mardi 2 avril 2019

Oyana - Éric Plamondon

Chronique de SCARLETT
Résumé : Elle a fait de son existence une digue pour retenir le passé. Jusqu’à la rupture. Elle est née au pays Basque et a vieilli à Montréal. Un soir de mai 2018, le hasard la ramène brutalement en arrière. Sans savoir encore jusqu’où les mots la mèneront, elle écrit à l’homme de sa vie pour tenter de s’expliquer et qu’il puisse comprendre. Il y a des choix qui changent des vies. Certains, plus définitivement que d’autres. Elle n’a que deux certitudes : elle s’appelle Oyana et l’ETA n’existe plus.











Chronique :


 

Je m’étais arrachée de l’intérieur tout ce qui pouvait me lier au Pays basque…Une fois que l’on s’est arraché à la géographie d’un lieu, on doit s’accrocher à son pays intérieur. C’est  en soi que se joue la vraie guerre d’indépendance.


Oyana est le premier livre que je lis d’Eric Plamondon ; et je n’ai pas été déçue mais alors pas du tout…C’est certain, juste après cette chronique je remonterai une rivière sur les traces d’un « Taqawan »   

Mais pour l’heure parlons de ma dernière lecture. Oyana, ou Nahia au choix, Oyana à Ciboure et Nahia à Montréal est cette jeune femme qui à vingt ans après la mort d’un de ses amis lors d’une bavure policière bascule dans la mouvance ETA plus par vengeance que par réelle conviction. Et puis le drame, et Oyana doit fuir son pays, elle devient quelqu’un d’autre et les années ayant passé, l’organisation ETA étant dissoute, elle entreprend un bilan doux-amer et  nostalgique des années qui ont filé.

Choisissant le mode épistolaire, Oyana se confie enfin à Xavier son compagnon depuis une vingtaine d’années. Elle lui raconte ses mensonges, ceux qu’elle a subi et ceux qu’elle a choisi, ses compromis, son histoire surtout ; celle d’un exil imposé.
Alternent avec les mots d’Oyana à son mari, l’histoire et l’Histoire qui ont porté et façonné la jeune femme qu’elle était et la femme qu’elle est devenue. On découvre sous la plume de l’auteur le pays Basque, l’organisation indépendantiste ETA , les attentats, la violence et la souffrance des uns et des autres. 

J’ai appris avec intérêt l’origine du mouvement, pourquoi cette lutte pour une reconnaissance, le lien avec Franco, la découverte de Terre Neuve et les terribles pratiques de chasse à la baleine.
J’ai voyagé d’Anglet à Montréal en passant par le Mexique.
Ce livre raconte les racines, le sentiment d’appartenance à une terre, une région .C’est aussi un livre d’éveil politique sur l’identité, celle qu’on veut garder, celle  qu’on perd noyé dans une mondialisation magma.

J’ai vraiment aimé comment l’auteur nous présente cette terrible, incontournable et magnifique fragilité de la condition humaine à travers Oyana « Je ne connais personne qui, dans sa vie, n’ait pas été poussé dans une direction par la force des choses contre son gré » .
C’est un roman qui nous interroge avec intelligence sur la géo politique et nous plonge en même temps avec délicatesse dans le plus intime de nos vies. 


Chaque fois qu’un corps tombe, il tombe inutilement. Il tombe de s’être trouvé  dans un camp. Et les corps tombent parce que ceux qui les font tomber ont déjà perdu…Kalachs tanks avions de chasse pour prier à genoux vers Rome, la tête au sol vers la Mecque, les mains en l’air vers ailleurs. Tas de chairs pour la prochaine catastrophe. Nous sommes des milliards et plus personne hors d’atteinte. Nulle part où aller sinon en soi. 







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