Coste (ou comment transformer la
chronique sur la trilogie de Norek en éloge comparatif avec les Batman de
Nolan)
Le pourquoi du comment : Aujourd'hui
j'ai décidé de faire une chronique différente pour un auteur qui monte, qui
monte (et que j'avais découvert avant les médias -> fierté mal placée) et
qui est maintenant bien installé au pays des Grands. J'organise avec ma faculté
et la librairie Sauramps sa venue à Montpellier pour une conférence (à la
faculté de droit) et sa présence à la Comédie du livre (le 28 mai : venez
trèèès nombreux !) il est donc temps de faire un récap' sur cet auteur qui a su
conquérir à la fois les lecteurs mais aussi la presse ainsi que les fameux
Gérard Collard et François Busnel !
Code 93 - Coste begins !
A l'image du premier Batman de Nolan, ce tout premier roman d'Olivier
Norek met en lumière un talent certain, prometteur, en pleine éclosion !
Vous ferez ainsi la découverte d'une équipe avec des personnes
tellement attachants que vous les considérerez comme de la famille. Il y a
Victor Coste, le chef, celui qui protège les membres de sa team, qui se
sacrifie, intelligent, discret, charismatique et mystérieux il a toutes les
qualités d'un héros de roman policier : à la fois émouvant, fort et brisé.
Ensuite dites bonjour à Ronan, le beau gosse du groupe, le second, celui qui
l'ouvre un peu trop mais qui est toujours là au bon moment; Sam, le jeune geek
de la bande, celui qui a peur du sang et des cadavres mais qui est d'une grande
utilité dans le domaine de l'informatique; enfin la "petite" nouvelle
Johanna, une recrue étonnante, mère de famille et qui démontre qu'il ne faut
pas se fier aux apparences... Il est possible aussi de citer la médecin légiste
Léa (oui une Léa !!) qui va donner du fil à retordre au cœur déjà bien abîmé de
notre personnage principal.
Les présentations sont faites
alors il est temps de parler de l'enquête... Une intrigue vraiment solide, efficace, originale nous entraînant sur
les traces d'un tueur en série ! Le code 93 est au cœur de toute l'intrigue
et va nous montrer la face cachée de la police mais aussi du monde politique.
Des mondes où la corruption est facile, aisée et sans retour en arrière
possible. Des conséquences désastreuses dans l'unique et vil but que l'on
retrouve dans la plupart des moteurs du comportement humain : l'argent (et
aussi le pouvoir mais cela va généralement ensemble). Préparez-vous à suivre le
quotidien d'une équipe qui évolue dans un des lieux les plus craignos de France
: c'est pas le monde des bisounours !
Avec une plume acérée, vive, viscérale Norek n'épargne ni le lecteur ni
ses personnages, c'est du solide ! Alors maintenant est-ce que la suite est à
la hauteur ? Je dirai qu'elle est même meilleure !!
Territoires - The Dark Knight
On peut le dire c'est avec ce livre que Norek nous démontre de manière
incontestable qu'il fait partie de la nouvelle génération des très très grands
du genre policier. Si le premier est
excellent, celui-ci vient des tripes : il est incroyablement brillant.
Territoires donc c'est The
Dark Knight : c'est terriblement
sombre par sa violence, effrayant par sa véracité, fort par son réalisme. Ce
que raconte Norek est à 98% vrai alors on peut le dire : cela rend l'ensemble beaucoup plus percutant ! Les projecteurs sont
braqués sur le monde politique et le
milieu des banlieues : vous ne sortirez
pas indemnes de ces territoires, c'est une zone de guerre, sans foi ni loi
où se prendre une balle est plus facile que de réussir à rentrer chez soi sans
égratignure. C'est une performance
d'écrivain que nous livre Norek aussi excellente que Heath Ledger en Joker
(super la comparaison, non ?) : il y met tout son talent, tout son vécu, tout
son cœur dedans !
