Chronique de SCARLETT
Résumé : Elle a fait de son existence une digue pour retenir le passé. Jusqu’à la
rupture. Elle est née au pays Basque et a vieilli à Montréal. Un soir
de mai 2018, le hasard la ramène brutalement en arrière. Sans savoir
encore jusqu’où les mots la mèneront, elle écrit à l’homme de sa vie
pour tenter de s’expliquer et qu’il puisse comprendre. Il y a des choix
qui changent des vies. Certains, plus définitivement que d’autres. Elle
n’a que deux certitudes : elle s’appelle Oyana et l’ETA n’existe plus.
Chronique :
Je m’étais
arrachée de l’intérieur tout ce qui pouvait me lier au Pays basque…Une fois que
l’on s’est arraché à la géographie d’un lieu, on doit s’accrocher à son pays
intérieur. C’est en soi que se joue la
vraie guerre d’indépendance.
Oyana est le premier livre que je lis d’Eric
Plamondon ; et je n’ai pas été déçue mais alors pas du tout…C’est certain,
juste après cette chronique je remonterai une rivière sur les traces d’un
« Taqawan »
Mais pour l’heure parlons de ma dernière lecture. Oyana, ou Nahia au choix,
Oyana à Ciboure et Nahia à Montréal est cette jeune femme qui à vingt ans après
la mort d’un de ses amis lors d’une bavure policière bascule dans la mouvance
ETA plus par vengeance que par réelle conviction. Et puis le drame, et Oyana
doit fuir son pays, elle devient quelqu’un d’autre et les années ayant passé,
l’organisation ETA étant dissoute, elle entreprend un bilan doux-amer et nostalgique des années qui ont filé.
Choisissant le mode épistolaire, Oyana se confie enfin à Xavier son
compagnon depuis une vingtaine d’années. Elle lui raconte ses mensonges, ceux
qu’elle a subi et ceux qu’elle a choisi, ses compromis, son histoire
surtout ; celle d’un exil imposé.
Alternent avec les mots d’Oyana à son mari, l’histoire et l’Histoire qui ont
porté et façonné la jeune femme qu’elle était et la femme qu’elle est devenue.
On découvre sous la plume de l’auteur le pays Basque, l’organisation
indépendantiste ETA , les attentats, la violence et la souffrance des uns
et des autres.
J’ai appris avec intérêt l’origine du mouvement, pourquoi cette lutte pour
une reconnaissance, le lien avec Franco, la découverte de Terre Neuve et les
terribles pratiques de chasse à la baleine.
J’ai voyagé d’Anglet à Montréal en passant par le Mexique.
Ce livre raconte les racines, le sentiment d’appartenance à une terre, une
région .C’est aussi un livre d’éveil politique sur l’identité, celle qu’on veut
garder, celle qu’on perd noyé dans une
mondialisation magma.
J’ai vraiment aimé comment l’auteur nous présente cette terrible,
incontournable et magnifique fragilité de la condition humaine à travers Oyana
« Je ne connais personne qui, dans sa vie, n’ait pas été poussé dans une
direction par la force des choses contre son gré » .
C’est un roman qui nous interroge avec intelligence sur la géo politique et
nous plonge en même temps avec délicatesse dans le plus intime de nos
vies.
Chaque fois qu’un
corps tombe, il tombe inutilement. Il tombe de s’être trouvé dans un camp. Et les corps tombent parce que ceux
qui les font tomber ont déjà perdu…Kalachs tanks avions de chasse pour prier à
genoux vers Rome, la tête au sol vers la Mecque, les mains en l’air vers
ailleurs. Tas de chairs pour la prochaine catastrophe. Nous sommes des
milliards et plus personne hors d’atteinte. Nulle part où aller sinon en soi.
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