La face nord du coeur - Dolores Redondo

Chronique de SCARLETT 

Traduction : Anne Plantegenet 

Résumé : Amaia Salazar, détachée de la Police forale de Navarre, suit une formation de profileuse au siège du FBI dans le cadre d’un échange avec Europol. L’intuition singulière et la perspicacité dont elle fait preuve conduisent l’agent Dupree à l’intégrer à son équipe, lancée sur les traces d’un tueur en série recherché pour plusieurs meurtres de familles entières. Alors que l’ouragan Katrina dévaste le sud des États-Unis, l’étau se resserre autour de celui qu’ils ont surnommé le Compositeur. La Nouvelle-Orléans, dévastée et engloutie par les eaux, est un cadre idéal pour ce tueur insaisissable qui frappe toujours à la faveur de grandes catastrophes naturelles. L’association du réalisme cru de scènes apocalyptiques en Louisiane, de rituels vaudous des bayous et de souvenirs terrifiants de l’enfance basque d’Amaia constitue un mélange ensorcelant et d’une rare puissance romanesque.

 

 

Chronique : 

 

"Au lever du jour, le ciel couvert semblait encore sous l’influence de la tempête, comme si tout pouvait à nouveau recommencer. Mais à présent le soleil rendait le décor plus vrai et ils eurent alors la certitude que l’ouragan était passé. C’était fini. Toute cette horreur resterait là, brillante sous le soleil de l’évidence, fixée dans le réel."

Avant même de parler de l’histoire sachez que je me suis régalée avec ce super polar de La Série Noire Gallimard. La face nord  du cœur de Dolorès Redondo est une préquelle d’une trilogie que je n’ai pas encore lue, et donc je suis rentrée dans ce roman sans connaître ni l’auteure, ni le personnage d’Amaia Salazar ce qui  ne gène absolument pas la compréhension du récit, mais je peux vous assurer que je vais lire ses autres ouvrages.

Le roman débute alors qu’Amaia participe à Quantico à une formation donnée à un groupe de policiers européens. Durant sa formation, elle est repérée par Duprée , spécialiste des sciences comportementales au FBI pour son analyse intelligente d’une enquête en cours qui l’amènera avec Duprée et  son équipe à la poursuite d’un tueur en séries dans la région de la Nouvelle Orléans à l’approche de l’ouragan Katrina.

Amaia est une enquêtrice de haute voltige, elle a une analyse fine des évènements mais surtout un instinct de profileuse incroyable. Ses certitudes et son attitude distante peuvent apparaître comme de l’insolence. Elle cache ses souvenirs de là-bas à Baztàn de l’autre coté de l’Atlantique et ses cauchemars à ses collègues mais ne peut tromper Duprée qui cache lui aussi des drames et des tourments  enfouis en Louisiane.

L’enquête nous permettra de croiser le chemin de Bull et Bill des policiers profondément attachés à leur ville la Nouvelle Orléans mais on rencontrera  aussi au pays basque espagnol Engrasi la tante d’Amaia, son père, Rosario sa mère tous porteurs de fascinants et terribles secrets à l’origine des angoisses de la jeune femme.

Dans ce roman haletant, on croise un compositeur qui joue avec la vie de familles dans la tourmente, des tempêtes et des tornades, une équipe du FBI hétéroclite , des enfances détruites, des parents obsédés et obsédants, des femmes et des hommes en quête de rédemption ,un ouragan jouant crescendo avec les nerfs et une ville légère, odorante et musicale transformée en enfer sur terre.

Ce livre est vraiment un super bon polar parce que la construction est parfaitement huilée, les espaces spatio-temporels se télescopent avec brio et fluidité dans des histoires qui s’entrecroisent et se mêlent, les personnages sont complexes et attachants et le contexte de Katrina ainsi que l’environnement du Bayou haut en couleurs, en odeurs en croyances et en vibrations rajoutent ce coté envoutant  et troublant à notre lecture.

Que dire de plus sinon que j’ai adoré lire ce roman, ce fut un vrai délice de lecture menée tambour battant, un dépaysement, un voyage au centre d’un terrible ouragan avec des personnages fascinants pris dans la tourmente de leur enquête et de leur passé.

"Les désirs, les peurs et les ambitions des hommes sont les mêmes dans le monde entier. L’histoire de l’humanité est l’histoire de ses peurs. Mais les mythes pour les définir, les nommer et tenter de les contrôler sont différents. Je crois à l’intuition. Je crois à la façon naturelle avec laquelle notre esprit primitif établit des liens instinctifs, peut-être pas tellement logiques, mais tellement pratiques pour la survie."