Congo Requiem - Jean-Christophe Grangé

Chronique de : Scarlett
Résumé :  On ne choisit pas sa famille mais le diable a choisi son clan.

Alors que Grégoire et Erwan traquent la vérité jusqu'à Lontano, au cœur des ténèbres africaines, Loïc et Gaëlle affrontent un nouveau tueur à Florence et à Paris.

Sans le savoir, ils ont tous rendez-vous avec le même ennemi. L'Homme-Clou.

Chez les Morvan, tous les chemins mènent en enfer. 

Merci aux éditions Albin Michel pour cette lecture !

Chronique :

« Plaines sans fin, vallons qui se perdaient dans la pulvérulence du soleil, arbres dont les cimes se noyaient dans la brume. Chaque élément semblait remonter à une ère immémoriale.  Des verts de rizière, des rouges de forge, des jaunes d’étamine : c’était ici que les couleurs étaient nées. »

Je l’avais dit pour Lontano, je le répète pour Congo Requiem, ce roman est une vraie réussite. Vous tenez dans les mains un super bon thriller .Vous avez du suspense , des personnages attachants , vous apprenez des tonnes d’infos sur la Centre-Afrique et les conflits qui s’y déroulent (c’est bien beau de regarder cela à la télé devant sa soupe du soir sans vraiment comprendre comment et pourquoi la France est autant impliquée dans ce bourbier, et bien là c’est expliqué et bien expliqué !).Vous allez donc voyager en Afrique centrale, vous apprendrez qui sont les blancs bâtisseurs, en quoi le coltan est précieux, vous vous baladerez sur le fleuve Lualaba et y croiserez des enfants soldats, mais aussi à Florence et encore dans Paris.

Dans ce roman on retrouve nos protagonistes de Lontano, tout d’abord :

Morvan père, toujours aussi à l’aise dans son rôle assumé de vieux con patriarche, magouilleur mais aussi tellement protecteur avec ses enfants (rien n’est jamais vraiment tout noir ou tout blanc…).C’est un fin connaisseur de l’Afrique que l’auteur nous décrit comme : « soixante-sept ans, cent kilos et quelques, quarante ans de magouilles africaines et de barbouzeries sanglantes. Un train d’acier, chargé d’idées noires, lancé à pleine vitesse dans l’enfer congolais. »

Les enfants : Erwan le fils prodigue, le flic en recherche de vérité ; Loïc le frère cadet, homme d’affaires avisé mais aussi addict à la coke et qui tente un sevrage radical pour reprendre sa vie en mains ; et enfin Gaëlle, la sœur révoltée qui crie sa haine du père en jouant l’escort-girl à défaut de jouer un vrai rôle dans un bon film.  Chacun d’eux hait le mari violent et l’homme dominateur qu’était leur père, ils ressentent un mélange d’amour et de répulsion pour lui et tout cela se traduit par un  traumatisme familial qui les a construits et les a soudés assez efficacement.

L’histoire est haletante, Erwan et son père en Afrique à la recherche de l’origine de l’homme clou , et puis en France et en Italie tout le passé des anciens qui revient comme un boomerang dans le présent de la jeune génération.

Le ton du livre est juste pour chacun des protagonistes, le rythme est soutenu avec des chapitres très courts, l’écriture est à la fois rapide et nerveuse. Le vocabulaire de J.C Grangé est riche et s’adapte aux divers environnements côtoyés. On a des passages magnifiques et poétiques sur les paysages africains et parfois des dialogues ou descriptions assez jubilatoires à la Audiard : « un gars taillé comme un coffre-fort avec une tête de riz au lait » !

Je persiste donc et je signe ; un très très bon Grangé, si vous êtes bientôt en vacances, mettez le dans vos valises, vous allez vous régaler. De l’aventure, du mystère, des émotions, une écriture efficace et relevée. Un régal !

« Après les bras ouverts de Dieu, on pénétrait chez lui, dans la cathédrale. Architecture en ogives, vitraux au faîte des cimes, senteurs d’encens qui montaient de l’écorce en décomposition. La puissance de l’Afrique, quand elle passait ainsi de l’immense à l’intime, des ciels abyssaux aux lueurs de confessionnal, vous serrait la gorge. »

Chronique de :