Résumé : Piégée sur une île déserte depuis trois ans avec pour seule compagnie une petite androïde, Cee ne se rappelle plus rien de sa vie d'avant. Rien... si ce n'est qu'elle a une sœur qui l'attend là-bas, quelque part de l'autre côté de l'océan. Elle le sent dans la moelle de ses os : il lui faut à tout prix échapper à cette île pour aller la retrouver. Mais comment ? Un monde plus loin, Kasey Mizuhara vit dans une cité dans les nuages, conçue pour protéger l'humanité des désastres naturels qui se succèdent sur terre. Fille des deux fondateurs de la ville flottante, elle pleure la disparition de sa sœur Celia, adorée de tous, fascinée par le monde extérieur, qui a pris trois mois plus tôt un bateau et mis le cap vers le large, sans plus jamais donner signe de vie. Mais soudain, un matin, la présence de Celia est repérée quelque part en ville. Kasey s'enfonce dans les entrailles du monstre, bien décidée à percer les secrets de son aînée – il faut dire qu'elle n'en manquait pas – pour pouvoir enfin la serrer de nouveau dans ses bras.
Chronique : Avec Ceux qu'il nous faut retrouver, les éditions Lumen nous offrent un titre très original au sein de la production éditoriale Young Adult actuelle.
En effet la force de ce titre repose sur son caractère unique tant au niveau de la forme que du fond. Certes on pourrait trouver des romans similaires mais si on y regarde de plus près on peut voir à quel point Joan He a su apporter sa propre pierre à l'édifice et nous proposer ainsi une histoire profonde et émouvante.
Original dans la forme tout d'abord à travers une construction narrative fascinante qui rend les révélations du livre encore plus frappantes. D'un côté il y a Cee, piégée sur une île déserte et qui veut absolument retrouver sa sœur, de l'autre il y a Kasey la petite sœur qui vit dans une cité dans les nuages, une ville construite par nécessité afin de sauver l'humanité face à la multiplication des désastres environnementaux. L'une est guidée par ses émotions, l'autre par sa raison, l'une rêve de liberté et l'autre de vérité. Toutes les deux très différentes, rarement d'accord et pourtant elles ont un point commun : leur amour réciproque.
Entre une narration à la première personne pour Cee et à la troisième pour Kasey, l'auteure reflète d'autant plus leurs différents traits de caractère. Kasey est une jeune femme indéchiffrable, guidée par les nombres et la science alors que Cee est portée par un esprit indépendant et ses sentiments. Je ne peux trop en dire sans révéler des éléments essentiels de l'histoire mais cette narration est particulièrement intelligente.
Soulignons que l'originalité de la forme vient aussi de cette lenteur du récit, une lenteur qui n'est pas synonyme d'ennui mais qui se révèle surprenante dans un titre Young Adult où les auteurs cherchent avant tout l'efficacité pour rendre leur récit addictif. Ici l'intrigue se révèle et se réveille doucement, l'auteure prend le temps d'installer son univers de même que ses personnages et pour autant je n'ai à aucun moment eu envie de stopper ma lecture.
Au niveau de l'histoire, Ceux qu'il nous faut retrouver est aussi extraordinaire à sa manière. En premier lieu, Joan He construit un monde post-apocalyptique fascinant. Au lieu de se focaliser sur ceux qui sont laissés sur Terre, sur l'action que cela aurait pu engendrer quant à la survie, Joan He se concentre sur les cités du ciel et plus particulièrement sur les questionnements autour de l'après, de la solution pour sauver l'humanité. Au lieu de choisir le côté palpitant de l'anticipation, l'écrivaine choisit celui de la réflexion et de la philosophie existentielle un peu à l'image de Black Mirror ou Blade Runner.
De surcroit même si une romance est bien présente dans ce livre, ce dernier est avant tout l'histoire de deux sœurs, un amour sororal magnifique qui transcende l'espace et le temps et se conclut de manière sublime laissant le lecteur empli d'une flopée d'émotions.
En définitive, Ceux qu'il nous faut retrouver peut être perçu comme un titre lent et introspectif, il est vrai qu'il ne s'agit pas d'un page-turner mais peu importe car c'est avant tout un livre d'une profonde humanité qui a su me surprendre et me toucher.
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