Traduction : Lee Hyonhee et Isabelle Ribadeau Dumas
Résumé : Deux voisins se croisent dans la cage d'escalier. Leurs épaules se frôlent. L'un en prend ombrage et interpelle l'autre. Qui devient fou de colère et le tue. Un avocat-stagiaire est chargé de chercher des éléments pour nourrir sa défense. C'est l'été. Une femme est retrouvée morte dans la montagne. Elle porte une tenue d'hiver de randonnée. Un inspecteur est chargé de l'enquête. Il découvre que cette femme appartenait à un groupe de parole animé par un homme qui lutte contre les antidépresseurs et crie au complot pharmaceutique. Peu à peu, les deux enquêtes convergent et les soupçons autour du groupe de parole se font plus précis...
Chronique : Avec "Bonne nuit maman" et "Carnets d'enquête d'un beau gosse nécromant", Le Jour du chien noir est dans mon top 3 des parutions Matin Calme et donc dans mon top 3 des polars 2020 !
Ce roman met en avant une enquête particulièrement bien ficelée et intéressante. J'aime beaucoup ce choix narratif de faire débuter deux enquêtes distinctes et de les relier progressivement à l'image de certains polars de Jean-Christophe Grangé par exemple. D'un côté des policiers enquêtent sur la découverte d'un cadavre, de l'autre un juriste essaye de trouver des éléments pour défendre un client qui a tué sauvagement son voisin. Deux enquêtes aussi passionnantes l'une que l'autre qui vont progressivement se rejoindre.
Au-delà de l'aspect policier qui est vraiment très addictif, le gros point fort de ce livre repose sur la dimension sociale du livre. En effet, Song Si-woo met en lumière un phénomène propre à notre époque: la dépression. Cette maladie est omniprésente et pourtant elle reste un sujet tabou, un motif de culpabilité et de honte parce que la maladie n'est pas visible, n'est pas physique.
Nos sociétés privilégiant la compétition, l'utilité, la productivité et la réussite professionnelle n'ont pas le temps ni l'envie de soigner et aider les personnes qui souffrent de cette maladie. Cela est d'autant plus évident au sein de la société coréenne. On sent le travail de documentation de l'auteure qui explique comment fonctionne cette société où la dépression est bien présente. L'auteure nous questionne sur notre perception de cette maladie et met en lumière les failles de notre temps.
Ce roman est ainsi particulièrement pertinent à notre époque, passionnant et aussi émouvant. Le chien noir est toujours là, en attente pour certains personnages, il empêche d'avancer, de vivre et même parfois de survivre, il guette... Dans ce livre vous croiserez la route de nombreux personnages tous différents : des manipulateurs, des sceptiques, des personnes brisées, des personnes perdues, des personnes qui vont voir leurs certitudes ébranlées. Aucun personnage ni aucun lecteur ne sortira indemne de cette intrigue.
En définitive, Le jour du chien noir est un polar brillant et addictif, nécessaire et percutant.
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