lundi 31 octobre 2016

A la fin le silence - Laurence Tardieu

Chronique de Scarlett 
Résumé : Décembre 2014. Depuis plusieurs semaines, la narratrice sait qu’elle va devoir vendre la maison de son enfance. Lieu des origines et de l’ancrage, de la mémoire familiale et de sa propre mémoire. Face à ce chagrin intime, écrire un livre lui semble la seule chose encore possible : trouver les mots pour, peut-être, sauver un peu de la maison avant qu’elle ne disparaisse de sa vie, lui restituer une part d’éternité. Janvier 2015. La vague d’attentats qui frappe la France la laisse sans mots, comme dépossédée du monde tel qu’elle le connaissait. En elle, l’urgence s’est déplacée : que faire d’autre qu’écrire, pour tenter d’affronter l’innommable ? Au fil des semaines, sa vie va se jouer entre ce sentiment de fissuration du monde extérieur, que les attentats de novembre ne vont qu’intensifier, et celui de dépossession de son monde intime. Jamais le dehors et le dedans ne lui ont paru à ce point liés. Contrepoint paradoxal, insensé, de cet effondrement généralisé : tout au long de ces mois elle a porté un enfant, puis elle l’a mis au monde.


Merci à Price Minister et aux éditions du Seuil pour cette lecture !
#MRL16



Chronique :
« Il m’a semblé, durant tout le temps si long, si lent, si morcelé qu’ont duré les assauts, que quelque chose du monde s’effondrait et tombait dans le vide. Et cette intuition que je ne parvenais pas à dissiper, que quelle que soit l’issue des deux assauts nous aurions perdu, et que cet instant marquerait un commencement.»

Écrit avec des chapitres de deux à trois pages, l’auteur nous décrit dans ce roman tour à tour deux moments et évènements émotionnellement intenses et essentiels de sa vie. 

Tout d’abord, la Cybèle, cette maison du sud de la France qui englobe toute une partie de l’enfance de Laurence Tardieu. Une maison refuge, doudou qui reflète cet état bienheureux de certains moments de la toute première jeunesse. Cette maison que sa famille veut vendre et qu’elle, a peur de perdre.

Ensuite , les attentats qui ont frappé la France début 2015 en créant une vague de stupeur, d’effroi et de chagrin qui résonne encore maintenant. L’auteur est enceinte au moment de ces tragédies et elle vit ces évènements avec des sensations exacerbées. Pour beaucoup d’entre nous ; qui jusqu’à présent et ce depuis plus de soixante-dix ans vivaient sur une terre pacifiée ; le choc de ces attaques a été violent, brutal et perdure, tout d’abord du fait de l’horreur, de la gratuité de ces assassinats et aussi parce que cela remet en question la tranquillité, la confiance dans notre environnement jusqu’alors paisible. Parce qu’au-delà de l’absurde et terrible disparition d’êtres humains qu’ont engendré ces actes barbares, ils nous ramènent à ce que l’auteur appelle « l’imprévisibilité » de chaque vie et ce dès notre naissance.

Laurence Tardieu décrit avec ses mots les sentiments que chaque lecteur peut avoir éprouvé devant les attentats tragiques et qui ont laissé des traces indélébiles de peur, de confusion, d’incompréhension. Elle nous parle avec justesse aussi, de ce qu’un refuge d’enfant a de précieux ; que ce soit un lieu, un doudou, un être vivant, la plupart d’entre nous avons eu besoin d’un sanctuaire qui assure la permanence, et la perte de celui-ci peut être un moment délicat à gérer dans une vie. Et la perte d’un refuge, c’est aussi entre autres, le sentiment qu’ont engendré les assassinats de ces derniers mois.

Comme toujours, les mots de l’auteur sont du domaine des sensations, de la résonance en soi des évènements extérieurs. Et elle sait parfaitement poser sur le papier ce qui relève de l’intime, du très intime, c’est ce qui fait ses fêlures, sa fragilité et sa force d’écrivain aussi. Sa prose nous amène à réfléchir sur notre vie, son coté imprévisible, sur la non-permanence des choses, sur notre propre non-permanence mais aussi et surtout sur le «  il faut vivre au contraire, il faut continuer à vivre, il faut savoir plus que jamais la jouissance d’être vivant, la beauté d’être vivant ».

Le livre de Laurence Tardieu est à la fois une trace à la mémoire de la Cybèle et aussi sa « trace » des instants de Janvier 2015 , de pendant et d’après…

« Il faut retrouver le sentiment de joie intérieure»





 

7 commentaires:

  1. Je ne suis pas sûre de vraiment apprécier ce roman, à cause de thèmes abordés... PLus tard, peut-être.

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  2. Moi aussi j'ai participé aux MRL ! J'ai reçu le livre "Tes mots sur mes lèvres" j'ai aussi beaucoup aime !

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  3. Toujours pas lu Tardieu mais je ne pense pas que ça sera avec ce titre que je partirai à sa découverte...

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  4. Ca m'a l'air intéressant, je retient !

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  5. Zut alors, je n'avais même pas fait gaffe à celui-là ! Pour ma part, je viens d'attaquer "Chanson Douce" de Leïla Slimani chez Gallimard (aussi reçu aux MRL). J'espère que je vais aimer !

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  6. J'aime bien les courts chapitres. C'est un sujet dont il faut parler. Elle était enceinte au moment des attentats et je comprends le sentiment que les événements ont laissé en elle. En 2001 j'avais mon fils dans mes bras, tout petit bébé, je regardais les attentats des tours jumelles et je me demandais quel avenir lui serait réservé...

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  7. Un sujet difficile, mais le roman a l'air intéressant.

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