dimanche 26 août 2018

Sadorski et l'ange du péché - Romain Slocombe




























Sadorski et l’Ange du péché
Romain SLOCOMBE
Édition Robert Laffont
Collection La Bête Noire


Le pire des salauds, le meilleur des enquêteurs.

Paris, mars 1943. Une femme est arrêtée dans un bistrot du 10e arrondissement. Elle aurait franchi la ligne de démarcation munie de faux papiers, pour un trafic de métaux précieux. L’inspecteur principal adjoint Léon Sadorski voit dans cette enquête une parfaite occasion de s’enrichir. Mais il a d’autres soucis, notamment...
Paris, mars 1943. Une femme est arrêtée dans un bistrot du 10e arrondissement. Elle aurait franchi la ligne de démarcation munie de faux papiers, pour un trafic de métaux précieux. L’inspecteur principal adjoint Léon Sadorski voit dans cette enquête une parfaite occasion de s’enrichir. Mais il a d’autres soucis, notamment protéger Julie, la lycéenne juive réfugiée chez lui depuis la rafle du Vél’d’Hiv.
C’est alors qu’une affaire de lettre anonyme et d’adultère le conduit sur les plateaux du cinéma français de l’Occupation : parmi les jeunes actrices d’un drame tourné dans un couvent de dominicaines, l’inspecteur va rencontrer son « Ange du péché » et se transformer en criminel…
Une enquête de Léon Sadorski, le sinistre et fascinant inspecteur des renseignements généraux.
« Les mots sont des couteaux, l’encre coule comme de l’acide. » Gilles Martin-Chauffier, Paris Match
« l’inspecteur Sadorski suit sa mauvaise étoile. » Abel Mestre, Le Monde

Romain SLOCOMBE

Né à Paris dans une famille franco-britannique, Romain Slocombe a écrit plus de vingt romans, dont Monsieur le Commandant (prix Nice-Baie des Anges, prix Jean d'Heurs, Trophée 813, sélection du prix Goncourt), Première station avant l'abattoir (prix Mystère de la critique, prix Arsène Lupin) et L'Affaire Léon Sadorski, qui a reçu le prix Libr'à Nous et a également figuré sur la liste du Goncourt.

(Source Éditions Robert Laffont)

Grybouille

Camarades lecteurs… Heu, non, nous sommes en mars 1943 pour ce troisième tome des aventures de l’inspecteur Léon Sadorski.
Et en 1943, les « camarades » même lecteurs, c’était direction le Mont Valérien avec en comité d’accueil 12 tireurs allemands.
Alors, plus simplement, bonjour à tous et à toutes.
C’est avec beaucoup de respect que le p’tit Duc a abordé  les 712 pages de ce roman de Maitre Romain SLOCOMBE.
De respect, car il faut prendre en compte le travail que représente ce type de production pour un écrivain… Il est impossible, pour rester crédible de passer à coté d’un travail fond. Et là, nous sommes gâtés… Vous le comprendrez en lisant les notes de l’auteur…à la fin du livre.

Revenons à notre chronique, ce roman est le reflet d’une époque. Du Vél’d’Hiv à Drancy avec en toile de fond les bombardements des alliés plus ou moins précis sur Paris…

L’inspecteur principal adjoint Léon Sadorski chef du « rayon » juif de la Préfecture de Paris n’en a cure, lui qui profite de toutes les opportunités pour mieux vivre cette période troublée, et donner à Yvette, sa femme, des douceurs que ses revenus de policier ne pourraient lui donner…
Et il n’est pas le seul, le marché noir bat son plein.

