il y a d’abord et avant tout le patriarche :

Grégoire Morvan , le père ancien barbouze , flic des hautes sphères  politiques tour à tour sous Giscard puis Mitterrand sans aucun état d’âme , sans jamais choisir un clan méprisant tout ce monde qui mélange politique, gros bonnets de l’industrie , journalistes et gotha parisien. Il garde de son passé « françafricain » des alliances douteuses et beaucoup d’argent. C’est aussi un homme violent avec ses proches qui cache un lourd secret. Il a une emprise très forte sur sa famille.

Maggie la mère battue par son époux semblant assez soumise.

Gaëlle la sœur anorexique qui rêve de devenir actrice et est prête à tout pour y arriver. Au-delà de ses dérives désabusées et suicidaires elle reste très lucide.

Loïc le frère brillant financier sous l’emprise de la drogue et sous l’influence incontournable de son père.

Et enfin Erwan, excellent commandant à la crim, qui essaye de se préserver du lourd contexte familial en s’isolant dans la lecture et la musique.

Ces trois derniers formant une fratrie unie par un traumatisme identique de l’enfance.

On croise aussi les collègues d’Erwan, ceux de Bretagne ainsi que son équipe de choc parisienne à la poursuite du mystérieux « homme clou ».

Au final je dirais que, comme d’habitude chez Mister Grangé , c’est rythmé, comme d’habitude c’est animé et enfin comme d’habitude c’est bien renseigné.

Le tempo est rapide, efficace. Les chapitres sont courts et denses. L’écriture est fluide et on peut dire que la mayonnaise prend.

Je le répète du très très bon polar. Depuis « le vol des cigognes » c’est surement le meilleur.

« Buissons rouillés émergeant des flaques, surfaces de vert chatoyant, floraisons de bruyère et d’hortensias…Il y avait en Bretagne une puissance qui inquiétait et épuisait à la fois. Au loin, la mer se gonflait comme le dos d’un animal fantastique. Ses écailles venaient se frotter à la lumière du ciel. Il songea à une respiration puissante, régulière. Une force au repos qui ne demandait qu’à se réveiller. »