Chronique de Scarlett
Résumé : « Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d'innommable susceptible de
se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révélerait
sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même
ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence
de dupe ?"
Chronique :
« Quiconque
vit ou a vécu en couple sait que l’Autre est une énigme. Je le sais aussi, Oui,
oui, oui, une part de l’Autre nous échappe, résolument, car l’Autre est un être
mystérieux, qui abrite ses propres secrets, et une âme ténébreuse et fragile, l’Autre
recèle par-devers lui sa part d’enfance, ses blessures secrètes...»
« Les loyautés » de
Delphine de Vigan c’est l’histoire de deux adultes, deux femmes et de deux adolescents,
deux garçons, dont les vies se croisent pour certains, dont les silences de
certains heurtent les autres, dont les attitudes des uns renvoient un écho aux
autres.
Ce sont des instants de leurs vies,
de leur intimité que Delphine de Vigan nous dépeint avec minutie, avec des mots,
des phrases qui résonnent juste. Le rythme du récit est relativement calme,
presque lent et il se heurte à la
violence de l’impact des évènements sur nos protagonistes (« il lui semblait accueillir la souffrance de
sa mère dans son propre corps. Tantôt c’était une décharge électrique, tantôt
une entaille, ou un coup de poing… »).
Dans ce roman on croisera Théo
jeune adolescent de douze ans qui vit en garde alternée et qui s’essaie à
des expériences alcoolisées pour oublier son environnement familial délétère,
pour se créer des voyages sensoriels, pour supporter le silence qu’il s’impose
et qui pèse sur ses épaules de jeune adolescent. Il y a aussi Mathis son copain
de classe, Mathis adolescent apparemment sans histoire qui suit Théo dans ses expériences
et qui a compris instinctivement les ombres dans la vie de son ami.
Cécile la mère de Mathis elle, voit un psy en douce. Un psy à qui elle
raconte sa vie, son mari qu’elle découvre si éloigné de l’homme qu’elle a aimé,
ses enfants qui grandissent, ses trahisons vis à vis de sa propre famille, sa
manie de parler toute seule, de parler à une autre partie d’elle-même. On
côtoie aussi Hélène l’enseignante de collège qui porte elle aussi ses douleurs
et secrets d’enfance et qui veut sauver Théo d’un danger qu’elle perçoit sans
arriver à le définir.
Ce roman nous parle de l’enfance,
de ce que enfant l’on absorbe, l’on subit de notre environnement, de ce que
l’enfance inconsciemment mais inexorablement définira de notre vie. On y parle
aussi du couple fait ou défait, et bien évidemment « des loyautés »
que l’on choisit ou non, qui nous lient à jamais, celles de l’enfance
surtout.
Delphine de Vigan nous livre un
roman très subtil, il est à la fois très poignant et puissant dans le fond et
très posé dans la forme. Et je me répète l’auteur a su mettre les mots justes sur
ce que nos loyautés instinctives,
parfois confuses et inconscientes, ont fait de nous.
« Mais au
fond je le sais.
Je sais que les
enfants protègent leurs parents et quel pacte de silence les conduit parfois
jusqu’à la mort…
Parfois je me dis
que devenir adulte ne sert à rien d’autre qu’à ça : réparer les pertes et
les dommages du commencement. »
J'attendais les premiers avis sur ce roman, je vois qu'il a l'air bien :)
RépondreSupprimerTu en parles très bien et me donne envie de le lire.
RépondreSupprimerJe n'ai lu de cette auteure que d'après Une histoire vraie, il faudrait que je découvre d'autres de ses romans :)
RépondreSupprimerJ'ai déjà beaucoup entendu parler de cette autrice et ses romans semblent très appréciés :)
RépondreSupprimerles avis semblent unanimes, c'est une de mes prochaines lectures, j'ai hâte!
RépondreSupprimerJ'aime vraiment bien l'autrice, du coup je suis contente de voir tomber un avis sur ce roman. Tu me donnes très envie, même si j'avais de toute façon peu de chances de ne pas aimer 😊
RépondreSupprimerSi je n'ai encore jamais lu cette auteure, je changerais bien cet état en de fait en lisant Les loyautés qui me tente pas mal !
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