Gros coup de cœur donc pour cette nouvelle aventure où vous allez
suivre autant l'équipe de Coste que différents personnages secondaires : un
jeune caïd de la drogue qui n'hésite pas à tuer pour se faire respecter, une
maire en quête de votes pour sa future campagne électorale, un retraité soumis
à la loi du quartier... Rien ne vous sera caché, tout vous sera dit mais
êtes-vous prêt à savoir ce qui se passe dans l'ombre ? Norek met en exergue un point crucial : une œuvre littéraire peut avoir
plus d'impact car il touche au subjectif et aux sentiments du lecteur. Un
article de journal sur un maire corrompu ? "Oui on s'en doute...ce n'est
pas nouveau dans le milieu politique" (réaction standard). Un roman où une
maire travaille en étroite collaboration avec les truands des quartiers pour se
faire réélire ? "Oh puta*n les sala*uds !!! Révolution!!!" (réaction
saine). D'autant plus que Norek
s'attaque à du lourd, il ose écrire tout haut ce que personne n'ose dire tout
bas !!!
Des exécutions en chaîne, un
territoire qui se transforme pour accueillir le nouveau baron du crime, des
délinquants perdus et d'autant plus dangereux, une maire prête à tout pour
gagner les élections c'est le minimum que devra affronter Coste et son équipe. Préparez-vous à une apnée littéraire de
près de 400 pages ! TROP FORT LE COSTE !
Surtensions - The Dark Knight Rises
Et le voilà, le dernier, celui
qui a remporté le Prix Le Point du polar européen (remis par Jean-Louis Debré,
s'il vous plait !), celui qui a
définitivement assis Olivier Norek comme maître du genre: tiercé gagnant !!
C'est là que la comparaison avec Batman prend tout son sens (si si je vous
assure !) afin de mettre en perspective les qualités et différences
d'appréhension du second et troisième tomes. En effet il y a un petit débat
pour savoir lequel est le meilleur, sincèrement je ne saurais le dire, je pense
qu'ils sont différents et qu'on ne peut pas les comparer : l'un est plus viscéral (The Dark Knight/Territoires) et l'autre plus
spectaculaire (The Dark Knight Rises/Surtensions). Cela va exploser dans tous les sens, cela va vous retourner les boyaux,
cela va vous mettre K.O., HS, kaput...! C'est aussi costaud que Tom Hardy en
Bain : vous allez vous prendre un coup de poing littéraire !
(N.B. : Dans cette chronique nous allons complètement oublier la
tristement célèbre scène où Marion Cotillard meurt ou essaye de danser la gigue,
on ne sait pas trop...)
Comme pour Territoires, Olivier Norek donne la parole aux personnages a priori
secondaires, des êtres qui auront un rôle crucial dans l'affaire qu'auront à
régler les enquêteurs du 93. Cette fois-ci vous allez entrer dans le monde
carcéral : l'Enfer pour faire simple. Et ce n'est pas toujours les plus
terribles qui payent le plus leur crime, il suffit d'être le plus petit ou le
plus maigrichon pour être la victime de viol par ses codétenus... C'est ainsi
qu'on fait connaissance avec Nunzio, un Corse qui se voit emprisonner avec de
vrais malades suite à un braquage. Le jeune homme va souffrir dans cette prison
et dès lors sa sœur ne souhaite qu'une chose : le faire sortir de là. Je me suis sentie vraiment émue par le
sort de ce jeune homme. S'il est vrai que certains criminels n'engendrent
aucune forme d'empathie ou de pitié de notre part (prenons l'exemple du
pédophile), la peine de Nunzio est bien plus cruelle que son crime. Sans jamais juger ses personnages, Norek
cherche à nous dépeindre la réalité et nous laisse déterminer nos pensées
vis-à-vis des différents évènements.
L'intrigue est très bien ficelée : on suit plusieurs événements qui
vont progressivement trouver un lien et se regrouper d'une façon très subtile.
Si le milieu carcéral est un point de départ vous allez aussi retrouver en
arrière-plan la criminalité dans les banlieues et vous ferrez la connaissance
d'une équipe de braqueurs qui seront les principaux adversaires de notre équipe
bien aimée. Ce livre joue avec notre
empathie, avec nos sentiments et nos émotions : on va aimer des
protagonistes pour les détester quelques pages plus loin; on comprend leurs
agissements mais on en déteste les conséquences.
