Chronique de Scarlett
Résumé : Je suis la fille du chanteur. La fille seule au fond des cafés, qui
noircit des carnets, note ce qu’elle ressent pour savoir qu’elle
ressent. La fille qui se perd dans les rues de Paris au petit matin. La
fille qui baisse les yeux. Je suis la fille dont le père est parti dans
la nuit. La fille dont le père a garé sa
voiture le long du fleuve. La fille dont le père a été déclaré mort.
Celle qui prend un avion sur la foi d’un cliché flou. Celle dans les
rues de Lisbonne, sur les pentes de l’Alfama. Qui guette un musicien
errant, une étoile dépouillée d’elle-même, un ermite qui aurait tout
laissé derrière lui. La fille qui traverse les jardins, que les vivants
bouleversent, que les mots des autres comblent, la fille qui ne veut pas
disparaître. Qui peu à peu se délivre.
Chronique :
« Je
suis la fille seule au fond des cafés…Celle dans le bus la tête collée contre
la vitre ...Je suis la fille qui dresse des listes...Celle qui doute
d’être en vie…Je suis la fille que tout bouleverse...La fille qui baisse les
yeux…Celle qui embrasse les yeux fermés…Celle qu’on quitte par ennui.»
Olivier Adam c’est pour moi, les
lectures émouvantes de Je vais bien
ne t’en fais, A l’ouest, Falaises, des vents contraires, c’est un écrivain
qui me parle et dont les livres résonnent en moi.
Et donc je viens de terminer son
dernier roman, Chanson de la ville
silencieuse. Et je suis rassurée, l’émotion est toujours présente.
Ce livre, c’est l’histoire d’un
absent, d’un mythe, d’un chanteur célèbre qui vit reclus depuis plusieurs
années et qui soudain se volatilise et dont on soupçonne le suicide. C’est
aussi l’histoire d’une jeune femme qui se perd un peu dans la disparition de ce
père si important alors qu’elle le voyait peu .D’une jeune femme qui va à
sa recherche au Portugal, à Lisbonne ou
ailleurs, là où il pourrait être.
Durant ma lecture j’ai rencontré
la narratrice, une personne discrète, une femme silencieuse, effacée presque
face à ce père charismatique. Une fille abandonnée de sa mère et
« recueillie » par son père.
On croise bien sur Antoine Schaeffer
, le chanteur , le père absent et pourtant si présent .Un artiste devenu une
légende en se retirant de la scène , un homme complexe et tourmenté, un
homme vibrant de bruit , alternant les
phases agitées et les calmes inquiétants .
Il y a aussi Paul et Irène les
fidèles d’Antoine , faisant à la fois office de gouvernants pour le chanteur et
de parents de substitution pour la jeune femme. Et puis Simon le compagnon qui
la quitte fatigué de cette vie en demi-teinte qu’elle semble affectionner.
On croise aussi Gabriella , le
grand amour d’Antoine, Clara l’amie des années collège et Sofiane et Théo les
collègues et amis de la narratrice.
Tous ces personnages parsèment ce
livre en trois parties. Les chapitres sont courts, l’écriture d’Olivier Adam
est poétique, imagée, les mots qui
coulent nous transportent dans des matins parisiens lumineux, dans les ruelles tièdes
d’un soir de Lisbonne ou sur les routes d’Aubenas. L’auteur nous livre un roman
qui distille une ambiance douce et nostalgique voire mélancolique.
C’est un livre qui parle
d’enfance, de lecture, de musique bien sûr, d’artiste, d’amour avec en fond d’écran
(si je peux me permettre pour un livre) un chanteur qui
tourne le dos à la scène et dont l’image disparaît doucement…
Merci Monsieur Adam ce fut une
très belle lecture.
« Je
ne suis plus la fille du chanteur. Je suis la fille qui accompagne un auteur
dans le matin d’automne …Je suis la fille qui poursuit son chemin…La fille
qui ne veut pas disparaître. Qui peu à peu se délivre. Sourit pour rien dans
les rues de Paris.»
Tu me donnes bien envie de découvrir ce dernier roman de l'auteur.
RépondreSupprimerwaou très belle chronique. Tu fais très bien passé ton ressenti.
RépondreSupprimercertains sont plus réservés mais comme toi, j'ai beaucoup aimé aussi!
RépondreSupprimer