Chronique de Scarlett
Résumé : C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.
Chronique :
" Dorée, puissante, sucrée et pourtant pleine de fraicheur. Déjà pénétrée de l’automne, traversée de zestes de vert et de bleu. Cette lumière, c’est nous. Elle est belle, mais elle ne s’attarde pas, elle annonce déjà la suite. Elle contient en elle le moins bien, les jours qui vont rapidement se refroidir."
« Ce qu’il faut de nuit » de Laurent Petitmangin est un petit bijou de lecture.
L’auteur nous emmène dans une petite ville de Lorraine dans une famille d’origine ouvrière où le père essaye d’organiser au mieux la vie familiale après la mort de la mère décédée après 3 années de longue maladie.
Ce père, c’est lui qui s’exprime sous la plume de Laurent Petitmangin, cet homme travaillant sur les lignes SNCF et engagé dans la section socialiste du quartier doit de manière brutale se substituer à la mère en essayant tant bien que mal de garder un semblant d’équilibre dans la cellule familiale. C’est un homme simple, avec des convictions et des valeurs qui aime ses enfants. Il est entouré de ses deux fils, l’ainé Fus profondément marqué par les trois années de maladie de la mère qui l’ont vu se renfermer, abandonner ses études pour très vite travailler et se retrouver à côtoyer des jeunes activistes d’extrême droite. Fus est un garçon vraiment touchant qui aime son petit frère, le protège et qui ne reproche à aucun moment les réactions vives et l’attitude hostile de son père devant ses choix de vie et de relation. Enfin le dernier personnage qui forme ce trio familial, c’est Gillou jeune homme plus solaire que son ainé auquel il voue un attachement et une admiration sans faille. Grâce à l’aide de son père, aux encouragements de Fus et aux précieux conseils de Jérémy un ancien pote de Fus il se prépare à des études universitaires de haut vol.
Ce roman parle d’un amour filial et familial qui dépasse tous les concepts idéologiques qu’ils soient politiques délétères ou consensuels, il parle de l’amour qui va au-delà des jugements, qui reste présent et fort malgré les drames.
Ce roman porte aussi en lui des messages sociaux très puissants, l’impact de l’environnement social ouvrier dans le cas présent, l’impact de la perte de repères d’une famille qui peut bouleverser un jeune adolescent et l’amener à bouger les curseurs de ses convictions, de ses relations.
L’auteur décrit aussi très finement le regard, l’attente aussi qu’un parent peut faire peser sur les épaules de son enfant ainsi que les difficultés à comprendre les différences de celui-ci, à ne pas les juger.
Dans son roman Laurent Petitmangin nous parle de la Lorraine avec une telle douceur en y apportant une lumière qui n’est pas évidente pour le lecteur qu’on ne peut douter de son affection pour cette région.
Enfin il arrive dans les romans comme dans la vie que tout bascule, qu’il y ait une sortie de route qui remet tout en cause, qui bouscule, détruit l’équilibre même fragile que ces hommes avaient pu créer entre eux . L’auteur nous décrit de manière très subtile l’extrême fragilité de la vie, le fait que tout peut dérailler et que ce qui semblait normal, anodin, facile ou compliqué est une vie malgré tout précieuse parce qu’elle est, tout simplement. Le romancier nous plonge dans l’intimité de ces trois hommes, nous permet de voir les nuances de leur fragilité, de leur force, de leur amour, de leur douleur aussi.
C’est un livre d’une finesse absolue dans les sentiments, émouvant et je remercie Monsieur Petitmangin de m’avoir permis d’aller au cœur de ce récit , au cœur de ces hommes, de nous avoir livré un roman bouleversant de sincérité, de simplicité et d’émotions.
"J’avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez- vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards."
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