Mais voilà, les temps changent et en ce début de printemps 1943 les déboires de l’armée allemande font que des questions se posent enfin pour certains car pour d’autres enferrés dans leur logique, il est encore de bon ton de dénoncer, de déporter et de tabasser…
Une mécanique bien huilée : On convoque, on terrorise, on interne, on déporte.
« Tant pis pour vous… »

Pendant ce temps là, à la Préfecture de Paris, Léon est convoqué par son supérieur, l’inspecteur Martz, une nouvelle enquête lui est confiée. Une juive part de l’ex zone-libre pour remonter à Paris, un trafic d’or ? Léon est mis sur le coup…

D’un monde à l’autre, d’un plateau de tournage de film à un hippodrome, de la Préfecture de Paris au cocon familiale, de Drancy aux appartements feutrés des beaux quartiers, des trains vers la déportation à l’espoir fou que tout peut encore s’arranger… Pas de répit pour le lecteur.

Romain SLOCOMBE est parfait dans son style. Il faut dire que les deux premiers « tomes » liés à l’inspecteur Sadorski sont passés par là… Et étonnamment, il est possible de voyager au milieu des trois récits donc aucune crainte vous pouvez commercer par celui-ci et ensuite remonter le fil…
La construction du roman est elle-même une belle réussite. L’alternance du récit lui-même avec le journal de l’adolescent de Julie et des faits réels de l’époque sur lesquels se déroule l’action. Un mot ? Super…

Les personnages, certains…

Léon Sadorski, vétéran de la grande guerre, deux fois blessé au combat, médaille militaire et croix de guerre 14-18 et empêtré dans ses contradictions… « …ça te dirait, de te payer un vrai boche ? »
Yvette Sadorski, une belle femme amoureuse de son mari qui lui rend bien, antisémite et pourtant elle accueille Julie avec l’affection d’une mère ou d’une grande sœur.
Julie Odwack, jeune adolescente juive sauvée de la grande rafle du Vél’d’Hiv par Léon et Yvette, qui la cachent dans leur appartement à moins d’un kilomètre de la Préfecture… « …qui songe à ses parents, partis vers cet ailleurs inconnu d’où personne ne reçoit jamais de carte postale. »
Mirla Wasserman, un « crane » à ramasser, « Je… ne suis pas juive, Monsieur. »
M. et Mme Poisonniers, des commerçants bien dans leur temps…
Robert Bauger, le meilleur ami de Léon, au vu des événements « …adopter une personne au cas où… »
Mme Leaumier, grande bourgeoisie, son mari…« Robert me trompe avec une Youpine. »
Herr Pisk, police du IIIème Reich, l’épuration « La guerre raciale totale »…
Le Docteur Tisné, « Pratiquer du juif »
Bernard Perret, un des lycéens qui apportent les cours à Julie qui reste cloitrée chez les Sadorski.


Pour ceux qui auraient oublié… C’est un devoir de mémoire, car « le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde»,  la petite Julie (notre Anne Frank) le dit si bien : « Mais qu’est-ce que sait que ce monde où nous vivons ? … Pourquoi tant d’horreurs ? »
Et je finirai par ce message de cet homme juif qui va monter dans le train en déportation : «  Je ne sais pas si Dieu existe, mais si je le rencontre il va avoir beaucoup de mal à se faire pardonner ! »
Le « petit » plus,
Au sujet de notre auteur français, je vous invite à découvrir le monde de cet écrivain hors normes qui passe de ses expériences « nippones », à la réécriture des « Petites filles modèles », en passant par des romans "non historiques" et bien sur produire ce type de roman qui fait appel à des travaux en amont d’historien.

Bises à tous et toutes,
Bonne lecture, et à bientôt…




3 commentaires:

  1. Les deux premiers étaient très bons, je lirai le troisième ! :-)

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  2. Un auteur dont j'apprécie les romans, sauf cette série. A cause du personnage.

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  3. Ah, Léon est un personnage détestable, mais j'avais bien aimé le premier opus de ses sales aventures. On a vraiment envie de le clouer au mur, le Léon...

    Je ne pensais pas qu'il serait possible d'aimer un livre où l'on déteste le personnage principal.

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