Vous le saurez dès le départ : un
membre du groupe Crime 1 va mourir, qui ? comment ? pourquoi ? C'est cela qui est au cœur de la tension
constante que l'on éprouve à cette lecture. En réalité le titre représente à
mes yeux les différentes tensions au sein de l'histoire : celle des personnages
face aux épreuves, de l'auteur face au défi d'écrire et de quitter un de ses
personnages et du lecteur pour la peur de savoir qui sera la victime de cette
terrible enquête. Personnellement j'avais deviné même si cela m'effrayait
et même si mon intuition a visé juste cela n'a pas enlevé la tristesse du
moment : j'étais bouleversée
d'autant plus en apprenant comment cela s'est passé.
J'espère que Coste reviendra un jour (comme on espère tous que
Batman n'a pas décroché et qu'il reviendra au bras de Catwoman : d'une part
parce que Christian Bale est vraiment sexy -et Anne Hathaway aussi bien sûr- et
d'autre part parce que Christopher Nolan a redonné ses lettres de noblesse au
monde des super-héros) mais quoiqu'il
arrive Olivier Norek vient de signer un grand classique du genre.
Très belle chronique. Moi aussi je suis sous le charme de Coste et son équipe
RépondreSupprimerj en ai deja entendu parler et du coup de lire ton avis de cette auteur !! me donne envie de lire cette serie !!merci pour ce partage
RépondreSupprimerIl faut absolument que je lise cette trilogie...
RépondreSupprimerDepuis le temps que j'entends parler de cet auteur, il faut vraiment que je me lance !
RépondreSupprimer"Territoires" m'attend bien sagement dans ma PAL ! :)
RépondreSupprimerOh oui, que je suis d'accord avec toi ! Lu tous les trois, adoré, mais jamais je n'aurais pensé à la comparaison avec les Batman de Nolan ! Joli coup !
RépondreSupprimerJe n'ai lu que le premier, mais ravit de cette lecture ! et ta conclusion du premier tome m'encourage a continuer ! ;)
RépondreSupprimerJ'adore la manière dont tu as tourné ta chronique !
RépondreSupprimerPareillement, il m'est impossible de choisir entre le deux et le trois... Mais, c'est certain, un immense merci pour m'avoir fait découvrir cet auteur ♥
J'avais aussi plus ou moins deviné la fin de Surtensions : disons que dans les diverses possibilités, c'était la moins pire ! ;)
RépondreSupprimerPour ma part, c'est le 3ème le meilleur car je trouve qu'on rentre vraiment dans l'intimité des persos principaux et on ne peut pas s'empêcher de vivre l'action avec eux.
Maintenant, je veux une suite parce que cette fin n'est pas envisageable !
ca a l'air top
RépondreSupprimerahah j'adore la référence à Batman :p, merci de m'avoir fait découvrir Code93, j'suis assez fan de l'auteur maintenant et j'ai hâte de lire Surtensions. Ton billet est super ! bisous
RépondreSupprimerUne belle chronique pour cet auteur dont j'ai pas mal entendu parler, mais je n'ai pas franchi le pas mais vu ce que tu en dis, ça donne envie :)
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé les deux premiers, le troisième un peu moins.
RépondreSupprimerJe les adore, mon préféré est peut être le dernier, plus intense, plus sombre, plus intimiste... ca me fait pensé que j'ai toujours pas publié ma chronique!
RépondreSupprimerJe les adore, mon préféré est peut être le dernier, plus intense, plus sombre, plus intimiste... ca me fait pensé que j'ai toujours pas publié ma chronique!
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas du tout cet auteur mais tu me donnes envie de découvrir ses romans. :) A voir !
RépondreSupprimerLa classe d'organiser une conférence avec cet auteur :)
RépondreSupprimerComme je fais souvent les choses à l'envers lol, j'ai découvert l'auteur et Coste avec Surtensions. J'ai hâte de lire les deux précédents tomes et cette fois dans le bon ordre. D'ailleurs, je rajoute de suite Code 93 à ma wish list.